François Pérol va nettoyer l’Écureuil au Kärcher

François Pérol va nettoyer l'Écureuil au Kärcher

Levée de boucliers dans les rangs de gauche pour s’opposer à la nomination du secrétaire général adjoint de l’Élysée à la tête du futur ensemble formé par la Caisse d’Épargne et par la Banque populaire, toutes deux mises à mal par la crise financière. Grave entorse à la déontologie financière pour Didier Migaud, menace pour la République pour Martine Aubry, l’opposition parlementaire verse dans la caricature alors que les établissements bancaires ont d’abord besoin d’un retour rapide à de meilleures techniques de gestion.

En dénonçant un éventuel conflit d’intérêt entre les fonctions présentes et futures de François Pérol dans le montage qui doit aboutir à la fusion de deux établissements bancaires dans les jours prochains, l’opposition de gauche se trouve dans la situation paradoxale de défendre l’indépendance des conseils d’administrations face au pouvoir politique, alors que les nationalisations réalisées avec l’arrivée de la Gauche aux affaires a ouvert la voie du pantouflage et la consécration du mélange des genres incarnée par la faillite retentissante de Jean-Marie Messier à la fin de l’ère de la Gauche plurielle…

François Pérol, qui s’était déjà tourné vers la banque avec l’arrivée de Thierry Breton à Bercy, est pressenti par Nicolas Sarkozy pour y retourner en vue de redresser les comptes d’un prochain établissement financier qu’il aura lui-même créé ces dernières semaines… Didier Migaud, président PS de la commission des finances de l’Assemblée nationale, rappelle les textes, selon lesquels un haut fonctionnaire en responsabilité — comme tout membre de cabinet — doit respecter un délai de trois ans entre la cessation de ses fonctions administratives et sa prise de fonction dans une entreprise privée qu’il a contrôlée, avec laquelle a été passé un contrat ou marché, ou pour laquelle il a proposé des décisions relatives à des opérations ou formulé un avis sur de telles décisions.

François Pérol, une pantoufle sur mesure griffée Sarkozy, titre le quotidien Libération, qui a par ailleurs jeté sa gourme depuis l’entrée d’Édouard de Rothschild au capital de l’organe de presse gauchiste, au point d’appliquer les pires recettes du management libéral envers ses salariés, rappelle cet article 87 du 29 janvier 1993, qui encadre les activités prohibées pour les agents publics. Originalité de la procédure, c’est l’agent lui-même qui doit, un mois au plus tard avant la cessation de ses fonctions, en informer son autorité de tutelle, qui saisit la commission de déontologie. Cette dernière, en l’occurrence, n’aurait pas été informée, et le temps aurait certainement manqué pour le faire, les conditions de la fusion entre la Caisse d’Épargne et la Banque populaire s’étant réalisées dans l’urgence.

Les ténors du Parti socialistes ne se sont pas tant formalisés lorsque les dirigeants de la Caisse d’Épargne ont été recasés à des postes clé de l’établissement bancaire, après avoir dû rendre public les preuves de leur incompétence au mois d’octobre 2008… Pourtant, leur éviction pure et simple aurait été la première mesure à prendre en matière de protection de leur électorat, qui possède en grande majorité un livret de Caisse d’Épargne pour y placer de maigres économies. Non ! En revanche, François Pérol, qu’un siège attend de toute façon au conseil d’administration de la banque Rothschild, n’a pas les faveurs socialistes, en dépit de ses indéniables compétences et de l’entregent qu’il a acquis dans les couloirs de l’Élysée.

Pour François Henrot, associé-gérant de Rothschild, qui l’a recruté fin 2004, il a une capacité d’écoute, si rare dans la haute fonction publique. L’homme selon Martin Hirsch, son camarade de promotion à l’Éna, n’est pas frimeur tout en étant sûr de lui… Tous ceux qui l’ont fréquenté ne tarissent pas d’éloges sur ce démineur de dossiers tels Alstom, dont il est l’artisan principal du sauvetage. Les gros dossiers, tels que la fusion GDF-EDF, l’affaire Airbus-EADS ou encore l’avenir d’Areva, passent en priorité dans son bureau, reléguant Bercy, selon Sylvie Pierre-Brossolette, à une sorte de pâle doublure médiatique. Dès qu’il y a enjeu de pouvoir, tout passe par le bureau de Pérol, lui avait avoué un industriel français. À n’en pas douter, c’est l’homme qu’il faut pour redresser la banque, et tant mieux s’il a ses entrées à l’Élysée !

 

 


Exquis, affable et drôle, on a vu pire au cœur
De cet État de droit enfermé dans ses normes
Et s’il n’a jamais mis de lotion sur les formes,
Il ne s’est pas battu pour servir un vainqueur !

L’homme a longtemps chanté au sein du chœur,
Bûcheur infatigable hersant des fonds énormes
Sans jamais rompre avec ses façons uniformes,
Il est connu pour être un vrai marteau-piqueur…

Ce n’est pas vraiment lui qui fait la controverse
Pour cette action publique où l’opposition verse
Dans l’absurde en livrant des procès d’intention.

Car l’homme a les atouts en main pour satisfaire
Aux besoins d’épargnants détenteurs de pension,
Ceux-là ont vu sans doute en lui la bonne affaire.

 


Avec AFP, Reuters et Le Chasseur français.