"Casse-toi pôv’con — Et c’est Nicolas Sarkozy qui le dit" !

"Casse-toi pôv'con — Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit" !

Le mot le plus célèbre de notre Nostre Roy, le mot qui, incontestablement, restera pour la postérité la formule-phare de ce quinquennat, était à l’honneur ce 19 mars dans les cortèges de la capitale. En cette belle journée printanière, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon a pris l’initiative de faire imprimer des milliers d’autocollants et d’affiches "Casse-toi pôv’con — Et c’est Nicolas Sarkozy qui le dit !", en soutien à Hervé Eon, de l’association Pour la République Sociale, poursuivi pour avoir utilisé ladite formule sur un écriteau à Laval le 28 août 2008.

Tout au long du parcours des affiches reprenant l’auguste formule (avec la mention de l’auteur, afin se prémunir vraisemblablement contre les poursuites pour plagiat) recouvraient abribus et panneaux publicitaires, des facétieux ayant été jusqu’à en apposer sur les affiches relatives à l’exposition "Le Petit Nicolas" organisée par la Ville de Paris en mars-avril.

Quant aux autocollants, ils se sont littéralement arrachés… Impossible de faire plus de trois mètres sans rencontrer une personne arborant au moins un autocollant reprenant la divine parole. De quel bord que ce soit. Syndiqués, non-syndiqués, de gauche ou non. Outre le refus de payer les pots cassés d’une crise dont ils ne sont pas responsables, outre le refus de devoir se serrer la ceinture alors qu’une poignée de chats gras continue à s’engraisser, tous ces manifestants exprimaient ainsi leur rejet et leur exécration du bateleur d’estrade de l’Élysée, si prompt à voler au secours de ses amis puissants. Mais incapable de servir autre chose au reste du pays que le brouet de ses boniments que même le plus naïf des vendeurs de lotion à faire repousser les cheveux n’oserait reprendre.

Pendant que Barack Obama n’hésite pas, s’inspirant de son illustre prédécesseur Franklin Roosevelt, à confisquer les bonus indécents des dirigeants d’AIG, notre mini-Berluskozy à talonnettes refuse catégoriquement de remettre en cause son sacro-saint bouclier fiscal ni de faire le moindre geste significatif pour les salariés qui subissent de plein fouet la crise et qui auraient bien besoin, eux, d’un bouclier social. Non, plutôt que de faire des gestes pour ceux qui ne vivent déjà pas de manière mirobolante de leur travail, on préfère continuer à récompenser ceux qui nous ont menés droit dans le mur.

Car aux niveaux de revenus visés par le fameux bouclier, il est malheureusement fort rare de nos jours que ce soit un talent exceptionnel qui soit récompensé. Bien au contraire, c’est plutôt le court-termisme, la rapacité de prédateurs sans scrupules qui sont ainsi remerciés. Ce qui est récompensé, c’est la médiocrité de la plupart des grands patrons actuels, ne sachant augmenter leurs profits que par les réductions de moyens, les réductions d’effectifs, les transferts vers les pays à bas coûts, ce clysterium donare, ensuita seignare, ensuita purgare du management "moderne". Des sinistres gnomes à manches de lustrine, sans aucun charisme, pour qui les ressources humaines se résument à des valeurs dans un tableau Excel. Aucun pour arriver à la même fin en lançant des projets de grande envergure et de réelles innovations audacieuses. Parmi ces grands patrons, combien de génies dont on continuera à parler bien après leur mort comme un Marcel Dassault ? Combien de visionnaires un peu déjantés sur lesquels on fera un jour un film, comme pour Howard Hugues ?

Mais alors que le général de Gaulle disait : « Ceux qui avaient à choisir entre les biens matériels et l’âme de la France, les biens matériels ont choisi à leur place. Les possédants sont possédés par ce qu’ils possèdent. », notre Lider Minimo reste contre vents et marées fasciné par ces mêmes possédants, qui n’ont qu’à agiter un peu de verroterie pour s’assurer qu’il ne fera pas faux bond pour la défense de leurs intérêts.

Alors que les salariés de l’usine Continental, après les cocufiés de Gandrange et bien d’autres, n’auront que leurs yeux pour pleurer. Alors que même des handicapés en fauteuil roulant ont défilé dans ce cortège du 19 mars. Alors que la plupart des salariés au mieux voient leurs conditions de travail se dégrader, au pire ne savent pas de quoi demain sera fait, la précarité ne cessant de progresser. Subissant une crise créée par d’autres qui continuent à se goberger.

Malheureusement, si notre Guide Suprême continue à être aussi sourd au cri de la rue de ce 19 mars comme il l’a été lors du 29 janvier, la situation sociale ne risque pas de revenir au calme avant longtemps…