Nicolas Sarkozy passe ses Nerfs sur les Tchèques

Nicolas Sarkozy passe ses Nerfs sur les Tchèques

À plusieurs reprises, le président de la République a pris l’exemple de la Tchéquie pour fustiger les conséquences d’un capitalisme sauvage, les atermoiements de ses homologues européens pour trouver une solution face à la crise, alors qu’il sait très bien que ce pays n’existe pas.

Au cours d’un show télévisé d’une qualité rare où Nicolas Sarkozy s’est retrouvé comme au premier jour de campagne électorale, les journalistes sélectionnés pour interroger le chef de l’État se sont sentis mal à l’aise à cause de l’ignorance dont il a fait montre en matière de géographie humaine. Alain Duhamel, en tant qu’expert occasionnel en politique internationale, a bien cherché à trouver une explication en mettant les points sur les i sur le plateau télévisé, mais sans succès.

À chaque fois qu’il a choisi de donner un exemple des mauvaises pratiques libérales, Nicolas Sarkozy a pris celui de la République tchèque, dont le chef de l’État lui a succédé à la présidence tournante de l’Europe : qu’on crée une usine Renault en Inde pour vendre des Renault aux Indiens, c’est justifié, mais qu’on crée une usine, de tel constructeur sans citer de nom, en Tchéquie pour vendre des voitures en France, ce n’est pas justifié, a-t-il déploré.

Mais tous les élèves de 6ème à commencer par son propre rejeton le savent, après avoir feuilleté à la rentrée scolaire les splendides manuels remplis de couleurs qu’il faut tous les jours trimballer au collège dans son cartable : la Tchéquie n’existe sur aucune carte ! En revanche, l’amertume du président de la République française d’avoir dû passer le témoin à celui de la République tchèque est de notoriété publique…

Nicolas s’est trouvé un mouton noir pour fustiger les habitants d’un petit pays qui s’est tourné à marches forcées vers le bonheur consumériste il y a tout juste 20 ans, et qui fait œuvre de bonne volonté pour s’inscrire dans la pensée unique européenne. Il ne s’agit pas d’un litige, puisque aucune demande n’a été formellement exprimée ni d’ailleurs refusée, insiste-t-on à Paris et à Prague. Côté français, l’Élysée laisse dire qu’il faudra tôt ou tard réunir les chefs d’État pour coordonner le tir européen face à la récession, à la montée du chômage et à la grogne sociale.

La République tchèque, plus libérale et piquée au vif parce qu’on lui reproche ainsi d’être inexistante, réplique. Un plan pour faire face à la crise existe déjà : il a été écrit à vingt-sept en décembre, sous la présidence de Nicolas Sarkozy précisément. L’irritation praguoise décuple à l’idée d’un sommet extraordinaire des pays de l’euro, cénacle dont la République tchèque est justement absente avec une bonne partie de l’Europe orientale !

Mais le président de la République a trouvé là une excellente formule rhétorique afin d’accuser un coupable imaginaire pour excuser le manque de moyens dont il dispose pour répondre au défi majeur que la récession lance aux chefs d’entreprise français. Tout récemment, alors que les lignes françaises tournent au ralenti, on apprenait que la production de la Renault Clio augmente en Turquie et celle de la Peugeot 207 en Slovaquie… Mais pas en République tchèque, où la firme au losange réalise uniquement de bons scores de vente de voitures particulières.

En revanche, tout le monde garde en mémoire un épisode assez dur à avaler de la mondialisation, lorsque les petites Roumaines de Dacia sont arrivées en France, quelques mois après que Carlos Ghosn eut juré la main sur le cœur qu’on ne les y verrait pas ! De la même manière, qu’il s’agisse de la distribution de dividendes aux actionnaires et des bonus aux dirigeants d’entreprises subventionnées, ou encore de la hausse des salaires, Nicolas Sarkozy n’a pas caché son impuissance.

Au-delà de la bisbille entre Paris et Prague au sujet d’une responsabilité plus protocolaire qu’effective, il convient de se rappeler que les origines paternelles du chef de l’État français se trouvent en Hongrie, un pays frontalier de la République tchèque, avec laquelle les relations de voisinage ont bien évidemment connu quelques vicissitudes au cours de leur histoire commune… Il n’est un mystère pour personne à l’est de l’Europe que les fiers Magyars font peu de cas des Tchèques !

 

 


L’homme aux abois n’a rien perdu de son talent
Pour livrer avec force un vrai plan de campagne
En construisant parfois des châteaux en Espagne
Nous inspirant quand même un peu de son allant.

Mais il se voit berger d’un grand troupeau bêlant,
Quand la crise en dépit de tout nous accompagne
Et l’argent manque, alors il se retrouve en pagne
Devant un peuple anxieux et vraiment chancelant.

Pour clore un embarras dont il s’est dit comptable,
Il fait place aux cautions pour se mettre à sa table
En n’ayant pas grand-chose à offrir dans les faits !

Quand il n’a pas vraiment de marge de manœuvre,
L’homme à son grand dépit pour couper les effets
Ne peut compter sur rien pour achever son œuvre !