Les nouvelles pin-up de la chanson arabe

Les nouvelles pin-up de la chanson arabe

Les nouvelles starlettes de la chanson arabe envahissent nos écrans.
Elles sont aujourd’hui les véritables idoles des chaînes satellitaires
arabes nourrissant les fantasmes des hommes de tout âge. Provocantes
par leurs tenues légères, leurs gestes sensuelles et leurs postures
sexy, elles sont à l’origine de la naissance d’une nouvelle vogue
artistique, celle des vidéo-clips « suggestives » qui déferlent sur
les écrans.

Quamar, Nifine, Elise, Dana, Dania, Haïfa, Rousi et Roubi sont les
nouvelles pin-up de la chanson arabe. Les hommes les idolâtrent, la
gent féminine les imite et certaines adolescentes s’identifient à
elles. Devenus véritable phénomène de société, leurs vidéo-clips sont
diffusés à tout heure de la journée à travers la panoplie des chaînes
arabes.

En effet, la vague des vidéoclips osés fait rage depuis près d’une
année. Si ces clips réalisent un succès fou, nombreux sont ceux qui
crient au scandale. Et posent la question des limites à imposer à ces
productions. « Les vidéo-clips imposent leur règles. Nos enfants se
trouvent sous l’influence de ces produits médiocres. Ces chanteuses
impudiques, presque nues, provocantes sont un dangers pour nos enfants
 », crie, scandalisée, une enseignante à la retraite. Et d’ajouter
qu’elle interdit strictement à sa fille adolescent de regarder ces
vidéos.

Une autre mère n’a pas manqué d’évoquer les problèmes monstres qu’elle
a eu avec sa jeune fille âgée de 18 ans. La jeunette, s’identifiait
aux starlettes de la chanson libanaise, notamment Haïfa, dans son
maquillage, son habillement et sa manière d’être, au point de ne plus
ressembler à une jeune adolescente, mais à une femme sexy. « Ma fille
portait des pantalons trop sérrés, se noircissait les paupières avec
un fard noir trop vulgaire, vernissait ses ongles avec un vernis
couleur sombre. J’avoue qu’à un moment je ne la reconnaissais plus »,
s’est plaint la maman.

Les parents qui désapprouvent sévèrement ce type de vidéo-clips, jugés
par certains compromettants, sont nombreux. Ils accusent premièrement
les producteurs et les responsables des chaînes de compromettre les
jeunes.

La réalité est que la fièvre des vidéoclips touche tout le monde.
Grands, petits, femmes et même hommes. Les jeunes gens les suivent
avec acharnement, ils sont branchés sur les chaînes satellitaires les
diffusant 24h/24. Et les commentaires fusent de toutes parts. « As-tu
regardé la nouvelle coiffe de Nancy Agram dans son vidéoclip ? Et la
tenue sexy de Hayfaa Wehbi ? Tu as remarqué la sensualité de Nedjla ? »
« Je ne vous cache pas que ce qui m’attire dans ces clips c’est la
tenue, la danse, la manière et l’accoutrement de ces chanteuses
« mannequins », qui se dandinent sur scène d’une manière provocante.
Cela me rend fou », confie Walid, un jeune adolescent. Son copain Réda
le soutient en affirmant qu’il est bien branché sur toutes les
innovations du monde du vidéo-clip. « Ces belles poupées nous
permettent d’échapper l’espace de quelque temps à la pression de la
réalité », explique-t-elle.

Pour certains sociologues, ce qui se fait actuellement sur les écrans
depuis ces dernières années ne s’apparente en rien aux œuvres
artistiques. Il s’agit de show, de danse, qui visent à séduire et qui
nuisent non seulement à l’art arabe, mais également au grand public
qui y assiste.

Pour Leila, enseignante, le niveau artistique du clip est devenu de
plus en plus médiocre, seuls les vêtements osés, la gestuelle
suggestive et les connotations sexuelles comptent désormais. « Je me
souviens qu’à notre époque on appréciait énormément les chansons de
Oum Khethoum ou Abdelhalim Hafez. C’était la belle époque de l’art.
Aujourd’hui on assiste à la dégradation totale du niveau du chanteur
arabe », s’indigne-t-elle. Sans mâcher ses mots, notre interlocutrice
n’hésite pas à parler du « porno-clip » et insiste sur l’importance de
la censure pour mettre un terme au déclin artistique et moral.
Véritable phénomène de société puisque de plus en plus de nos jeunes
filles, sous l’influence de ces starlettes, s’habillent à leur image.
Il faut dire aussi que même celles qui portent le voile, ont découvert
une manière très alléchante de le porter. Les couleurs vives, les
vêtements étroits et le maquillage parfait les distinguent réellement.
Manel, jeune universitaire à la fac centrale, avoue que ces
starlettes, qui frôlent la provocation certes, sont extrêmement
belles. « En les voyant, je ne peux pas m’empêcher de soigner davantage
mon look et mon maquillage. Le fait de porter le foulard ne m’empêche
pas de porter les plus belles tenues et de bien me maquiller »,
souligne-t-elle.

Dans un autre contexte, il serait intéressant de signaler que ces
starlettes alimentent réellement les fantasmes des jeunes et des moins
jeunes. L’histoire de ce jeune homme récemment marié qui a eu
plusieurs sévères altercations avec son épouse qui l’a surpris à
plusieurs reprises en train de regarder des vidéo-clips « inconvenants »
en est l’illustration vraie. Le mari ne dissimulait pas son admiration
pour ces chanteuses tirées à quatre épingles au point d’accuser sa
jeune femme de négligence tant il était sous l’influence de leur
beauté.

Enfin, il faut noter que malgré la dégradation de la qualité de la
chanson arabe, ces sex-appeals continuent à alimenter les fantasmes
des jeunes voire même à façonner leur idéal féminin.