INTERNET A MODIFIE NOS HABITUDES AMOUREUSES

INTERNET A MODIFIE NOS HABITUDES AMOUREUSES

Internet est devenu un véritable phénomène de société qui a tendance à prendre de l’ampleur à l’échelle mondiale. Cet outil de mise en lien et de communication issu des nouvelles technologies a envahi nos vies privées et professionnelles entraînant ainsi un bouleversement dans les comportements et une considérable évolution des mœurs. Célibataires et Marié(e)s. Hommes. Femmes. Androgines, tout âge et toutes catégories socio-professionnelles confondues. Solitaires. Séducteurs/trices. Curieux/ses. Passionné(e)s. Libertin(ne)s. Et timides ont tendance à utiliser internet afin de faire des rencontres amoureuses. Commence alors la danse de l’échange des mails et de la séduction virtuelle au cœur de l’univers du rêve et du fantasme.

La nuit dernière, alors que je m’apprêtais à éteindre mon ordinateur, un message vint allonger la liste des mails qui encombrent ma boîte électronique. Bien que pressée d’aller me perdre dans les méandres du sommeil, je pris le temps de cliquer sur le message. Histoire d’assouvir mon désir de curiosité insatiable. Qu’ai-je découvert, là sous mes yeux à moitié endormis ? Une lettre au contenu des plus étonnants. Une histoire d’amour qui laisse entrevoir les possibilités d’une vie qui fait danser les sentiments et fait vibrer les émotions et les désirs prisonniers dans le miroir de notre solitude. Alors, à votre tour de vous immerger dans le coeur de cette histoire qui prend aux tripes et met les sens en émoi.


Date :Lundi 19 janvier 2009, O1 h 51mn
De : "JM » Objet: Y a de l’amour …
À: "Binty Yelli" bintyyel0@yahoo.fr>

« Très chère Yelli

Voilà que je me retourne vers toi, Ô lumière de mes nuits, pour t’inviter à t’immerger dans les tréfonds de mon jardin secret. Au cœur de ce lieu nocturne où l’inconscient se dévoile pour ouvrir la porte sur l’obscurité qui a investi la vie qui roule, enroule et déroule les fils de son histoire dans la grande machine qui fait et défait les destinées. La mienne. La tienne. Et celle de milliers et de milliers d’êtres humains en attente d’une sortie vers un quelque part rédempteur.

Ma très chère, cette nuit encore, alors que des pensées lancinantes me faisaient se retourner dans mon grand lit froid, mon cœur fut soudain pris d’un sentiment de désespoir intense. Puis sans savoir comment, dans ma lutte contre son pouvoir irrésistiblement charmeur, je me suis retrouvé propulsé au cœur du pays du Rêve.

Oh ma belle, quelle joie ! Quel bonheur ! Tu étais là. Assise sur un banc dans un jardin qui ressemblait comme deux gouttes d’eau au paradis. Que tu étais belle ! Tu riais. Aux éclats qui se transformaient en pétales aux couleurs de l’arc en ciel. Oh, je les vois qui s’éparpillent dans les airs ! Les voilà qu’ils se promènent. Courent. S’arrêtent. Se reposent. Se figent. Se glacent. S’affrontent. Se réconcilient. Se touchent. Se caressent. Se pénètrent. Se fécondent. Ah, cette interminable danse de la complicité et de l’incompréhension ! De la fascination et de la défiance ! De l’amour et de la haine ! Puis répétition de l’acte à l’infini. Car les voilà qu’ils s’éparpillent encore et encore. Ah, quel spectacle ! Oh, je sens. L’odeur de l’amour ! J’entends. Le bruit de la vie ! Je savoure. Le goût Ô combien exaltant de la jouissance !
Mais … Que se passe-t-il ? Mais … Que font-ils ? Incompréhension ! Je crois bien que …Oh, le complot ! Je crois bien qu’ils cherchent à m’échapper et à m’éloigner de toi. Mais moi, fou de toi, je bois les paroles à peine audibles de leur murmure. Je cours derrière eux. Vite. Très vite. Sans répit. Dans le creux de ma main, deux pétales à l’état embryonnaire. Deux bourgeons qui ne cherchent qu’à éclore. L’image de la vie dans toute sa splendeur !

Moi. Je te regarde. Te contemple. T’admire. Des frissons parcourent mon corps. Le désir de toi se fait de plus en plus imposant. Mais voilà qu’il se perd soudain dans les interstices d’une désolante et déroutante incompréhension.

Toi. Tu continues à rire. A rire. A rire. A perdre la raison. Tu ris tellement fort que tu me contamines.

« Bon présage », susurre à mon oreille ma conscience qui se meurt d’amour pour toi.

Oui. Bon présage. Car ton rire sonne comme une confession qui laisse entrevoir la promesse d’une suite au dénouement heureux. Dans mon bonheur intense, je me laisse emporter par un léger vent doux de plaisir qui caresse mon cœur qui nage dans un océan de bonheur.

Voilà qu’à présent, nous rions ensemble. La conscience de mon amour pour toi avait bien raison. Notre union s’annonce plutôt bien alors que le désir de toi continue à s’égarer à l’intérieur d’un énorme point d’interrogation.
Alors que nous coulons des instants heureux, soudain, un nuage noir traverse le grand ciel bleu et éclipse le soleil. Dans un élan de colère, tu te rues sur moi. Tu t’empares des deux pétales qui s’aiment dans le creux de ma main, les étouffes et les jettes à même le sol. Je les vois. Ils gisent là sans vie sous mes yeux. Et moi ? Oh, on dirait que je suis muet. Aveugle. Sourd. Impuissant. Inexistant ! Enfin presque car au moment où je tente de…, je me suis réveillé en sursaut laissant ce rêve sur sa faim, courir à perdre haleine, sur les traces de ce tourbillon animé d’images floues, de mots chuchotés, de voix empêchées, de couleurs ternies qui dansent. Dansent. Dansent la valse du chaos dans un huis clos intimiste jusqu’à épuisement. Evanouissement. Puis anéantissement.

Afin de conjurer le mauvais sort, j’ai imploré la protection des Saints. Trois fois à droite. Trois fois à gauche. Puis je me suis rapidement dirigé vers les toilettes pour raconter ce rêve et jeter du sel dans la cuvette en répétant sept fois la phrase que ta grand-mère avait l’habitude de réciter en pareilles circonstances. Te rappelles-tu mon coeur ? Tu avais beaucoup ironisé lorsque je t’avais révélé ma peur noire de ce rêve qui hante mes nuits blanches depuis que je t’ai connue grâce à ce mail qui avait échoué sur ma boîte électronique alors qu’il était destiné à un autre homme. Et comme pour exorciser le démon qui tremblait en moi, tu m’avais si gentiment écrit la phrase suivante :

« Je renonce à déchiffrer le sens de ce rêve qui n’est rien d’autre que l’œuvre des habitants du dedans et des abysses. Que leur esprit malfaisant s’engloutisse dans les eaux troubles du vide et du néant. Que Dieu nous éloigne de l’égarement. Et qu’Il nous gratifie de la capacité du discernement ». Et tu avais ajouté :

« Répète cette phrase trois fois à droite. Trois fois à gauche. Vas dans les toilettes, raconte ton rêve à voix haute et n’oublie surtout pas de jeter du sel dans la cuvette.

Mon amour, que ce rêve qui prend l’allure d’un cauchemar disparaisse à jamais dans l’obscurité du jour naissant ! Ma belle, voilà deux mois que nous nous connaissons virtuellement. Que dirais-tu de nous rencontrer le 26 janvier à 15 h au café/bar Sur les pas de l’amour perdu à Odéon à droite du cinéma U.G.C. ?
En attendant ce moment, je continue de penser à toi très fort. Mon soleil, je t’embrasse chaudement.

Ton amour.net Jean Mornais. »

Voilà, c’est décidé. J’irai au rendez-vous. Non pas par voyeurisme. Non. Loin de moi cette pensée. Mais uniquement par souci de pouvoir par la suite vous raconter ce que j’ai vu, entendu, senti et perçu. Alors, à très bientôt pour la suite de cette merveille histoire d’amour qui prend l’allure d’une promesse de vie qui nous enveloppe de sa magie où tournoient des infinies de lumières.