Heureusement la Bourse est en Hausse

Heureusement la Bourse est en Hausse

François Fillon ne s’est pas laissé intimider par la mobilisation populaire jeudi. Nous avons pris des mesures pour donner du travail aux entreprises, a-t-il plaidé, étendre le chômage partiel et mieux l’indemniser, créer un fonds d’investissement social déjà doté de 3 milliards d’euros, avec une intervention au cas par cas dans les entreprises, et ça suffira bien puisque le retour de la croissance est prévu pour 2010. D’ailleurs, la tendance est de nouveau à la hausse à la Bourse !

Bien sûr, dans ce type de crise, il y a des restructurations nécessaires sur lesquelles son gouvernement garde un œil vigilant. Les délocalisations font partie de la modernisation de l’économie française, et les dirigeants d’entreprises par trop cyniques sont priés de revoir leurs plans de communication. L’action Total a pris 2,1% jeudi, mais il serait convenable d’éviter de le crier sur les toits. BNP Paribas, Barclays, UBS, UniCredit et Banco Santander gagnent de 1,9% à 17,2%. Mais Credit Suisse, auparavant en hausse, cède 2,4%. C’est bien la preuve que les mesures mises en œuvre depuis l’automne commencent à porter leurs fruits, mais les consommateurs et les salariés français ne voient pas plus loin que leur porte-monnaie, et refusent de voir tous les signes positifs que leur envoient les marchés.

Dans le secteur bancaire, mis à mal par la crise financière du 15 septembre 2008, les établissements sont en train de se restructurer. UBS, la banque européenne la plus touchée par la crise des subprimes, procède au rachat d’obligations propres à hauteur d’un milliard d’euros. La plus-value qui sera prise en compte dans le calcul de ses fonds propres devrait renforcer son ratio Tier 1, qui était de 11,5% à la fin 2008. UBS a précisé que son offre concernait des obligations décotées, dont la valeur nominale atteint près de 7 milliards de francs, soit 4,5 milliards d’euros, et dont l’échéance se situe entre novembre 2015 et septembre 2019. La banque suisse a aussi indiqué qu’il demanderait lors de son assemblée générale annuelle, le 15 avril, l’autorisation d’augmenter son capital.

Ce renforcement des fonds propres se situe dans un mouvement général destiné à panser les plaies des établissements qui se sont vus en panne de trésorerie, ce qui augure mal dès qu’on fait commerce de l’argent. Forcément, des mesures d’économie sont prévues pour consolider la tendance. Dassault Aviation a fait savoir jeudi matin que RBS et Citigroup avaient annulé des commandes d’avions d’affaires Falcon destinées à leur direction. Il n’en reste pas moins que les indemnités de départ de l’ancien dirigeant de RBS, Fred Goodwin, font l’objet d’une vive polémique, alors que la banque a terminé l’exercice 2008 sur une perte record de 24 milliards de livres sterling, soit 25,5 milliards d’euros, et pourrait voir les pouvoirs publics britanniques monter dans son capital à hauteur de 95%.

Dans une telle perspective, la rigueur est de circonstance, et les entreprises en mal d’argent frais vont devoir apprendre à faire sans. Aux États-Unis, le Trésor a annoncé jeudi 19 mars un programme de soutien financier aux équipementiers des groupes automobiles, doté de 5 milliards de dollars, afin d’éviter des faillites qui pourraient porter un coup mortel aux trois grands constructeurs nationaux. Ce plan donne notamment aux fournisseurs l’assurance qu’ils seront payés pour leurs produits livrés aux constructeurs, même si ces derniers devaient faire faillite. Le gouvernement a organisé en décembre un sauvetage temporaire de deux des 3 grands constructeurs américains, General Motors et Chrysler, mais ceux-ci sont toujours au bord du dépôt de bilan.

De grands changements devraient se produire au sein du marché automobile mondial, car il atteint sa taille critique dans le monde occidental. Les meilleurs chiffres de croissance du secteur sont réalisés dans les pays émergeants, tandis qu’en Amérique du Nord et en Europe, les constructeurs se bornent à renouveler un parc automobile à l’heure actuelle saturé. Les conséquences pour les salariés de cette industrie sont simples, mais difficiles à accepter. Le Trésor américain a reconnu que ses aides ne suffiraient pas à éviter toutes les faillites, qui sont une partie naturelle, bien que douloureuse, du cycle économique. L’Allemagne pour sa part, se pose toujours la question de la pertinence de conserver une marque aux abois.

En somme, le chômage est au coin de la rue, bien plus sûrement que la prospérité. Mais le système capitaliste sortira de cette crise renforcé, comme à son accoutumée, sans faire le deuil de ceux qui resteront sur le carreau : on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs.

 

 


Bien des gens sont inquiets d’être à la rue
Ensemble et pour se tenir chaud entre eux,
J’aime à les voir contre un plan désastreux
S’y prendre en chœur tous après la charrue.

Pour l’homme aisé, un pauvre est la verrue
Du corps social dodu comme un chartreux,
Mais se sent mal aux vains regards vitreux
Lancés dans les lieux gais dès qu’il s’y rue.

Pour vivre heureux, négligeons le prochain
Sans craindre un col humide au dru crachin,
Mieux vaut serrer les cordons de la bourse !

Tout va bien mieux quand l’orage est passé,
Le riche attend du gueux qu’il le rembourse
Pour, plus commun ne pas s’être empressé !