Sarah Chiche s’engage pour la liberté d’expression sexuelle

Sarah Chiche s'engage pour la liberté d'expression sexuelle

Directrice de la collection érotique L’Attrape-Corps aux éditions de La Musardine, Sarah Chiche nous parle de son ambition pour une meilleure compréhension de la sexualité face aux enjeux de nos sociétés postmodernes. Journaliste de formation, Sarah Chiche travaille tout d’abord en tant que reporter pour les chaînes de télévision TF1 et LCI, avant de devenir éditrice. Elle a fait paraître un premier roman l’année dernière, L’Inachevée chez Grasset.

Le MAGue : Depuis qu’on en parle, n’a-t-on pas déjà tout dit en ce qui concerne le sexe ?

Sarah Chiche : Blogs érotiques, films pornographiques amateurs, performances artistiques ultra-trash, témoignages télévisés plus ou moins authentiques… On pensait avoir tout vu, tout lu et tout entendu sur le sexe : ce qu’on osait demander et même ce que l’on ne voulait pas forcément savoir. Et pourtant, les nouvelles modalités de l’érotisme, la redistribution des cartes du tendre ou du genre, les enjeux liés au clonage et à l’homoparentalité nous invitent désormais à aborder la question sexuelle sous un jour nouveau.

Le MAGue : La révolution sexuelle n’avait-elle donc pas résolu un problème d’ouverture d’esprit par rapport à cette question ?

Sarah Chiche : La révolution sexuelle nous avait promis de supprimer tous les interdits. Mais, à en juger par les récents débats autour de la prostitution, de la pornographie et la sévérité croissante de la répression des infractions sexuelles, ce fantasme permissif semble avoir fait long feu. Dès lors, comment délimiter les frontières entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, tout en préservant la sphère privée et les libertés fondamentales en matière de pratiques sexuelles ?

Le MAGue : Oui, comment pensez-vous définir la frontière entre ces différentes zones de notre intimité ?

Sarah Chiche : Dès sa création il y a sept ans, L’Attrape-Corps s’est attaché à interroger la modernité par le biais de l’érotisme. Aujourd’hui, notre collection décide de s’engager dans le combat pour la liberté d’expression et contre la panique morale. Il ne s’agit pas d’envisager le sexe comme une chose répugnante ou de le sacraliser, de le surinvestir ou de nier son rôle en tant que lieu où se jouent certains rapports de pouvoir, mais bien de le dédramatiser pour en faire un objet de réflexion au même titre que d’autres comportements sociaux. Laboratoire d’idées, L’Attrape-Corps entend donc proposer un panorama des problématiques autour de l’exercice de la liberté sexuelle, via des essais engagés et exigeants mais toujours accessibles.

Le MAGue : Comment vous y prenez-vous et que trouve-t-on dans cette collection ?

Sarah Chiche : Pamphlets, témoignages, traductions inédites, mise au jour de textes anciens méconnus, nos essais sont lisibles par tous, curieux ou érudits. Et si à leur lecture d’aucuns se sentent parfois dérangés, c’est que nous revendiquons la liberté de faire rougir et parfois même de bousculer. L’Attrape-Corps est une collection de sciences humaines sur les enjeux liés au corps et à la sexualité aux éditions de La Musardine.

Au Salon du Livre de Paris, Rencontre Attrape-Corps Samedi 14 mars à 16h au stand de La Musardine avec :

Sarah ChicheDirectrice de la collection
Maïa MazauretteLa revanche du clitoris
Peggy SastreEx Utero
Sylvie ChaperonLa médecine du sexe et les femmes
(Anthologie des perversions féminines au XIXe siècle)
Gérard LenneEloge du con
Gérard ZwangDe la fellation

À paraître en avril sous la jaquette de L’Attrape-Corps : Ni homme, ni femme — Enquête sur les intersexués de Julien Picquart. Première grande étude consacrée à ce que l’on appelle les ambiguïtés génitales.