Les (vrais) chiffres de l’édition

Les (vrais) chiffres de l'édition

Alors que les nouveaux auteurs ont bien du mal à se faire publier et que les maisons d’édition jettent à la benne des dizaines de milliers de manuscrits par an, les (vrais) chiffres du monde des livres donnent la nausée...

Précaution d’usage : ces chiffres ne sont pas secrets, ils sont parfaitement connus par les éditeurs mais plus rarement par les auteurs, et encore moins par les lecteurs. Le grand public peut consulter les palmarès figurant dans les journaux mais leur fiabilité est discutable, car il n’est pas rare qu’un éditeur passe un coup de fil pour faire gagner quelques places à un auteur, et les journaux peuvent difficilement refuser ce type de faveur : les éditeurs sont aussi des annonceurs.

Les chiffres de l’édition sont pourtant très bien tenus. Quotidiennement, plusieurs instituts spécialisés pratique un décompte précis des livres vendus, la marge d’erreur est donc très faible. Mais le lecteur lambda doit se contenter d’informations ayant subi quelques arrangements... Pourquoi ?

Parce qu’il n’y a pas de quoi pavoiser, tout simplement ! Les à-valoir des auteurs établis explosent tandis que les ventes dégringolent. Par exemple, ce qui se voulait être le livre-événement de la rentrée est un flop monstrueux ; je parle bien sûr de la correspondance BHL-Houellebecq. Selon l’éditeur, chaque auteur aurait touché 150 000€ d’à-valoir (300 000 selon la rumeur). Un mois plus tard, à peine 34 000 exemplaires ont été vendus, ce qui est ridicule vue la notoriété du tandem et l’avalanche médiatique orchestrée autour de la publication...

Idem pour Chistine Angot : après avoir touché 250 000€ d’à-valoir (auxquels s’ajoutent les frais de publicité), les ventes du Marché des Amants s’élèvent tout juste à 15 000 bouquins ! Pas mieux pour Catherine Millet : 500 000€ d’avance et même pas 29 000 exemplaires écoulés pour Jour de souffrance... Une bagatelle comparée à la valeur sûre du moment, Amélie Nothomb : Le Fait du Prince a été vendu à plus de 160 000 exemplaires !

Là où le bât blesse, en additionnant tous ces foirages littéraires ? D’abord, l’argent jeté par les fenêtres (alors qu’il aurait pu financer la publication de nouveaux auteurs) symbolise bien le nombrilisme d’un microcosme aussi inepte que mégalomane. Ensuite, on peine à imaginer le bilan écologique de ces désastres : les éditeurs passent au pilon des dizaines voire des centaines de milliers de livres supposés faire un tabac chez libraires... Les arbres apprécieront !

Disclaimer : les chiffres de ventes cités dans cet article sont valables à la mi-novembre 2008.