Laurence Ferrari n’a pas le Temps de s’éclaircir les Racines

Laurence Ferrari n'a pas le Temps de s'éclaircir les Racines

Avec un nom et un physique tels que les siens, Lolo Ferrari aurait pu faire l’affiche du Crazy Horse, mais elle a choisi pour scène le petit écran, où elle remplace à partir de lundi soir l’indéboulonnable PPDA pour présenter le journal télévisé de 20 heures… Erreur de casting ? En 20 ans de carrière, la journaliste est devenue un symbole pour une génération qui a fait de the girl next door un fantasme obsessionnel.

En effet, Laurence Ferrari, avec en plus des talents d’intervieweuse gagnés sur Canal + qui vont bien nous servir, reconnaît son nouveau patron, Jean-Claude Dassier, n’est pas née de la dernière averse. Elle a déjà fait la doublure de Claire Chazal de juin 2002 à juin 2006, tout en présentant 7 à 8 avec Thomas Hugues, dont elle est l’épouse à l’époque. La 1ère chaîne a été son employeur pendant la moitié de sa carrière professionnelle, et c’est elle qui l’a mise en avant.


Après avoir suivi des études en communication à l’École des Attachés de Presse à Lyon, elle pige pour le bureau lyonnais de l’Agence France-Presse, et pour l’édition Rhône-Alpes du Figaro Magazine. C’est à partir de 1994 qu’elle entre à la télé, où elle reprend sur la 2ème chaîne, chez Michel Drucker, la chronique santé qu’elle tenait sur l’antenne d’Europe 1. En 1997, elle rejoint la chaîne d’information LCI, où elle présente les journaux de la tranche horaire, 6-10 heures, et prend place dans l’équipe de Combien ça Coûte ? sur TF1.


D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, Laurence Ferrari s’est passionnée pour le journalisme audio-visuel, et c’est l’essentiel de ce qu’ils ont retenu d’elle… Les téléspectateurs savent peu de choses à propos de ce qui fait courir cette étoile montante des médias, et rien du tout des goûts et des couleurs de ce mignon minois qu’ils fréquentent de plus en plus assidûment, mais par écran interposé. Si la journaliste a toujours paru très curieuse de tout ce qui l’entoure, elle est restée discrète sur sa vie et la presse a du mal à donner quelque relief à ses lecteurs d’un personnage assez lisse pour ne pas paraître mystérieux.

Une Professionnelle de la Profession


S’il a semblé opportun à TF1 de miser sur une rivalité entre Claire Chazal et Laurence Ferrari entre 2002 et 2006, ce fut en pure perte, car la cadette a toujours accepté de rester à sa place. Elle n’est pas du genre à bouleverser les règles, et lorsque Le Parisien la presse de se positionner par rapport à son prédécesseur au journal télévisé, elle avoue sagement : je vois cela comme une continuité… L’air effronté de la journaliste, alors qu’elle agaçait les personnalités du monde politique sur Canal +, ne serait qu’une posture ? Il paraît que c’est Rodolphe Belmer, le directeur général adjoint, qui lui a suggéré de sourire quand elle pose des questions tranchées. En vrai, Laurence Ferrari est une fille sage qui sait quelle est la place réservée aux femmes dans une société machiste, et avancer ses pions en jouant de ses atouts sans bouleverser la partie : je suis très stoïque ; si je n’avais pas présenté le 20 heures, je n’aurais pas été malheureuse



Si elle veut bien concéder que c’est le "job" de ma vie, qu’elle est prête et qu’elle en a hâte, elle n’a pas l’intention de provoquer une révolution dans l’antre du conformisme : je vais m’inscrire dans cette grande tradition du JT qui est l’ADN de la chaîne. La personnalisation à outrance des présentateurs est dommageable dans notre métier. Moi, je suis journaliste. Peu importe qui présente le journal. Les gens viennent voir TF1. Laurence Ferrari connaît son patron, sait ce qu’il veut, et surtout pas de vagues ! Sur la chaîne cryptée le 21 octobre 2007, au moment où Nicolas Sarkozy allait désavouer le vote populaire au sujet de la constitution européenne, elle n’a même pas demandé à François Hollande son avis sur un référendum, mais préfère l’interroger sur les divisions au sein du Parti socialiste. Le 10 février suivant, face à Laurent Fabius qui affirme que la consultation populaire s’imposait, elle précise en lisant ses notes que le Président avait annoncé pendant sa campagne une ratification par les parlementaires.


Bien que Laurence Ferrari soit une jolie femme et reconnaît que sa silhouette a peut-être joué au début, elle sait très bien qu’à la télé une ravissante idiote qui ne sait pas articuler deux mots sans bafouiller n’a pas sa place dans ce métier-là. C’est donc dans un monde de brutes qu’évolue la journaliste, qui cherche avant tout la reconnaissance de ses pairs. Et c’est un beau compliment que lui adresse Jean-Claude Dassier en l’accueillant au journal télévisé : ce n’est pas un aboutissement, mais le début d’une histoire qui va la mener loin. Les hommes, elle y fait très attention, et sait, à l’instar de Claire Chazal, qu’il vaut mieux composer avec eux pour accélérer sa carrière : avec les hommes on a une relation de compétition, il faut faire mieux parce qu’on est une femme. À TF1 cependant, elle avoue que le rapport de force est plus équilibré, parce que les femmes y sont majoritaires et puis Thomas Hugues, son mari, veillait au grain ! En 20 ans, les choses n’ont pas changé à la télévision, vitrine de notre société, elles ont tout juste un peu évolué.

Ne pas Provoquer le Qu’en dira-t-on


Fille de l’ancien député-maire UDF Gratien Ferrari et originaire d’Aix-les-Bains, la présentatrice-vedette du journal de 20 heures connaît les codes de la bourgeoisie et les attentes d’un public recruté dans toutes les strates de la France moyenne. Elle raconte au journal Le Parisien les étapes de son recrutement par Nonce Paolini : il voulait savoir quelle vision j’avais du journal en général, quel projet éditorial je pouvais proposer. On n’a parlé que de journalisme et d’information. Le corollaire, et cela m’a surprise, c’est qu’il m’a demandé si j’étais capable de gérer la médiatisation. Cela fait dix ans que je gère cet aspect et je pense en avoir une bonne idée. La proposition du 20 heures est tombée lors du deuxième rendez-vous. Il n’est pas facile de prêter le flanc à la polémique et aux rumeurs les plus absurdes, quand bien même on s’est toujours cantonné au rôle de faire-valoir en arborant un gentil sourire. Laurence Ferrari a bien l’intention de continuer de répondre à côté.


À l’automne dernier, tous les Français se ne soucient plus que de l’avenir sentimental du chef de l’État, qui vient de divorcer alors qu’une grève dure paralyse les transports publics… Certains rapportent que Nicolas Sarkozy aurait rencontré discrètement la journaliste à Aix-les-Bains, à son retour de Corse le 31 octobre 2007. La rencontre, qui a duré quelques heures, aurait eu lieu au domicile d’une amie coiffeuse de la vedette… Le 25 novembre suivant, le tabloïd The Daily News publie un article évoquant une liaison entre Laurence Ferrari et le président de la République. La rumeur circule dans les rédactions. Les jours suivants, le site Internet de Marianne et le journal gratuit Metro s’en font l’écho. La journaliste attaque en justice et gagne son procès. Quelle est la prochaine ? Laurence Ferrari n’a pas l’intention de changer la donne et se soucie plus de son propre destin que de faire tourner les têtes : nous voulons faire un journal collectif, utiliser les compétences des chefs de service, tout en permettant à la jeune génération de faire ses preuves. Il n’y aura donc pas de conflit de génération à TF1 et paix dans les chaumières !


L’ambition de continuer à présenter tout le temps un visage lisse et quelque peu factice est tout de même en débat. Le blond platine est la couleur la plus appréciée à l’écran, mais une chevelure d’un noir de jais passe aussi très bien à la télévision. Les cheveux châtains sont toutefois passe-partout, trop communs… Les racines étaient tendance il y a quelques années, elle est dans l’obligation de faire des mèches pour les dissimuler au mieux, le temps et les impératifs de maquillage ne lui permettant pas de les traiter toutes les semaines. Ça lui donne un style coiffée-décoiffée qui est l’astuce à laquelle beaucoup de femmes ont recours. Combien de temps Laurence Ferrari sacrifiera-t-elle aux conventions ? Il semble que le temps des monstres sacrés soit passé de mode, et la présentatrice-vedette du journal de 20 heures le plus regardé pourrait bien se satisfaire de n’être que la femme d’à-côté, le fantasme de tous les hommes de sa, de notre génération.

 

 


Plus ça change, et mieux c’est dans ce joli programme,
Mais il vaut mieux rester dans le droit fil des mœurs,
Ne pas choquer, surtout ne pas tendre aux rumeurs
Une oreille un peu sotte et ne pas prendre un gramme.


Les faits du jour font foi s’ils sont par télégramme
Quand il suffit de fuir le nombre des chômeurs,
Nous sentons le ministre un peu sourd aux clameurs,
Mais tenons-nous ce soir aux traits sur le diagramme.


Plus ça change, et nos cœurs sont en tout point pareils
Tant que nous n’avons pas de meilleurs appareils :
Chacun porte en soi l’œuvre et le cours de sa vie…


Plus ça change, et le monde a pris son mythe à cœur,
Ce n’est plus par hasard qu’il faut nous faire envie
De s’exposer sans frein même au regard moqueur !