Abildgaard au musée du Louvre

Abildgaard au musée du Louvre

Nicolai Abildgaard est l’une des grandes figures de l’art nordique de la fin du XVIIIe siècle. Vous ne le connaissez pas encore ? Rendez vous alors au Louvre. Vous avez jusqu’au 9 février 2009. Cela vous donnera une occasion de sortir …

A l’évidence, le rassemblement au Louvre de cette brillante sélection d’œuvres (parmi les plus importantes d’Abildgaard) ne va pas manquer d’être une sorte de révélation. Oui, le mot n’est pas trop fort. Et cette heureuse surprise sera partagée à Hambourg (du 6 mars au 14 juin 2009). Puis à Copenhague (du 20 août 2009 au 3 janvier 2010).
On pourrait pousser le bouchon jusqu’à se demander pourquoi une telle manifestation n’a pas été organisée plus tôt. Car si Abildgaard ne vous dit rien, il est loin d’être un inconnu. Ne gâchons pas notre plaisir de le (re)voir suspendu aux cimaises de notre plus beau musée national. Cette exposition monographique est un régal ! Et elle donnera à Abildgaard la stature d’artiste à part entière – enfin ! On lui rend sa juste place dans le panthéon des grands noms de l’histoire de l’art du Danemark. Pour que vous en gardiez un témoignage, ce catalogue très approfondi est à votre disposition. Il peut être aussi un outil de travail incontournable. Témoin – avec les œuvres elles-mêmes – de la grandeur de l’œuvre d’Abildgaard.

Cette exposition permet aussi à l’école de peinture du Danemark de mieux se faire connaître. Ainsi, Abildgaard, ce faux sage néoclassique, capable de toutes les extravagances, n’est toujours pas représenté dans les collections du Louvre. Un oubli fâcheux dans sa mission de faire découvrir au public les artistes étrangers. Cette manifestation arrive donc à point nommé …

Abildgaard a peint une œuvre qui se situe au cœur des courants et événements marquant l’Europe. Et cela, malgré son éloignement géographique des centres artistiques de l’Europe méridionale. Citoyen de la monarchie absolue dano-norvégienne, il s’intéresse très tôt à la pensée européenne des Lumières. Il prend parti pour les idées de la Révolution française. Et il sera très déçu par son naufrage sous Napoléon.
Il peint sa révolte sur ses tableaux. Tant d’un point de vue esthétique que politique. Son œuvre, ouverte à de nouveaux thèmes, contient néanmoins un aiguillon de critique sociale et religieuse. Et une forte volonté de son confronter avec la tradition classique.

Il séjournera à Rome de 1772 à 1777. A son retour au Danemark, il est reconnu comme le peintre d’histoire de renommée internationale. Il semble que la Maison royale attendait depuis longtemps une telle signature. Sans parler du milieu artistique qui avait besoin de renouveau.
Abildgaard réalise alors les décors de la salle d’honneur du château royal danois. Malheureusement ravagés par un incendie en 1794.
L’étude de l’évolution de sa production témoigne de l’originalité de ses choix. Thèmes particuliers liés à son impressionnante connaissance de la culture, de l’histoire et de la littérature. Et parallèlement à son travail il se constituera une bibliothèque qui deviendra célèbre. Lieu où il pouvait méditer et se reposer, loin des tracasseries administratives qui malmenèrent sa carrière. Car sa liberté de penser ne plaisait pas toujours à la Couronne.

Cette exposition hétéroclite réunit une quarantaine de peintures et de dessin. Mais aussi quelques meubles. Un parcours fort attrayant pour découvrir un artiste qui associe, à sa technique spécifiquement nord-européenne, des thèmes liés aux idéaux humanistes. Et aux expériences liées aux soubresauts de l’Histoire.

Thomas Lederballe & Elisabeth Foucart-Walter (sous la direction de), Abildgaard (1743-1809), 230x287, relié, couverture souple cartonnée, 100 illustrations couleurs, Gallimard / Musée du Louvre éditions, novembre 2008, 160 p. – 29,00 €