Sauvons la culture au Havre

Sauvons la culture au Havre

Après une manif de décibels réussie, la mobilisation se poursuit au Havre pour sauver Le Cabaret électric, la Maison de la culture du Havre et le cinéma L’Eden.

Il faisait très très beau le 14 février dans les jardins de l’Hôtel de ville du Havre. Le soleil était au-dessus de nos têtes, mais aussi sur tous les visages, contents d’être là, en noir et en rouge, nombreux-ses, différent-e-s, joyeux-ses et… bruyant-e-s.

L’appel du Cabaret électric a été entendu par plus de quatre cents personnes (photo). Au coude à coude, des percutants percussionnistes des compagnies Lebidondéol et Enkadense, des jeunes joueurs de djembé, des rockers tapant sur des bassines ou soufflant dans toutes sortes de trucs et machins, des intermittents du spectacle avec des jouets électrifiés, les punks des Rats sans blé avec une belle batterie à roulettes et un paquet de gens, jeunes et moins jeunes, qui n’ont aucune envie de voir partir en miettes le Cabaret électric, le Volcan-Scène nationale et son cinéma L’Eden.

Pour résister au projet de restructuration de l’espace Oscar Niemeyer qui abrite les trois entités, un collectif s’est constitué avec des citoyens, des associations, des syndicats et des partis (AC !, les Amis du cinéma, l’association MCH, ATTAC, le Café Repaire de Là-bas si j’y suis, la FCPE, Femmes Solidaires, le Festival du Grain A Démoudre, les JCF, le NPA, le PCF, les retraités CGT Renault, l’UNL...). Les structures concernées ont des statuts et des fonctionnements différents, mais, outre le fait d’être réunies géographiquement, elles ont en commun un sérieux problème de communication avec la municipalité UMP dirigée par Antoine Rufenacht qui, sans concertation, fait avancer ses idées avec un bulldozer.

L’association Maison de la culture du Havre (MCH) qui gère Le Volcan-Scène nationale a tenté d’enrayer l’entreprise de démolition en déposant une plainte. À priori, son référé « liberté » reposait sur une évidence. Une délibération du conseil municipal du 26 janvier mettait brutalement en orbite un Etablissement public de coopération culturelle (EPCC) en lieu et place de l’association MCH. Le hic, c’est que cette dernière, régit par la loi de 1901, n’a jamais prononcé sa dissolution. La liberté d’association est par ailleurs défendue par l’article 11 de la Convention européenne des droits de l’Homme et de sauvegarde des libertés publiques. Sur ces bases, l’association MCH accusait la mairie, membre de droit du conseil d’administration, d’abus d’autorité et de prise illégale d’intérêts. L’association MCH considérait en outre que la municipalité UMP portait atteinte aux libertés fondamentales. Le 13 février, le tribunal administratif de Rouen n’a pas suivi Roland Lienhardt, avocat de l’association MCH, dans sa demande. Ce n’est que partie remise…

Un courrier n’est pas à négliger dans le débat qui secoue le monde culturel havrais. Il nous vient d’Ivan Renar, sénateur du Nord, vice-président de la commission des Affaires culturelles du Sénat, l’un des « pères » des EPCC. Dans une lettre datée du 27 janvier 2009, il interpelle Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, pour rappeler qu’un « EPCC est un espace de partenariat et de dialogue avant, pendant et après sa constitution, ainsi que l’ont voulu les deux assemblées qui ont adopté la loi à l’unanimité ». C’est plutôt mal parti au Havre. Le dialogue n’est pas ce qui caractérise le mieux ce projet d’EPCC… Mentionnant la « vive et légitime émotion » des « nombreux habitants attachés à la scène nationale et à ses différentes missions », le sénateur déclare qu’il « serait dommage que le passage à l’EPCC et la création de nouveaux équipements culturels deviennent prétexte à amputer cet équipement emblématique d’une partie de ses salles et, par conséquent, d’une part essentielle de ses activités de soutien à la création et à la démocratisation culturelle. » Pour conclure, Ivan Renar ne cache pas ses préoccupations en disant : « Je partage ces inquiétudes et je me tourne bien évidemment vers l’État qui est l’un des partenaires influents de ce superbe équipement où a soufflé jusqu’à ce jour l’esprit qui animait André Malraux quand il a lancé la grande aventure de la décentralisation théâtrale. »

La restructuration voulue par la municipalité et récemment acceptée par l’architecte brésilien, Oscar Niemeyer, 101 ans, n’a pas fini de faire des vagues. Parions que l’espace Oscar Niemeyer ne tardera pas à connaître des manifestations aussi festives que bruyantes.

Ouverte à tous, la prochaine réunion du collectif Sauvons la culture au Havre se tiendra le mercredi 11 mars, à 18h, à la salle Franklin.

Pour avoir des informations sur les actions du collectif, écrivez chez helenede3@tele2.fr

Vous pouvez toujours et encore signer les pétitions pour soutenir le Cabaret électric qui est inquiet pour son avenir et pour protester contre le démantèlement du Volcan/MCH.

Pour voir quelques photos de la manif de décibels du Cabaret électric, allez visiter la Photothèque du mouvement social