La Manipulation de la Star Ac’ ne sera pas Dévoilée

La Manipulation de la <i>Star Ac'</i> ne sera pas Dévoilée

L’émission a fini par lasser après 8 ans de bons et loyaux services : il n’y aura pas de 9ème saison l’année prochaine. Les rumeurs selon lesquelles Endemol est prêt à jeter l’éponge avant le 19 décembre ont fait long feu, son directeur des programmes Yves Bigot ayant su convaincre une station de radio pour les démentir. La décision de ne pas effectuer la tournée qui la suit par tradition a été prise avant le début du programme, ce qui en dit long sur l’avenir d’un concept éculé.

Alice, Édouard, Gauthier, Joanna, Quentin, Harold et les autres auront tous le cœur serré de ne pas avoir de successeurs. Il semble même qu’ils en fassent déjà des tonnes pour que les téléspectateurs conservent de ces académiciens en herbe un souvenir impérissable. Mais tous les aménagement d’ambiance imaginés par la production, s’ils ont pour effet de réduire les coûts en période creuse, n’auront pas permis de rajeunir le concept, encore moins de le muscler…


Le huis clos est un genre théâtral vieux comme la scène. S’épier ou voir les gens tourner en bourrique est un canevas dont les scénaristes connaissent toutes les ficelles. Le vrai problème est que la Star Academy demeure une émission à bas coût, et les ressources en imagination n’ont pas été exploitées pour en faire un programme pérenne. Mettre des jeunes gens entre eux, dans une situation infantilisante est certes fertile en rebondissements, mais les ressorts ne sont pas de premier choix. Le maître en la matière demeure Fritz Lang avec sa série fameuse des Dr Mabuse, dont l’équipe d’Endemol a repris toutes les séquences, en les modernisant.


La bande d’arsouilles manipulée par le docteur fou est incarnée par de jeunes adultes qui ont des rêves de gloire en lieu et place de plans de casse, mais leur désir commun est toujours le même : échapper au chômage, au bureau d’embauche, à celui de l’agence pour l’emploi… Ils ont été choisis pour leur tempérament plus que pour leurs qualités musicales, le succès des disques produits par les gagnants à partir de 2006 en atteste. Le studio où se déroule un des moments les plus pénibles, mais des plus émouvants, ressemble en tout point à la pièce sordide où le docteur, caché derrière un rideau percé aux mites, annonce un verdict impitoyable aux indisciplinés.

Le Testament du Dr Mabuse


Toutes les ficelles sont tirées cette fois non plus seulement du dehors, par la production, mais à l’intérieur même du château, par des professeurs qui multiplient les épreuves et les humiliations pour faire sortir les élèves de leurs gonds. Chaque incartade est prétexte à rodomontades, puis à commentaires plus moralisateurs les uns que les autres. Cette semaine, Yvane a eu l’affront de leur dire son fait : si vous, professeurs, a-t-il déclaré, vous êtes passés à côté des évaluations, c’est à mon public que j’irai offrir des choses ! La sortie est par là.


L’année dernière, Raphaëlle Ricci annonce dans un communiqué son départ de l’émission le 18 février 2008 : je suis une saltimbanque, issue d’une famille de saltimbanques et je souhaite continuer ce que j’ai toujours aimé et voulu faire, travailler aux côtés des artistes. Elle reproche également à la production de ne pas lui laisser suffisamment de liberté pour travailler, ni pour exploiter les univers musicaux de chacun.


La gestion du scandale est tout l’art du spectacle. Endemol en a épuisé toutes les ressources. Des potins futiles à profusion alimentent la presse, qui devient un relais complaisant d’émotion, et renvoie l’ascenseur pour promouvoir une émission si dense en pâte humaine. Les déclinaisons et les produits dérivés sont devenus légion. Chacun y trouve son compte. Ceux-ci sont cependant soldés lorsque le bouchon est poussé trop loin.


La démission de Raphaëlle Ricci a créé un malaise dont la Star Ac’ ne s’est finalement pas relevée. Émettant l’idée que les montages la montraient toujours d’une façon défavorable, elle a brisé un tabou et fait voler le château en éclats. Qu’un professionnel montre une eau trouble dans le marigot, et tout le monde se détourne de l’illusion. Le directeur déclare ses programmes victimes de l’acharnement médiatique. Cette année, personne n’y croit plus.

 

 


Je ne l’ai jamais vue et j’en entends partout
Parler en bien, en mal, toujours en diagonale,
Mais ils ont tous les yeux rivés sur la finale :
Leur but étant d’avoir parlé de soi, surtout !


Ce phénomène est veule et me dégoûte en tout,
Rester dans ces lieux clos rend la vie infernale,
Mais ils ont dans les reins la fièvre obsidionale
Avec l’espoir d’avoir la voix d’un touche-à-tout.


Bien peu feront carrière au micro, sur les scènes
Pour s’y produire, et sans le soutien des mécènes :
Au temps de nos douze ans, c’est le radio crochet.


Songeons qu’il faut avoir du cran pour s’y inscrire,
Aux plus accommodants, on donne un beau hochet ;
Nos bestiaux d’abattoir ne me font pas plus rire…