Jean-François Copé nous a Produit un Film de Merde

Jean-François Copé nous a Produit un Film de Merde

Le sémillant chef du groupe parlementaire UMP à l’Assemblée nationale nous l’avait promis, et malheureusement… il l’a fait ! Le documentaire destiné à fustiger les excès du droit d’amendement restera dans les anales du cinéma, malgré une réelle volonté de bien faire et de beaucoup plaire en haut lieu. Ce qui nous laisse à penser que l’art, quelle que soit la catégorie dans laquelle on s’essaie, reste une affaire de professionnels.

4 minutes et 3 secondes pour convaincre, et Jean-François Copé nous a fait un beau montage à partir des images télévisées d’hier et d’aujourd’hui, filmées à l’Assemblée nationale, et sorties des archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA), constate le cinéaste Frédéric Vignale, génial auteur de clips artistiques et commerciaux. Mais nous sentons aussi dans la mansuétude du professionnel de la caméra une sensibilité un peu émoussée par ses responsabilités à la tête du journal Le MAGue.

Pitoyable succession d’incidents parlementaires, ponctuée de bandeaux réalisés avec une palette graphique des années quatre-vingt-dix, le monteur a-t-il eu recours à un dictionnaire de rimes pour trouver un titre aussi plat pour illustrer son propos ? Quand Opposition rime avec Obstruction fera sans doute un effet bœuf dans les fameuses séries d’Expression Directe au cours desquelles il est judicieux de se rendre aux cabinets, mais Jean-François Copé va se prendre une bulle par Franck Louvrier, le conseiller presse et communication de l’Élysée : élève médiocre. Pas prêt d’entrer au gouvernement : même Luc Chatel fait mieux !

Bien sûr, le propos est bien maîtrisé, en ce sens que la vidéo est dans la logique de la démonstration, à savoir que l’Assemblée nationale est un système archaïque et procédurier qui ralentit la vie politique, note l’excellent Frédéric Vignale, avant de poursuivre : on n’est pas loin d’une démonstration à la Kafka. Il n’est pas certain qu’il ait tout compris, parce que Jean-François Copé aimerait bien nous donner l’exemple de tribuns vibrants de nobles idées comme de trémolos dans la voix. Mais pour ce faire, il eût été mieux inspiré d’utiliser des images moins ternes, mieux cadrées, plus expressives. Hollywood n’est pas à la portée de n’importe qui…

C’est pourquoi le député de Seine-et-Marne a du mal à recueillir les applaudissements, même au sein des rangs de la majorité présidentielle. Alors que doit débuter l’examen du projet de loi organique sur la réforme du travail législatif, et notamment l’encadrement du droit d’amendement, Jean-François Copé est en bute avec les sénateurs qui s’empressent de défaire celui sur la réforme de l’audiovisuel public, en votant des propositions socialistes, ou mettant en péril le fragile équilibre du financement du service public en ce qui concerne la redevance. La brèche est de ce fait ouverte à des contestations futures au sein d’une opinion publique attachée à une offre télévisuelle bon marché.


Obstruction parlementaire : Quand le Parlement s’éveillera

Les députés socialistes n’ont donc pas eu de mal — une fois n’est pas coutume — pour répondre à leur détracteur par la même voie, et ont défendu le droit d’amendement grâce à une vidéo de 6 minutes et 55 secondes que nous vous présenterons dans quelques jours. Mais la controverse demeure : la Vème République est une mécanique lourde, remplie de paperasse indigeste, d’obstructions, de guéguerre d’égo et de digressions, nous fait observer le talentueux réalisateur Frédéric Vignale. Le plus simple alors, ne serait-il pas de la supprimer ?

 

 


Plus un débat nous tient à cœur et plus il dure,
C’est bien sûr un problème avec un parlement
Qui pour nous pond la règle et la loi justement
Et pour sans trop de frais s’y tenir en bordure !

Les relations des deux pouvoirs dans la froidure
D’un hiver rigoureux n’ont pas donné vraiment
Plus de fil à retordre aux beaux jours forcément
Qu’un sentiment de vivre avec foi dans l’ordure.

Ceux qui s’en sont laissé conter s’en sont sortis
Tout de même, et sans faire autant de clapotis,
Mais c’est tout le plaisir d’en voir les turpitudes.

Quand les discours seront dans un temps limité,
Nous subirons des moins vaillants les certitudes
Mais nous n’aurons plus peur de la neige en été !