Quand Google Earth espionne l’US Army au Pakistan

Quand Google Earth espionne l'US Army au Pakistan

La publication de clichés satellites d’une base américaine au Pakistan indiquant l’utilisation de drones en dépit des dénégations répétées du gouvernement local fait polémique au moment où des renforts sont attendus chez le voisin afghan, parmi lesquels 700 parachutistes français.

La photo scandalise l’opinion pakistanaise, mais elle n’est plus sur le site Internet Google Earth, d’où elle a été précipitamment retirée. Le journal anglophone The News a cependant reproduit la preuve que les forces américaines subornaient leur allié dans leur lutte contre le terrorisme en Afghanistan, créant l’embarras chez les autorités pakistanaises comme chez les diplomates américains sur place.

En effet, le porte-parole de l’ambassade américaine à Islamabad, continue à nier l’évidence : non, non, et non ! Nous vous confirmons fermement et de manière irrévocable qu’il n’y a aucun contingent des forces armées américaines au Pakistan, avant de renchérir qu’il n’y a pas de base de l’Air Force, de la Navy, des Marines ou de l’US Army au Pakistan, nous n’opérons pas ici… Le terrain d’aviation est situé à quelque 200 Km de la ville de Quetta, capitale du Baloutchistan. Le lendemain, le porte-parole de l’armée pakistanaise, le major-général Athar Abbas, admet que les forces américaines utilisent la base, uniquement pour leurs besoins logistiques.

Le premier problème soulevé est l’insistance avec laquelle le gouvernement pakistanais s’est toujours tenu à l’écart de son allié et bailleur de fonds pour son engagement en Afghanistan, tant il est mal perçu dans le pays. Avant la colonisation britannique, les deux pays ne faisaient qu’un, et les liens entre les deux peuples perdurent à travers les âges. Il n’est pas de citoyen pakistanais qui ne soit moralement blessé dès lors qu’un raid de la coalition atteint des civils afghans. Or, les drones Predator visibles sur le cliché du satellite commercial utilisé par Google sont précisément dotés pour l’observation et la frappe à distance, au moyen de missiles à guidage laser.

D’un autre côté, le contre-espionnage estime que les terroristes font usage des informations dispensées par Google Earth, ou d’autres sources disponibles sur Internet, pour se familiariser avec les lieux où ils projettent un attentat. Ainsi fut organisée l’attaque du commando intégriste à Bombay, paraît-il. Mais dans un monde absolument transparent, comment faire la guerre ?


La photo satellite de la base US avec les drones

En tout état de cause la popularité du moteur de recherche américain fait désormais l’objet de nombreuses critiques de part et d’autre, à cause de sa position extrêmement dominante et de la désinvolture avec laquelle il réplique à ses adversaires. Même au sein de l’équipe de Barack Obama, pourtant réputée pour être Google friendly, la future responsable de la concurrence au département de la Justice américain, Christine A. Varney par exemple, ne tarit pas de critiques au sujet des désagréments que posent la trop grande popularité de cet outil devenu omniprésent.


La photo satellite de la base US aujourd’hui

À propos d’une autre affaire, où Google a été mis en cause par un foyer américain furieux d’avoir remarqué une photographie de sa maison sur Google Street, le moteur de recherche a simplement déclaré qu’avec la technologie des images satellites aujourd’hui, une vie privée est impossible, même dans le désert… Qu’il s’agisse de la vie privée ou de secrets militaires, Internet a bouleversé notre perception du monde et des relations avec autrui, et chacun semble désormais si proche et tellement mystérieux !