Harold Pinter avait déjà rendu Hommage au Cancer qui l’a tué

Harold Pinter avait déjà rendu Hommage au Cancer qui l'a tué

Harold Pinter né le 10 octobre 1930 est mort la veille de Noël 2008, ses œuvres étaient souvent associées au genre dit du théâtre de l’absurde. Il a écrit pour le théâtre, la radio, la télévision et pour le cinéma. Il est Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique et membre de l’Ordre des Compagnons de l’Honneur. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2005.

Pinter est né dans une famille d’origine russe et de religion juive du faubourg d’Hackney à Londres. Son père était tailleur pour dames. Pendant sa jeunesse, l’auteur a souvent été confronté à l’antisémitisme ce qui, selon ses dires, a largement contribué à nourrir sa vocation de dramaturge. Durant la Seconde Guerre mondiale, il quitte à 9 ans la capitale britannique et n’y revient qu’à ses 12 ans. Plus tard, il avoue que l’expérience des bombardements ne l’a jamais laché.

De retour à Londres, il entame des études à la Hackney Downs Grammar School, joue Macbeth et Roméo dans des mises en scène de Joseph Brearly puis passe brièvement à la Royal Academy of Dramatic Art en 1948. Deux ans plus tard, il publie ses premiers poèmes.

En 1951, Pinter est admis à l’Ecole Centrale des Arts de la Scène. La même année, il est engagé dans la troupe théâtrale ambulante irlandaise d’Anew McMaster spécialisée dans Shakespeare qui lui met le pied à l’étrier. Entre 1954 et 1957, il entame une tournée en tant que comédien sous le nom David Baron. Sa première pièce, The Room (La Pièce) est interprétée en 1957 par les étudiants de l’Université de Bristol.

The Birthday Party (L’Anniversaire, 1958 ) n’intéresse pas le grand public, malgré une bonne critique publiée dans le Sunday Times par Harold Hobson. Mais après le grand succès de The Caretaker (Le Gardien) en 1960, la pièce est rejouée et reçoit cette fois-ci un accueil triomphal. Ses pièces et autres œuvres de cette période, telles que The Homecoming en 1964, sont parfois étiquetées comme mettant en scène une « comédie de la menace ». Avec une intrigue réduite au minimum, elles prennent souvent pour point de départ une situation en apparence anodine mais qui devient rapidement menaçante et absurde par le biais des acteurs dont les actions semblent inexplicables aux yeux du public et des autres personnages de la pièce. L’œuvre de Pinter a dès le début été marquée par l’influence du théâtre de l’absurde et de Samuel Beckett. Par la suite, les deux hommes sont devenus amis.

On peut parler, dans les productions de Pinter, d’une première phase qualifiée de « réalisme psycholoqique » que suit une période plus lyrique avec Landscape (1967) puis Silence (1968). A cela, s’ajoute une troisième phase politique avec One for the Road (1984), Mountain Language (1988), The New World Order (1991) et d’autres pièces. Cependant, il faut pas trop prendre en compte cette classification trop simpliste, chacune des époques débordant sur l’autre. Elle oublie de surcroît certains des textes les plus forts de l’auteur comme No Man’s Land (1974) et Ashes to Ashes (1996).

Mais l’auteur à succès dont l’œuvre a été saluée par l’Académie Nobel il y a 3 ans se savait atteint d’un cancer. S’il n’a pas cherché à rendre public sa maladie, il l’a confirmée au quotidien britannique The Times, et donnait tête nue et chauve des conférences et des lectures publiques. Il avait composé ce poème en 2002 après un séjour à l’hôpital, parmi d’autres sur les sujets les plus divers, qui ont forgé sa réputation d’auteur engagé.

 

 


Cellules cancéreuses

"Les cellules cancéreuses sont celles qui ont oublié comment mourir".
(Mon infirmière au Royal Marsden Hospital)

Elles ont oublié comment mourir
Et diffusent ainsi leur vie meurtrière.

Moi et ma tumeur, nous luttons affectueusement.
Espérons désormais notre double trépas éliminé.

J’ai besoin de voir mourir ma tumeur
Cette tumeur qui a oublié comment on meurt
À défaut de ses plans pour me tuer.

Mais moi, je me souviens de la mort
Parce que tous ceux que j’ai connus le sont.
Mais moi, je me souviens de ce qu’ils disaient
À propos des tumeurs qui ont eu raison d’eux
Aveugles et sourds qu’ils étaient
Avant la naissance de cette affection
Qui a mis la tumeur dans leur jeu.

Les cellules noires croissent et meurent
Ou crient de joie à leur victoire.
Elles se multiplient nuit et jour si calmement,
Vous n’en savez rien, elles ne vous le diront pas.