Boisnard ou le principe d’homo captation

PLASTIQ MEMORY est un métalangage de l’esprit sur le corps, une introspection plastique et sémantique qui ne nous épargne rien d’une vision universelle, belle et cruelle emplie de signifiés pluriels, de silences circonspects.

Le corps et l’esprit condamnés intrinsèquement à mourir, à disparaître, à être rongés par la maladie ou la vieillesse donnent une leçon d’éternel dans les flux projetés, dans l’image sauvegardée à jamais sur le disque dur de nos mémoires vitales.
Nous voilà au cœur d’une expérimentation attentive qui s’immisce dans nos consciences sans suggérer de manière malhabile, dogmatique ou obliger à penser dans un sens strict et castrateur.

L’homme hologramme s’insinue dans le papier, l’ombre ou le reflet, devient son propre avatar en transhumance. Il n’y a pas de différence entre le cortex et le squelette. Boisnard nous parle d’un même ensemble commun, assujetti aux mêmes problématiques de survie.

Œuvre de liberté et de tempérance, schémas planétaires qui touchent l’unique, l’original et déroute tous les attentismes.
La vidéo dans cette forme quasi parfaite dépasse l’hypertexte littéraire. La captation intemporelle et asynchrone de Boisnard va au bout de toutes ses logiques et marque de manière historique son art.
Boisnard nous emmène dans ses questionnements, dans sa vérité nue. A la fois metteur en scène et chose mouvante d’un drame séculaire.

Entrée en matière et en circonvolutions dans la plus précaire des observations, celle de l’humain. De l’homo erectus, corps acteur et penseur dans un même mouvement ascensionnel et précis.
L’irréalité du pixel et la mise en scène peuvent créer un champ de conscience infalsifiable.
Une posture militante qui ne force pas l’adhésion, qui la suggère, la guide dans l’émotion et la reconnaissance. Une mémoire qui s’inscrit au plus profond des pores.

Décor humide et mouvements machinaux, avancée vers la cosmogonie des poils, des jambes, des bras, du visage, des yeux et de la bouche qui projètent des sons. On sent les odeurs, les failles et aspérités derrière l’écran froid. Chirurgical et motivé, l’œil de Boisnard est une focale subjective des plus pertinentes. Elle est en perpétuelle réinvention formelle.

Dans le discours qui se mélange, dans ce brainstorming permanent, se dégagent subrepticement des halos de conscientisation, de la matière brute pour notre mémoire collective.
L’artiste joue son propre rôle, c’est la catharsis suprême bien au-delà de toutes les mégalomanies et narcissismes.

Le corps comme objet participatif, comme étude anatomique moderne offerte sans concession, sans complaisance ni désir de plaire ni de corrompre notre propre regard sur les êtres et les objets.
Mathématique de nos intimités, mécanique sourde, temps érectile, beauté au-delà des critères mouvants, Boisnard a inventé un style sensoriel. Le principe d’homo captation du réel, l’énergie multimédia de ce créateur a de beaux jours devant elle.

Philippe Boisnard sur le net

Philippe Boisnard sur le net