ABDELAZIZ BOUTEFLIKA… PRESIDENT A VIE ?

ABDELAZIZ BOUTEFLIKA… PRESIDENT A VIE ?

En avril 2009, les Algérien(ne)s seront appelé(e)s à élire un nouveau président à la tête de leur pays qui, pendant plus d’une décennie a été marqué par la violence et une crise politique et sécuritaire sans précédent. Guerre civile. Assassinats d’artistes, de journalistes, de policiers et d’un grand nombre de civils innocents. Actes terroristes. Attentats à la bombe. Des massacres en séries. Des villages ravagés... L’arrivée au pouvoir du président sortant Abdelaziz Bouteflika, élu, en 1999, à la magistrature suprême ne semble pas avoir apporté de changement en matière de démocratie politique, éradiqué la violence et fait vivre la promesse d’une vie meilleure tant attendue par les Algérien(ne)s. Et dans ce climat où l’armée continue à détenir l’autorité suprême et où le pays ne finit pas de se débattre dans des problèmes socio-économiques et autres, qui des candidats qui s’apprêtent à se lancer dans la course aux élections présidentielles 2009 est porteur de renouveau politique, d’un nouvel élan et d’une dynamique de développement qui profitera à la population dans son ensemble ?

A deux mois et demi des échéances électorales, les préparatifs semblent aller bon train. En effet, depuis le 8 janvier 2009, les formulaires de souscription de signatures pour les candidats à l’élection à la Présidence de la République sont disponibles auprès de l’administration centrale, du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales.

Par ailleurs, les autorités algériennes ont sollicité la présence d’observateurs internationaux auprès de quatre organisations internationales et régionales dont l’Algérie est membre : l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.), l’Organisation de la Conférence Islamique (O.C.I.), la Ligue des Etats Arabes (L.E.A.) et l’Union Africaine (U.A.). Et au communiqué du gouvernement de préciser que le chef de l’Etat accorde une haute importance à la transparence, à la régularité et à la loyauté des élections présidentielles d’avril prochain ». Abdelaziz Belkhadem, président du F.L.N. quant à lui, affirme son souhait de mener des élections présidentielles plurielles, régulières imprégnées d’un esprit de concurrence, en présence d’observateurs désirant y assister ».

Cette détermination d’organiser des élections « transparentes » peut sans doute être interprétée comme une réponse au problème des fraudes électorales dénoncé durant les élections présidentielles de 2004 par les partis d’opposition, en l’occurrence le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (R.C.D.) et le Front des Forces Socialistes (F.F.S.).

Bien que l’actuel président ne finit pas d’entretenir du suspens sur son éventuelle candidature qui ne sera semble-t-il connue que lors de la première semaine de février 2009, les trois partis de l’alliance présidentielle, le Front de Libération Nationale (F.L.N.), le Rassemblement National Démocratique (R.N.D.) et le Mouvement de la Société pour la Paix (M.S.P.) ont, lors de leur 9ème sommet à Alger, appelé A. Bouteflika à se présenter une troisième fois à la magistrature suprême puisque la constitution amendée le 12 novembre 2008 permet au président de briguer un troisième mandant.

Selon le quotidien algérien Le Jeune Indépendant, trois aspects ont été mis en avant par les chefs de file des trois partis pour organiser et renforcer la stratégie de soutien au candidat plébiscité : réorganiser l’alliance en vue de soutenir A. Bouteflika et mener à terme son programme, préparer et organiser la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2009 en Algérie et présenter le plan d’action du gouvernement bientôt au parlement.

Les partis d’opposition, le R.C.D. et le F.F.S. ont quant à eux exprimé leur désaccord avec l’idée d’un troisième mandat en faveur du président sortant.

Lors de sa conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère (C.A.P.E.) à Paris en novembre 2008, le parti de Said Sadi, le R.C.D. a dénoncé la confiscation du pouvoir par l’armée qui, depuis l’indépendance exerce la souveraineté et détient l’autorité suprême. Ainsi de son point de vue, la vie publique algérienne est confisquée depuis 1962 par la même oligarchie qui abuse des mêmes procédés et poursuit les mêmes objectifs : confiscation de la volonté populaire par le détournement de l’histoire.

La question de la participation du R.C.D. aux élections présidentielles semble avoir fait l’objet de nombreux débats au sein du parti. Ainsi après avoir conditionné sa participation au scrutin à la massive participation d’observateurs internationaux, S. Sadi a finalement affirmé que son parti ne prendra pas part au prochain scrutin présidentiel car la participation dans une telle compétition serait synonyme de compromission dans une opération d’humiliation nationale. Et de son point de vue, refuser de s’y impliquer est à la fois un devoir civique et une exigence de respect pour notre histoire. Refuser de se compromettre dans ce pitoyable et dangereux cirque est autant affaire politique que de dignité.

Le positionnement du F.F.S. semble faire écho à celui du R.C.D. puisque le parti de Hocine Aït Ahmed a annoncé par l’intermédiaire de son premier secrétaire, K. Tabou que sa formation politique ne participera pas aux élections présidentielles. Tout en dénonçant le viol répétitif de la Constitution, la mise au pas de la société, la corruption à grande échelle et enfin les tentatives de ghettoïser – leur - parti en Kabylie, K. Tabou réclame la création de nouvelle institutions qui répondent aux besoins de la société. Souvenez-vous, a-t-il poursuivi, qu’en 1999 et en 2004, A. Bouteflika a juré la main sur le Coran et devant le peuple algérien de respecter la Constitution.

Concernant les partis politiques qui participent au scrutin, le premier secrétaire du F.F.S. a mis l’accent sur la liberté de chaque formation politique de prendre part à cette échéance électorale car de son point de vue, les partis sont libres de soutenir le pouvoir. Cependant, l’opportunisme de certains d’entre eux est clairement mis en cause à travers son discours. Nous respectons leur choix- mais ce que nous condamnons et dénonçant, c’est l’escroquerie politique, en tentant d’avoir un pied dans le système et un autre dans l’opposition, a-t-il conclu.

De son côté, Abdellah Djaballah, le leader du parti islamiste Islah a annoncé qu’il ne se présentera pas aux prochaines élections mais qu’il compte poursuivre son action politique et militante. Ma non participation au prochain rendez-vous électoral ne signifie guère l’arrêt de mon combat ni de mon militantisme, a-t-il déclaré.
Selon les informations obtenues, il semblerait que pour l’instant, seul Ali Fawzi Rébaine, président du parti A.H.D. 54 a officiellement confirmé sa participation au prochain scrutin.

Le Parti des Travailleurs par la voix de son leader, Louisa Hanoune s’est limité à déclarer qu’il présentera le moment venu un candidat aux élections présidentielles.

Dans la conjoncture politique actuelle où aucun parti d’opposition ne semble émerger comme une force alternative et constituer réellement un pôle qui rassemble. Dans un pays qui semble avoir échappé à ses dirigeants et où, depuis 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, le pouvoir continue d’être concentré entre les mains d’un groupe d’individus qui refusent le changement, le président sortant n’a t-il pas devant lui toutes les chances de se voir reconduit aux fonctions de la magistrature suprême ?

Alors, Abdelaaziz Bouteflika, président à vie ? Seules les urnes répondront à cette question qui est sur la langue de presque tous et toutes les Algérien(ne)s qui vivent en Algérie et ailleurs. Alors, rendez-vous en avril 2009 . A suivre donc…