Israël a perdu la Guerre de l’Info à Gaza

Israël a perdu la Guerre de l'Info à Gaza

Tandis que le gouvernement israélien affirme être en passe d’atteindre les objectifs militaires qu’il s’est fixé dans la bande de Gaza, la situation s’avère beaucoup plus critique sur la scène internationale, où malgré les efforts de l’état-major pour contrôler l’information, l’image de l’État hébreu est définitivement ternie pour les mois à venir, un handicap que toutes les têtes de listes qui vont entrer en campagne pour les élections anticipées auront du mal à surmonter.

Après 17 jours d’assaut répété de l’aviation, suivi par l’infanterie et l’arme blindée, les troupes israéliennes sont parvenues à proximité des quartiers les plus peuplés de Gaza. Le nombre de morts palestiniens est sur le point d’atteindre le chiffre symbolique du millier, et plus que jamais la réflexion du général de Gaulle à propos d’un peuple sûr de lui et dominateur apparaît pertinente aux yeux d’une opinion mondiale qui peine à donner le moindre crédit aux buts de guerre affichés par les autorités israéliennes, en raison d’une telle disproportion des moyens mis en œuvre.

L’objectif affiché par l’État juif, qui ne s’est fixé aucun délai, est faire faire cesser une bonne fois pour toutes les tirs de roquettes des activistes sur les villes israéliennes proches de Gaza, villes où l’on a recensé quatre morts depuis quinze jours. Bien que le nombre de projectiles tombés en territoire israélien ait décru durant cette période, une demi-douzaine de roquettes ont encore atteint dimanche des villes israéliennes dont celle de Beersheba, à 42 kilomètres de Gaza, faisant des dégâts mais pas de victimes.

Israël accuse des dirigeants du Hamas de se cacher dans des hôpitaux et dans certaines missions étrangères à Gaza, qu’il n’a pas citées. Selon le quotidien Yediot Ahronoth, certains d’entre eux se terreraient dans les sous-sols de l’hôpital Chifa, le plus important de Gaza. L’Agence de l’ONU pour les Réfugiés a rappelé pour sa part qu’elle refusait aux combattants l’accès aux écoles, cliniques et institutions qu’elle gère sur le territoire. Le Hamas a quant à lui récusé toute insinuation de couardise.

Tandis que la réprobation internationale se manifeste au cours de démonstrations populaires dans de nombreuses villes dans le monde, les correspondants de presse déplorent le bouclage de l’information par l’armée israélienne, rendant leur travail plus difficile à faire encore, dans des conditions de dénuement qu’ils partagent avec la population de la bande de Gaza. L’agence Reuters publiait dimanche un long plaidoyer pour le respect du droit à l’information, en relatant avec force détails une situation dans laquelle un rapport objectif des faits devient illusoire.

À propos des reporters de presse, leur responsabilité est d’autant plus grande qu’Israël a interdit aux reporters étrangers l’accès au territoire palestinien surpeuplé dès le début de son offensive, le 27 décembre. Frustrés, ceux-ci sont cantonnés à décrire les explosions et colonnes de fumée qu’ils aperçoivent de loin, du haut des collines israéliennes en surplomb de la bande de Gaza.

C’est ainsi que nombreux sont les gens à travers le monde, qui considèrent que la relation qui leur est faite des événements est biaisée par les autorités israéliennes. Alors que 30.000 personnes défilent à Paris sous tension mais sans débordements, le Bondy Blog rapporte que la foule, composée de personnes de tous âges et pas seulement de musulmans, en est convaincue : TF1, France2, France3, etc. ne couvrent pas objectivement se qui se passe à Gaza dans un article intitulé Les Journalistes français sont dirigés par le Lobby juif parce qu’il reprend les réactions de plusieurs manifestants à propos de la couverture des événements.

L’agression israélienne a suscité un mouvement international qui dépasse les clivages et les usages traditionnels. Une attention paradoxale s’est manifestée ici et là, dans l’espoir de mieux comprendre les motivations des uns et des autres, engendrant de nouvelles solidarités à travers les frontières et les coutumes de pensée. C’est ainsi que le quotidien algérien La Nouvelle République a publié le point de vue par notre libelliste Philippe Chauveau-Beaubâton dans son édition dominicale. Surprise et flattée par cette marque d’intérêt, notre rédaction se doit de se mettre en rapport avec celle du journal algérien. Les lecteurs du journal Le MAGue seront bien entendu tenus les premiers informés des suites de cette affaire.

Finalement, les efforts de l’état-major de l’armée israélienne pour verrouiller l’information à son profit se sont avérés vains et même contre-productifs. La volonté des autorités de présenter l’offensive sur la bande de Gaza comme une guerre juste n’a pas convaincu grand monde. Les gens simples y ont juste vu la guerre, avec son cortège de morts et son lot d’atrocités. Ils en ont assez.

 

 


La guerre est belle avec les traits de son horreur,
Fait peur à tous, qui nous voyons à la prochaine
Pour laisser nos destins enfermés dans sa chaîne
Et pris dans un grand vent de bruits et de fureur…

Qui donc se rendra compte un jour de son erreur
En excitant déjà nos cœurs pour la proche haine
Qui sommeille et bientôt en nos cris se déchaîne
Pour condamner la sage option d’un franc-tireur ?

Les morts portés en terre ont soustrait la sagesse
Aux vivants restés las d’un monde où la largesse
D’esprit n’est pas de mise en dépit du bon sens !

La guerre est veule avec les traits de la bravoure
Que nous allons chérir dans les vapeurs d’encens
Et les mots ravissants qu’un vrai démon savoure !

 


Pour lire l’Éditorial de Philippe Chauveau-Beaubâton sur l’édition en ligne de La Nouvelle République d’Alger.