Éric Holder le Médocœur (interview)

Éric Holder le Médocœur (interview)

Toujours à l’aise dans le jardin d’ Éric Holder, je toisais la fiction de baobab en bois d’ici-bas et je me voyais déjà en haut de mon portique imaginaire à sillonner les airs et m’envoler vers le continent africain de mes aïeux. Descendue de ma vieille branche, j’enclenchais le matos. Je voulais tout savoir de sa relation passionnelle et fusionnelle avec le Médoc. Je n’ai même pas eu à actionner mon bottin girondin derrière ses oreilles. Il a craché le morceau tout seul. Je crois bien qu’il avait des choses à dire.

Le MAGue : Comment concilies-tu ta double vie des deux côtés de l’Atlantique depuis que tu as été nommé ministre de la justice par Casselabaraque chez Obama ?

Éric Holder : (Rires). À la limite c’est assez amusant, je crois ne rien faire et en fait je travaille beaucoup.

Le MAGue : Quel parcours t’as amené à poser tes valises au pays du Médoc ?

Éric Holder : L’amour que porte à l’Atlantique ma femme et qu’elle me fait partager maintenant.

Le MAGue : Et si justement la femme de ta vie t’avait demandé de lui décrocher la lune à Tombouctou plutôt que d’habiter près de l’océan, est-ce que tu l’aurais suivi comme un fou ?

Éric Holder : Bah ! de toute façon je la suis partout. C’est ma moitié et je n’ai pas envie de perdre ma moitié.

Le MAGue : Lors de l’une de nos discussions, tu me disais qu’il fallait pas moins de deux ans avant de commencer à appréhender la géographie physique et les habitants du Médoc. Tu peux expliciter à nos lectrices et nos lecteurs ?

Éric Holder : Au bout de deux ans on commence à comprendre et à trois on est accepté. Il faut vraiment trois ans. En province et surtout en province agricole, les personnes sont d’un naturel méfiant à tord ou à raison. Et donc il faut vaincre cette méfiance. C’est le temps nécessaire pour y arriver.

Le MAGue : Finalement, as-tu été accepté par les Médocains et comment t’ont-ils considéré au début de ton périple dans leur univers si particulier ?

Éric Holder : Au début j’ai été rejeté même physiquement. À présent, je me flatte d’avoir de nombreux ami(e)s. Il y a une qualité de gentillesse ici qui va de pair avec la rugosité dont on fait preuve pour la défendre de prime abord.

Le MAGue : Les femmes médocaines dont tu nous dresses le portrait éloquent dans De Loin on dirait une Île sont toutes des femmes de caractère à la plastique agréable. Qu’est-ce qui t’as le plus bouleversé chez elles justement ?

Éric Holder : Une sorte d’individualisme farouche, en même temps, une liberté. Comme elles sont attachées par de nombreux points à leur famille à leurs cousins et avec tout ça, elles se déplacent en toute liberté. Elles ont par exemple une liberté de déguisement, une liberté de parole qui est extrêmement séduisante. Il y ’a un peu d’Espagne en elles.

Le MAGue : À propos de ta vision de la pointe du Médoc au Verdon, que tu abordes dans ton ouvrage, tu n’es pas sans ignorer qu’à cet emplacement précisément, un projet de port méthanier se profile à l’horizon malgré le refus de la grande majorité de la population médocaine. Quel est ton point de vue sur cette question cruciale ?

Éric Holder : Je fais partie du collectif Une pointe pour Tous. J’ai été à diverses manifestations. Pour le coup j’ai été en autobus manifester à Bordeaux place de la Bourse. De surcroît les personnes qui sont à l’initiative du collectif, surtout Roucayrol Jean-Clément, le père et son fils le navigateur de course me sont très chers. Ils ont bien entendu raison. C’est une région qui vit parce que justement elle est naturelle. Elle tire ses ressources de ses beautés naturelles. Il ne s’agit pas de les endommager. Surtout que c’est extrêmement dangereux cette histoire !

Le MAGue : La culture, à part les vignes et ce qu’il demeure des pins, le Médoc est une région sinistrée. Quels seraient selon toi les apports à offrir à sa population pour créer un pôle d’excellence culturel ?

Éric Holder : Ca ne peut aller de pair qu’avec le tourisme. Si la population médoquine voulait bien accepter qu’il y ait un vrai brassage de culture, mais ce n’est pas le cas et ce ne sera sans doute pas le cas avant très très longtemps. C’est une poche de résistance le Médoc. C’est ça aussi qui m’attire dans le pays, c’est que ce sont des résistants évidemment.

Le MAGue : Après le point G comme Gironde, quel est ton point sensible M comme Médoc ou si tu préfères, quel est le Médoc secret où tu aimes promener tes ami(e)s ?

Éric Holder : Ah ! c’est celui des marais évidemment, des plages, tout ce qui concerne la nature et il y a de très très beaux points de vue. Je finis par partager les points de vue de la province qui font que de petits spectacles finissent par apparaître comme des grands spectacles pourvu qu’ils soient à proximité.

Le MAGue : Quelle est la question qu’on ne te pose jamais et pour laquelle tu aimerais fortement faire entendre ta voix ? Ne te gêne surtout pas et profite-en pour y répondre !

Éric Holder : Bah ! je ne la sais pas. Je n’ai pas de message. Je passe dans l’écriture donc je n’ai pas de message.

À suivre, l’interview d’Éric Holder le littérateur !

Dernier livre paru : De Loin on dirait une Île aux éditions Le Dilettante (2008)