LA RENTREE LITTERAIRE 2008 EST MARSEILLAISE !

LA RENTREE LITTERAIRE 2008 EST MARSEILLAISE !

Eh oui, on peut le dire comme ça, même si c’est un peu exagéré… Car les auteurs marseillais sont nombreux et prolifiques, pour la plupart distrayants (ce qui n’est pas du luxe et change un peu en ces temps de grise mine), talentueux et sympathiques !
Alors en attendant Marseille 2013 (capitale de la culture…) et qu’ils redeviennent pendant 15 jours à la mode, laissez-moi vous présenter les dernières sorties de quelques trublions littéraires du Vieux-Port :

UN VOYAGEUR POUR PALERME, par Robert P. Vigouroux (éditions l’Ecailler)

Alors ça, c’est une surprise ! Voilà que Robert P. (comme on l’appelle chez nous), dynamique octogénaire, se pique de sortir un premier polar aussi surprenant que réussi, écrit avec une belle une forme de jeune homme ! Ca bouge dans tous les sens, c’est magnifiquement stylé, mais dans une langue aussi moderne qu’efficace (ça zigouille sec et le lecteur n’est pas privé de sexe !). L’intrigue nous entraîne de Paris à Palerme, pour une course-poursuite dans les coulisses de l’ « Honorable Société ». Un roman judicieusement écrit à deux voies, celles du pigeon et du tueur, pour le portait croisé d’une étrange affaire, qui se joue dans les arcanes du trafic d’armes international… et fera d’un homme ordinaire, ce « voyageur », le héros malgré lui d’une aventure qui le dépasse, mais un certain temps seulement…
Et voilà comment Robert P., qui fut un jeune poète, un grand résistant et le médecin de l’Exodus, après être devenu dans une première vie un neurochirurgien renommé, dans une deuxième vie le maire de Marseille pendant une petite dizaine d’années, se consacre aujourd’hui sous sa crinière blanche à mener une vie d’artiste, peintre amateur de talent et depuis la semaine dernière auteur de polar !

LE GUET-APENS DE PISCATORIS, par Jean-Contrucci ( éditions JC Lattès)

Il s’agit du septième volume de la série (Les nouveaux mystères de Marseille), qui fait le succès de l’auteur et la fortune de Lattès, car il s’en vend des dizaines de milliers d’exemplaires ! Il faut dire que c’est très bien, tout simplement. Pour ceux qui ont raté le coche, il est encore temps de se rattraper en découvrant les nouvelles aventures de Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal, et de son oncle Eugène Baruteau, chef de la Sûreté marseillaise. D’autant que ces nouveaux mystères de Marseille, malgré qu’ils soient chronologiques, se peuvent lire dans un total kheops !
Que nous raconte ce nouvel opus ? Par une aube glacée de janvier 1907, notre reporter, qui s’est laissé entrainer par son oncle à une battue au sanglier, est témoin d’un meurtre. Qui a tiré sur Raymond Cadenel ? Les ennemis ne manquaient pas au paysan-chasseur de Saint-Marcel (à l’Est de Marseille), fâché avec tous ceux qui lui reprochaient d’avoir vendu la terre de leurs ancêtres aux industriels de la vallée de l’Huveaune. Les langues se délient, les secrets de famille ressurgissent, un écheveau de haines ressassées et de passions refoulées que Raoul Signoret devra pourtant dénouer…
Un beau roman rétro mais jamais trop, qui nous démontre qu’il n’y a pas si loin de la vengeance paysanne à la tragédie grecque !

LA SAMARITAINE ET LE VIEUX PORC, par André de Rocca (éditions Autres Temps)

Encore une saga, celle de Marcel Rustino, double de fiction que « Dédé » de Rocca met en scène dans une série de romans policiers qui se suivent et se ressemblent, pour notre plus grand plaisir ! Il s’agit chaque fois d’un prétexte à se promener dans Marseille, à la découverte des mœurs autochtones, sur les traces de Rustino, journaliste pour qui les catastrophes glissent sous la semelle comme des crottes de chiens… Qu’il pose le pied quelque part, et c’est dans la merde !
On ne présente plus Dédé de Rocca, connu de tous les Marseillais pour être ze figure du journalisme olympien, qui depuis quarante ans ne mâche ses mots ni à la télé, ni à la radio, ni dans les journaux, disant souvent avec justesse le contraire de tout le monde ! Et il faut avoir du courage lorsqu’on parle de l’OM en particulier et du sport en général, pour mettre les pieds dans le plat, c’est moi qui vous le dis ! Parce qu’il y a souvent des sous et de la politique en jeu…
Eh bien Dédé écrit ses romans comme il parle, on croirait à le lire entendre sa voix bien connue de fumeur de Gitanes, faisant la part belle aux digressions et se voulant un auteur léger ! Il le revendique volontiers, alors concédons le lui : lire La samaritaine et le vieux porc ne vous filera pas la migraine… mais devrait vous faire bien rigoler, aussi déconnant qu’un apéritif entre amis.

SAINT-PIERRE ET NUQUE LONGUE (LE POULPE), par Serge Scotto (éditions Baleine)

On ne présente plus Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, qui a été le héros récurrent de plus de deux cent titres, qui ont plus ou moins bien marché. Car la série a été victime de son succès, certains contributeurs n’étant pas toujours à la hauteur des ambitions de Jean-Bernard Pouy qui il y a une bonne quinzaine d’années créait le personnage… avant de refiler le bébé à toute une génération d’auteurs plus ou moins expérimentés. Car c’était ça, la grande idée : un héros témoin de son temps, incarnant autant de points de vue pertinents que possible grâce à la totale diversité des plumes noires, et l’occasion au passage de donner une première chance à des auteurs débutants en mal de se faire remarquer par les éditeurs.
Ce n’est pas le cas de Serge Scotto, qui a déjà une quinzaine de romans derrière lui, dont le cultissime Massacre à l’espadrille, et qui signe là un Poulpe pour les vrais amateurs de la série dont il est, extrêmement fidèle au personnage. Son Saint-pierre et nuque longue vient d’ailleurs d’être distingué lors des récents Balcons du Polar, où il a reçu la Plume d’Or des mains du jury, présidé cette année par Alfred Mauro, Franz-Olivier Giesbert et Olivier Descosse.
Signalons que le même Serge Scotto sort également cette semaine GAGNANT A VIE, aux éditions L’Ecailler : un roman noir dans les coulisses du monde du livre, puisqu’on y suit Herbert Turaive, Prix Goncourt par accident et véritable tueur à gages, qui se voit confier un nouveau contrat, assassiner Gilles Del Pappas (romancier bien réel, celui-là), son confrère et son meilleur ami. Ca a l’air bien, comme d’hab, mais comme je ne l’ai pas encore lu je vous en parlerai une autre fois si j’ai envie.