Sodomie et masturbation : les deux mamelles du plaisir féminin

Sodomie et masturbation : les deux mamelles du plaisir féminin

C’est en recevant le petit dernier de la collection Osez, basé sur la masturbation féminine, que j’ai retrouvé dans la pille celui consacré à la sodomie. Oublié dans le volume des services de presse. L’occasion était trop belle de traiter de concert ces deux tabous.

Convenez-en avec moi : le plaisir sous certaines formes est encore tabou. Les femmes sont censées ne pas se toucher. Quant à la sodomie, mon pauvre monsieur, ne m’en parlez pas. Nous sommes tous coupables. Merci à la tradition judéo-chrétienne ! Non, le corps n’est pas impur. Et le plaisir n’est pas coupable !
Le verbe sodimiser n’est pas un vilain mot. Et si la vulgarité a gagné ses lettres de noblesse en imposant son synonyme, enculer, à tous les coins de phrases, ce n’est pas une raison pour en oublier sa respectabilité étymologique !
Et encore aujourd’hui, à l’heure d’Internet, très peu – trop peu ! – d’informations circulent. Même Freud, qui a différencié les orgasmes clitoridien et vaginal, ne souffle mot de l’orgasme anal féminin, ni des masculins d’ailleurs ! Ainsi, le véritable continent noir du plaisir, c’est bien la sexualité anale, par-delà le masculin et le féminin … Car j’en connais des hommes, hétérosexuels affirmés, qui ont osé, et ont aimé, se retrouver empalé par leur compagne muni du gadget adéquat. Et leur éjaculation n’a jamais été aussi violente, et leur plaisir soutenu … Oui, se faire sodomiser est un plaisir rare permis aux deux sexes, sans aucune connotation perverse ou déviante. Juste le plaisir. Le seul plaisir …

En cela ce guide est une première. Très bien documenté. Imagé et parfaitement écrit, sans fioritures sans voyeurisme. Avec un historique précis. Des détails scientifiques. Des conseils. Des témoignages et des idées de jeux sexuels seuls ou à deux. Un guide indispensable pour s’ouvrir de nouveaux horizons et découvrir son corps de la plus belle des manières.
Car c’est un plaisir physique hors du commun. L’orgasme anal, s’il est le plus difficile à conquérir, est aussi le plus complet. Le plus intense.
C’est l’orgasme androgyne qui libère de l’oppression du genre. Qui fait exploser le carcan d’une identité génitale. C’est l’orgasme pansexuel : femme, homme, trans ou hermaphrodite, hétérosexuel ou homosexuel, bisexuel, etc. ; bref tout un chacun peut apprendre à donner et à recevoir ce plaisir-là …

Sinon, mesdames, vous pouvez aussi vous amuser toute seule. Oui, enfin, la masturbation féminine est en voie de réhabilitation. Certains osent même faire l’éloge de cet art subtil. Et laissent entendre qu’il pourrait répondre favorablement aux cas de frigidité. D’utile la masturbation deviendrait tendance.
Attention ! alors à ne pas tomber dans l’excès inverse. Et n’oublions pas qu’il y a une vie en dehors des cercles parisiens. En province nombreuses sont de mes amies qui hésitent encore. Mesdames, il n’y a pas de honte à avoir ! Et n’hésitez pas à demander à votre homme ce que vous aimez. Et soyez précises dans vos requêtes. Cela se joue au millimètre près …

L’onanisme féminin n’est pas un péché mortel (sic). Même s’il est frappé du sceau de l’infamie depuis des siècles. Il n’est pas porteur de maladies – voire de folie – comme l’y associaient les sociétés hygiénistes. Et il n’est pas signe d’une immaturité psychologique, comme certains psychanalystes à deux sous ont tenté de le faire croire !

Ce guide arrive donc à pic pour remettre les pendules à l’heure. Mes camarades féminines pourront à loisir y apprendre l’historique et les idées reçues. Comment jouer avec leur corps. Quelles pensées s’y associent. Quels sont les fantasmes de ces messieurs rapport à leur clitoris. Etc.
Mais si l’acte de se masturber commence à échapper à la censure il faut lui éviter d’être récupéré par le camp des normalisateurs. Il n’y a pas à culpabiliser de ne pas le faire, comme de le faire ! Et il ne faut pas succomber aux marchands du temple qui vantent onguents et jouets censés aider au plaisir. Nous avons encore nos mains, que je sache !

Ne perdons pas de vue que la masturbation est un plaisir pour soi. Un plaisir de l’intime. Précieux. En parler, le montrer, est un cadeau que vous faîtes à l’autre. En aucun cas un examen de passage.
Le message qui pourrait résumer ce manuel c’est :
"N’écoutez pas les leçons des sexologues et autres gourous. Branlez-vous joyeusement et sans retenue !"

Coralie Trinh Thi, Osez … la sodomie, La Musardine, juin 2007, 172 p. – 8,00 €

Jane Hunt, Osez … la masturbation féminine, La Musardine, juin 2008, 137 p. – 8,00 €