Le Chien rouge ne doit pas crever

Le Chien rouge ne doit pas crever

Le mensuel CQFD est en danger. Pour continuer à mordre, il a besoin de deux mille abonné-e-s supplémentaires. À vos chéquiers pour offrir quelques croquettes à l’indispensable Chien rouge.

CQFD. Quatre lettres pour Ce Qu’il Faut Dire, Détruire, Développer… Né en mai 2003, l’héritier du CQFD publié par les anarchistes Sébastien Faure et Mauricius au milieu de la Première Guerre mondiale et le cousin du RIRe (Réseau d’information aux Réfractaires) tire la langue.

En septembre dernier, l’équipe de chômeurs heureux qui est aux manettes du seize pages a lancé un cri déchirant. « Flûte, Y a plus de bière… Fin août, nous débarquons dans les locaux du journal la tête pleine du souvenir du sable qui nous chatouille encore les arpions, nous ouvrons le frigo et… y a plus de bière. À peine un fragment de fromage fossilisé datant, à vue de nez, du bouclage de juillet. C’est la rentrée, il faut aller fissa au ravitaillement et p’têt’ bien racheter un frigo propre. Nous jetons un œil sur le courrier accumulé : quelques réabonnements, des factures, un relevé de compte… Nous ouvrons la missive de La Poste d’un air faussement détaché pour découvrir, horreur, que le chiffre en bas à droite est presque aussi sec que nos gosiers ! »

Traduction : la niche du Chien rouge menace de s’écrouler. « Après cinq ans de critique sociale acharnée, les joyeux galériens de CQFD ont atteint les limites de l’abnégation. Maintenant, faut du pognon !, martèlent les rebelles marseillais. Dans ce foutu canard, nous n’avons pas un seul vrai salarié, la cheville ouvrière empoche à peine quelques cacahuètes occasionnelles, nous nous usons sur des écrans aussi efficaces qu’une séance d’UV pour te griller les mirettes, nous peignons des cages d’escalier pour épargner nos finances, les dessinateurs gribouillent pour la gloire, les rédacteurs collectionnent les queues de cerise, et y a pas un kopeck pour acheter un pack ! CQFD, nous le tenons à bout de bras – et de foie – depuis plus de cinq ans. Onze mois par an à faire vivre ce journal avec les moyens du bord, soit un peu de votre oseille et beaucoup de notre huile de coude. Comme dit le Méhu à chaque fois qu’il se radine pour siroter un canon en nous regardant trimer : « J’ai jamais vu des chômeurs bosser autant ! » »

Cinq mille CQFD sont vendus en kiosque tous les mois. Deux mille lecteurs/trices sont abonné-e-s. Ce n’est pas suffisant pour survivre. Sans banque ni pub, une seule solution : CQFD doit trouver deux mille abonné-e-s supplémentaires. L’appel à pognon a été entendu, mais pas suffisamment. Trois semaines après le SOS, à peine plus de cinq cents belles enveloppes sont arrivées. Il manque donc mille cinq cents zigues et ziguettes prêts à débourser vingt-deux malheureux euros. Par bonheur, les ami-e-s de CQFD sont des gens sympas. Ça aide à patienter. Une dame met à la disposition de l’équipe un petit gîte de pêche en Dordogne. Une lectrice a déposé un pack de bière au local. Une Parisienne a abonné des bistrots sympathisants. Le Réseau Sortir du nucléaire a débloqué un fonds de solidarité. Le mensuel La Décroissance a cassé sa tirelire… Et vous ?

CQFD fera ses comptes définitifs en décembre. D’ici là, mordez les mollets de vos ami-e-s jusqu’à ce qu’ils-elles lâchent de quoi nourrir le Chien rouge. "En 2003, les bandits au pouvoir n’étaient pas vraiment complexés et leurs opposants les plus en vue étaient aussi exaltants que des endives pataugeant dans la béchamel", se souvient CQFD. Cinq ans plus tard, les raisons qui ont fait naître le mensuel mordant sont toujours brûlantes d’actualité. Ce n’est pas le moment de laisser tomber CQFD.

Ce Qu’il Faut Débourser : 22€ (ou plus en soutien) pour onze numéros. Abonnement groupés par cinq : 50€. Gratuit pour les détenu-e-s. Chèques à l’ordre de CQFD-Le Rire à envoyer à CQFD BP 70054 13192 Marseille cedex 20.

Pour avoir une idée du style de CQFD et fouiller dans les archives (vous pouvez aussi faire des dons en ligne).

Au sommaire du dernier numéro (2€ en kiosque) : l’aventure d’un Catalan qui a détourné 492 000€ en faisant 68 crédits dans 39 banques pour financer des alternatives sociales, la chronique de Jean-Pierre Levaray en direct de l’usine, des papiers sur Jean-Marc Rouillan (ex-correspondant permanent au pénitencier qui risque hélas de reprendre du service), un papier sur la centrale nucléaire du Tricastin, d’autres sur les sans-papiers, la rubrique « faux amis »… et des dessins féroces. Le numéro 61 sortira le 15 novembre 2008.

Le Chien rouge, c’est aussi une maison d’édition où l’on trouve Dialogue entre un prêtre et un moribond (de DAF de Sade), Barcelone l’espoir clandestin (de Julio Sanz Oller), C’est facile de se moquer (dessins de Berth), La ville sans-nom (sur Marseille). Les éditions Le Chien rouge sont membres du Club du livre libertaire