Gaza : la Guerre en Direct et sans se faire Chier

Gaza : la Guerre en Direct et sans se faire Chier

Que ce soit dans son salon ou sur le bateau de Michel Desjoyaux, personne n’est plus en mesure d’échapper à la catastrophe humanitaire qui se déroule à Gaza. Les journalistes et les analystes distingués nous en font la promotion à grand renfort d’images et de formules choc, afin que nul n’ignore ce qu’il en coûte de sortir des clous de la pensée unique. Internet est devenu le média idéal pour le faire, parce que le plus réactif et polyvalent en matière de contenu. Mais bien souvent, c’est bien tranquillement derrière un écran d’ordinateur que se joue la partie de poker menteur.

Lorsque a éclaté la guerre du Golfe, je me levais à 4 heures du matin pour capter le flux d’information de CNN, parce qu’en fonction des événements, mes camions allaient ou non pouvoir charger à la raffinerie. Je prévoyais ainsi de quelle manière allait se dérouler ma journée de travail, et à quels problèmes j’aurais à faire face un peu plus tard, en arrivant au bureau. Aujourd’hui, c’est différent, parce que les informations nous arrivent à jet continu avec Internet, et les répercussions des conflits sont immédiates. Inutile désormais de régler son réveil à pas d’heure, quelques minutes suffisent pour que la situation évolue dans un sens ou dans l’autre !

Internet est devenu le média incontournable pour tous ceux qui suivent l’actualité, et qui ne supporteraient pas d’avoir été tenu à l’écart du moindre faits-divers… En ce qui concerne un drame comme celui qui se déroule au Proche-Orient depuis la veille des fêtes de Noël, les éditions en ligne des grands supports de presse s’en sont saisis avec un sens consommé de l’exhaustivité qui n’a d’égale que le peu d’efforts qu’ils consacrent à la couverture de l’événement. Comment pourrait-il en être autrement, d’ailleurs ? L’état-major de l’armée israélienne a soigneusement filtré les journalistes autorisés à se rendre à l’intérieur du chaudron de la bande de Gaza, et la plupart se bornent à compter les tirs au but de l’artillerie de Tsahal depuis un promontoire.

L’arnaque a fait long feu, puisqu’un internaute particulièrement attentif au sujet a signalé un reportage montrant les ravages causés par une frappe aérienne avait été filmé en 2005, il est vrai lors d’une attaque de l’armée de l’Air israélienne… Les images avaient circulé sur le réseau mondial pendant tout le week-end, avant d’aboutir sur les écrans du journal télévisé de la mi-journée de France2 ! Ce n’est pas la première fois que les rédactions de la télévision se font piéger comme des bleus, mais on sent bien que l’information leur a d’ores et déjà échappé.

Non, les journaux, pour la plupart, se contentent de mettre bout à bout les dépêches qui ne leur parviennent plus sur un téléscripteur, mais directement sur l’écran des ordinateurs. Un copier-coller, et c’est parti coco ! Le résultat fait un splendide article La Guerre à Gaza Minute par Minute, vachement documenté, détaillé, garanti sans vérification. De toute façon, si c’est l’AFP qui le dit, c’est que ça doit être vrai… C’est d’autant plus sympa que le contenu enrichi d’heure en heure est à chaque édition une fois de plus indexé par Google, et ce vieux papier se retrouve en tête de la liste, alors qu’il n’a — sans mauvais jeu de mots — guère changé.

De temps à autre, ils publient des réactions recueillies auprès des assiégés, qui ont un effet pris sur le vif saisissant. Comment font-ils puisque les communications téléphoniques sont coupées, les antennes relais des portables brouillées ? Magie de l’Internet… Vous entendez ? C’est l’artillerie, lit-on dans Le Monde : on s’y croirait. Après avoir déversé ce flot d’information brute de décoffrage, certains animateurs de radio qui ont a cœur de laisser les auditeurs s’exprimer à l’antenne s’étonnent que les esprits s’échauffent. Est-ce l’expression d’une profession qui a prôné le déni de ses propres valeurs ? Restons corrects, politiquement corrects !

 

 


La guerre a fait les frais d’une image affligeante
D’enfants perdus dans les gravats, sanguinolents,
Les secours ne sont pas abondants, ou trop lents
Pendant que les soldats font la mine engageante !

Nous la suivons quand même avec une exigeante
Horreur minute après minute aux coups violents
De l’armée au pied sûr, chez nous et nonchalants,
Prêts à tout et la paix, sauf pour l’action urgente…

Rendons hommage aussi aux vrais correspondants
De presse à l’œil de verre et toujours sur les dents,
Leurs clichés nous font vivre une œuvre immonde.

Ce dont l’homme est capable en fait de destruction
Nous lasse et ne fait pas bouger le moins du monde
Ceux qui sont forts d’aller au bout de leur passion.