Toujours les mêmes maux de la campagne électorale

Toujours les mêmes maux de la campagne électorale

« La sécurité », « la baisse des charges sociales », « la défense de la diversité culturelle ». Encore des mots toujours des mots, les mêmes mots. Je n’sais plus comment vous dire. « La décentralisation », « l’emploi », « les retraites des vieux », « les impôts » Rien que des mots. Paroles, paroles, paroles. Je vous en prie. Paroles, paroles, paroles Je vous jure. Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles encore et encore des paroles que vous semez au vent des meeting, messieurs les politiques.

Il est un homme en France pour qui les grandes manœuvres, les coulisses, les coups bas et tout le reste n’ont pas le moindre secret pendant les « suffrages directs libres », un observateur attentif de l’animal politique en action élective. Il faut donner la médaille de la citoyenneté à Pierre-Marie Vidal. En effet, le directeur de la rédaction de « Profession Politique » a passé une élection présidentielle 2002 très studieuse et tout entièrement dévoué à mettre par écrit cette bien étrange [chev]événement politique franco-française.

Vous étiez sur Mars en avril en 2002, vous êtes un ermite errant vivant dans une grotte depuis la mort de François et la décrépitude de la Gauche ? Qu’importe, ce livre est fait pour vous. C’est comme un feuilleton bourré d’anecdotes, de choses qu’on a oublié tant on a retenu que le 21 avril suivi de l’élection digne d’un dirigeant soviétique du grand Jacques.

« Paroles, paroles de campagne » titre qui fait très habilement référence au tube de Dalida et d’Alain Delon pourrait être l’expression générique du dialogue de sourd entre Jacques Chirac et Lionel Jospin arbitré par un vilain borgne qui a fait coulé tant encre et vendre tant de papier..

Dans le fond une élection démocratique très médiatisée à la télé, dans la presse et désormais sur le net (Vidal le note très justement sur tout un chapitre), c’est un peu comme une partie de « Monopolitique », de « jeu d’échecs répétés » ou de « Risk ton fauteuil en or ». Alors il y a des alliances, des ruptures, des intrigues, des vacheries, des petites phrases qui font mouche, d’autres plus souvent qui ennuient mortellement. Des aboiements de petits roquets ou de gros chiens tristes.

« Cette année-là » pour reprendre une autre chanson, le casting était digne d’un grand Loft entre un candidat revenu des morts, deux frères siamois extrémistes en détestation, l’indéterminable et « indétrônable » Arlette, une Christine Boutin light et amaigrie, un communiste défendu par un ex publicitaire « branchouille » et un petit jeune fort en gueule issu des Postes de Neuilly, y’avait pourtant de quoi avoir une belle animation de foire présidentielle.
Le livre de Vidal ne soigne aucuns maux mais il analyse les toussotements de la démocratie. Il y a plusieurs livres en un dans ce dictionnaire politique bien mené et bonne outil à la fois pour les étudiants de Sciences Po » et la ménagère. Vidal c’est un peu une oreille géante et scrupuleuse qui aurait tout vu et surtout tout écouté pendant un an.
On peut ainsi y suivre l’agenda des évènements de campagne jour après jour, le tout parsemé de plus de cinq cent confidentialités drôles, cyniques, cruelles, pertinentes ou gratuites mais qui donnent toujours du sens. Des spéculations hasardeuses aussi comme cet extrait o le nouveau maire rose de Paris parie sur les chances de François Hollande en cas de victoire probable de la gauche selon lui. Ce qui est plaisant avec ce type de livre c’est que, étant donné que les écrits restent, on peut sourire de certaines phrases ou événements avec le recul. C’est marrant les puissants tout de même !

Cet ouvrage instructif se finit par un chapitre au titre assez efficace et explicatif « L’extraordinaire inventaire des promesses électorales de Jacques Chirac, ce qui est un réflexe assez fourbe mais pas intéressant et bien pratique ; cela permettra aux déçus de l’élection triomphale du président de cocher à la fin du mandat tout ce qui n’a pas été réalisé, de médire, de râler un bon coups entre la poire et le fromage.

Voilà donc un ouvrage un peu partisan qui outrepasse quelque peu la belle neutralité journalistique.
Mais on pardonne tout cela à Vidal car son livre offre une vision de gauche sympathique et documentée sur cette belle attraction qui agite toute un pays tous les cinq ou sept ans. C’est beau une France qui bouge, ma parole ! !

Paroles, paroles de campagne, Pierre-Marie Vidal, Editions 1, 2002, 276 pages, 17 euros.

Paroles, paroles de campagne, Pierre-Marie Vidal, Editions 1, 2002, 276 pages, 17 euros.