"Il y a du nouveau sur les soucoupes volantes nazies"

"Il y a du nouveau sur les soucoupes volantes nazies"

Rédacteur en chef de La Gazette fortéenne, Jean-Luc Rivera fait l’état des lieux de la recherche anomalique au cours d’un congrès annuel, dont la 2ème édition se tiendra samedi 8 novembre à Paris. Des chercheurs et des universitaires de l’Europe entière s’y pressent pour offrir au public le meilleur de l’avancée de leurs travaux respectifs, et dispensent à cette occasion des réflexions surprenantes sur cette discipline en marge. En prévision de nouvelles de première importance, Jean-Luc Rivera accepte un entretien exclusif pour le journal Le MAGue.

Le MAGue : Quel sera le temps fort du 2ème Congrès fortéen que vous organisez samedi ?

Jean-Luc Rivera : Nous allons écouter 5 contributions différentes dans les salons de l’Atelier Z, sur des thèmes parmi les plus saillants de la recherche anomalique. Il reste encore quelques places. C’est un événement, car nous sommes parvenus à réunir 3 universitaires réputés : Massimo Izzi, qui a longtemps enseigné à Rome, et dont le Dictionnaire illustré des Monstres est une référence, va nous parler des vampires italiens, sous l’aspect de la cryptozoologie et du folklore… Georges Bertin, directeur général de l’Institut de Formation et de Recherches en Intervention sociale, à Angers, chercheur en socio-anthropologie, doit décrypter les apparitions, qu’il s’agisse de celles de la Vierge Marie ou de fantômes. Mais surtout, je pense qu’il y a du nouveau sur les soucoupes volantes nazies, grâce à la contribution de Theo Paijmans, célèbre pour ses travaux sur les OVNI et la Société allemande du Vril. Il a l’intention de nous apporter des éléments inédits sur ce sujet controversé !

Le MAGue : Theo Paijmans aurait-il donc découvert ces fameuses soucoupes nazies ?

Jean-Luc Rivera : Pas vraiment : nous n’avons d’ailleurs aucun témoignage sur de telles soucoupes, c’est-à-dire un rapport de police établissant le récit d’une Gretchen blonde au sujet d’une soucoupe arborant des croix gammées… En revanche, il existe en Allemagne des gens qui, pendant les années quarante, ont eu l’expérience de phénomènes inexplicables. Des OVNI ont été observés par des aviateurs et des marins pendant la guerre, et ce dans les deux camps, à propos de soucoupes et de boules de feu… les foo-fighters ! Mais plus encore, Theo Paijmans va nous expliquer le rôle fondamental que la littérature fantastique et de science-fiction allemande a joué dans le développement de l’idée d’engins secrets nazis. Ce pays, on ne le sait que trop peu, a été très productif dans ces genres, avant même la 1ère guerre mondiale. Il l’est resté depuis, avec par exemple, la collection des Perry Rhodan, traduite au Fleuve Noir à partir de 1965.

Le MAGue : Comment la science-fiction allemande a-t-elle contribué au mythe ?

Jean-Luc Rivera : Un certain nombre d’ouvrages de la littérature populaire fait référence à des engins qui rappellent les soucoupes qui ont été décrites après la guerre, surtout au moment de la grande vague américaine d’observations à partir de 1947. Ce que l’on ignore, c’est l’explosion de la fiction populaire après la grande guerre, et bien sûr, elle est passée ensuite sous le contrôle de la censure nazie. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle a décrit des soucoupes aux couleurs de la Luftwaffe, mais elle a fourni aux gens qui ont développé ce mythe un grand nombre d’éléments, déjà existants dans l’imaginaire. L’importance de la contribution de Theo Paijmans est que cet univers est encore inexploré, puisqu’il n’y a pratiquement pas de traductions en français ou en anglais.

Le MAGue : Est-ce un mythe, une affabulation, ou ces soucoupes nazies ont-elles existé ?

Jean-Luc Rivera : Theo Paijmans retrace les sources qui ont inspiré les gens qui ont commencé à délirer sur ce sujet à partir de 1951. Des nostalgiques du nazisme ont vu dans la littérature populaire de leur pays de quoi légitimer la défaite de la Wehrmacht et le désastre du IIIème Reich. De la même manière que la théorie du coup de poignard dans le dos a voulu absoudre l’armée allemande après la 1ère guerre mondiale, ils ont trouvé dans cette histoire un moyen d’exprimer leurs fantasmes, et ont imaginé que les armes secrètes sans cesse promises par Adolf Hitler à la fin du conflit étaient bel et bien sur le point d’être mises en œuvre. À leur sujet, Joseph Altairac a fait un sort à ce mythe dans la revue Scientifictions en 1997, sur 120 pages en béton à propos de La Légende du V7 !

Le MAGue : S’il s’agit d’un mythe, comment ces soucoupes ont-elles eu tant de succès ?

Jean-Luc Rivera : La théorie est développée dans des bouquins bourrés de références invérifiables, en tout cas pour tout ce que l’on sait. Dès qu’on arrive à ce qu’on aimerait savoir, il n’y a plus de sources ! Mais cette histoire, qui fait d’ailleurs intervenir un fameux Miethe — le bien nommé, dont on n’est même pas sûr qu’il ait existé, en a rencontré une autre ! Celle-ci prétend que Hitler disposait de soutiens logistiques ce qui lui aurait permis d’établir un refuge secret sur le continent antarctique. Elle fait intervenir l’amiral Byrd, par ailleurs véritable explorateur polaire. Cette affabulation a une origine américaine. Mais pour savoir comment ces fumisteries se sont conjuguées, il nous faudra patienter jusqu’à samedi, et entendre ce que Theo Paijmans et nos autres conférenciers vont nous dire…

 

 


En peu de temps, l’affaire est un bâton de dynamite
Qui danse autour du monde et risque à tout instant
De mettre à feu nos raisons d’être en nous mettant
En porte-à-faux quant aux remords faits à l’ermite.


Moins de grands cris pourrions-nous faire à la limite
Au sort d’un haut fait d’arme absurde et bien tentant,
Tant nous sentons d’étrange en tout signal distant…
Nos cœurs ont foi, mais c’est ainsi que naît un mythe !


Restons sereins et sûrs quand rien ne nous prend plus
Aux reins que des rumeurs en rangs dans les surplus,
L’affaire est sans doute œuvre à nous mettre à la rue.


Laissons nos sens pour l’heure au frais dans le cerveau
Ou bien le souffle accroche et se mue en verrue,
Le leurre est notre appât mais lui, n’est pas nouveau !

 

 


Le 2ème Congrès fortéen a lieu dans les salons de l’Atelier Z, 62 avenue de la Grande Armée à Paris, M° Argentine ou Porte Maillot. Réservations ICI.