Retour de la manif des motard(e)s à Bordeaux

Retour de la manif des motard(e)s à Bordeaux

Plus de mille frêles équipages, funambules du bitume, ont défilé samedi 21 mars dans les rues de Bordeaux pour fêter l’annulation de la procédure VE, dans une ambiance dégagée des contingences criantes, mais conscients des autres combats actuels à mener de concert.

Allée de Tourny, ça commence bien, j’ai déjà le tournis. Bondées de monde, un type en gilet fluo aux cigles de la FFMC 33 accueille les manifestant(e)s et leur indique comment se ranger en épis sur plusieurs rangées. Le mélange détonnant des genres s’opère bonnard. Ici, les ziguettes et les zigues ont la parabole facile de la parole libre et font fi des différences de comportements de leur fidèle destrier. C’est étonnant, plus de mille ont répondu à l’appel de se bouger les carbus pour que toutes leurs voix soient entendues. Des passant(e)s honnêtes, sans pour autant en emporte le vent se bécoter sur les bancs publics, interpellent la foule en liesse sur les motifs de ce rassemblement. Des échanges agréables et respectueux s’engagent. Tous les thèmes chers aux motard(e)s sont passés au crible de leur mode d’existence. Une véritable formation à la route de tous les usagers dans le respect mutuel en tenant compte des spécificités de chacun ect riz ect rat et tout le tralala…. sans devenir la vache à lait des gouvernements successifs à toujours casquer au prix fort son équipement absolument nécessaire, puisque seule carrosserie.
Un mégaphone enroué explique le topo et les consignes de sécurité et tout ce petit monde s’ébroue coulos et joyeux.

Ouf, ouf la touffe. le Bartos n’en revient pas. De sa calotte casquée, je vois de la fumée qui s’échappe, comme un signal pour me signifier que les bouchons de motos, il leur préfère les boutanches de Médoc. Le sauvage, quant il revient à la civilisation, est toujours à chier de la gomme. J’en perds pas une image du paysage. Je visite Bordeaux que je connais à peine. Les portes ici bas dans le sud-ouest n’ont pas de serrure mais ressemblent à de grandes artères à ciel ouvert. Je ne ressens pas cette agressivité manifeste de la région parisienne, du fait du trop plein de véhicules qui circulent et qui se stressent la vue. D’ailleurs, le public sur les trottoirs fait signe et salue les manifestant(e)s qui leur rendent le petit coucou. Tout baigne dans le zen, à part quelques allumés qui font péter leur pot de réchappement. Si j’avais su, je serai venue avec des pétards que j’aurai glissés dans le fondement de leur pétarade, histoire aussi de brûler mon grain de zèle sur ces boucans de fond néfastes au métabolisme de mes esgourdes sensibles. Je tape le dos du Bartos et lui dit : — Avance, double-moi ces mélomanes du hard rock branque.
Pause, rue du Général de Larmant en bordure d’un cimetière. C’est bizarre comment les milos ont le goût de la crevure selon les fritures et les étoiles à leur képi ramollo. Y’a un type qui a lu dans mes pensées et qui tente de réveiller les morts qui sommeillent pénardos. Faudra que je lui présente ma tendre aminche Bluty, une sacrée nana vampire de son état et vroum vroum motarde. Mais c’est une autre histoire de fiction dans un bouquin du Bartos.

En route. J’en profite pour admirer quelques phénomènes tout à fait intéressants de la gent féminine, puisque hélas, mille fois hélas par trop minoritaire ! Une, entre autre, pilote une moto sportive et jette des éclairs à travers la visière de son casque. Elle n’a rien à envier aux couilles des mecs et éprouve certainement autant si ce n’est plus de plaisir à mouiller son bolide. Elle est menue, ce qui prouve encore une fois que la force débile n’a rien à voir avec la conduite d’une moto. Et vlan dans les gencives des machos à gogo. Allez les filles, emparez-vous des meules de vos amoureux ou amoureuses et soyez fières et heureuses comme des amazones à semer votre zone chez les préjugés à la noix. Une autre encore opère le charme discret de la bourgeoisie bordelaise. Assise bien droite, classieuse à l’aise, ses derbies jaune canard titillent les rayons du soleil. La comique croupière porte fourrure autour du col du cuir et talons aiguilles. Y’a pas d’anguille sous roche, faudra que j’en cause à Brigitte Barbot. Pour l’occasion, elle a sorti l’engin et toute la panoplie. Fin prête, elle désire qu’on l’admire sous son travestissement des apparences trompeuses. Trop drôle, je n’en perds pas une miette. Il y a aussi ces enfants derrière papa ou maman et les conjoint(e)s fermant le banc sur une autre bécane. Quels souvenir impérissables auront ces bambins de ce jour printanier !!!
C’est pas tout. Doucement on avance malgré tout et on se retrouve à la piste de Bordeaux lac. Fin de manif et adios les amigos.

Un grand bravo à toute l’équipe de la FFMC 33 pour l’organisation et la gestion de cette fameuse manifestation. Les motard(e)s en colère existent toujours et revendiquent plus que jamais le droit à l’existence reconnue sur la route en toute sécurité. Appel de phare à toutes et à tous.

* Un grand merci à Anne pour l’illustration de tête de l’article.