Les Chinois accusés de Triche aux Jeux Olympiques de Pékin
700 millions de Chinois, et moi, et moi, et moi ? chantait Jacques Dutronc en 1967… Tout d’abord ébloui par la performance de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, le monde se demande à présent si les Chinois ne sont pas en train de confisquer l’événement à leur profit. Leurs athlètes brillent dans toutes les disciplines, et si les autorités politiques et sportives ont d’abord mis la pédale douce en affichant des ambitions modestes, le rouleau compresseur chinois écrase tout le monde au cours de cette grande manifestation fraternelle.
Un très petit nombre de gens sont venus en Chine seulement pour chercher la petite bête afin de pouvoir découvrir ce qu’il peut y avoir à critiquer et à dénigrer. Leur dénigrement ne signifie aucunement que nous n’avons pas fait honneur à nos engagements et que nous n’avons pas rempli nos obligations, a déclaré Wang Wei, vice-président exécutif et porte-parole du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Pékin, en répondant à une question posée jeudi au cours de sa conférence de presse. Il a indiqué qu’effectivement il existe partout des exceptions et qu’il y a toujours des gens mécontents et insatisfaits. Mais nous agissons toujours conformément aux lois et aux règlements. Nous devons préserver l’unité du pays et l’empêcher de plonger dans le désordre. Certainement, nous accueillons favorablement les propositions, les suggestions et les critiques constructives et nous souhaitons que chacun exprime librement son point de vue.
L’opinion de beaucoup de gens qui assistent à l’expression de la volonté de puissance chinoise est qu’en collectionnant les médailles à Pékin, les Chinois ont tout fait pour l’emporter à domicile, et ne laissent à leurs invités que les miettes. Avec 41 médailles, dont 26 en or dimanche soir, la Chine se hisse au 1er rang mondial, talonnée par les États-Unis avec 46 médailles, dont 14 en or, mais loin devant toutes les autres nations ! L’Allemagne est sur la dernière marche du podium avec 14 médailles, dont 8 d’or, et la France arrive à la 9ème place avec 18 médailles, dont 3 en or… Alain Peyrefitte avait eu raison en pronostiquant une éventuelle domination du quart de l’humanité, aujourd’hui la Chine s’est réveillée.
Son tout nouveau, mais prévisible leadership expose évidemment la Chine aux critiques, voire aux accusations de tricherie. Alors que les experts en matière de sports font désormais état publiquement de doute en ce qui concerne la préparation des athlètes chinois, le New York Times affirme avoir retrouvé des documents concernant une compétition à Chengdu le 27 janvier 2006, indiquant que la gymnaste He Kexing est née le 1er janvier 1994, et non le 1er janvier 1992, comme le stipule son passeport chinois. Après enquête, il s’avère que le registre des gymnastes chinois affiche effectivement 1992, mais le cache de Google conserve la trace du 1er janvier 1994 ! He Kexing n’aurait donc que 14 ans, et ce phénomène international des barres asymétriques ne devrait pas avoir le droit de participer aux Jeux Olympiques.
Pour la plupart des entraîneurs de gymnastique, l’intérêt de la jeunesse tient dans un gabarit encore plus léger et dans une plus grande témérité. La fédération américaine de gymnastique s’est inquiétée auprès de la fédération internationale, mais la Chine ayant fourni un passeport confirmant sa date de naissance, nous ne pouvons pas enquêter plus, regrette la fédération. Une autre sportive chinoise, enregistrée elle aussi vendredi dernier dans l’équipe olympique de gymnastique, fait l’objet de soupçons identiques. Jiang Yuyuan a un passeport indiquant qu’elle est née le 1er novembre 1991, elle a donc 16 ans, alors qu’elle aurait été inscrite dans d’autres compétitions comme étant née le 1er octobre 1993. Elle aurait elle aussi seulement 14 ans. Ce n’est pas la première fois que la gymnastique est confrontée avec un scandale de cet ordre. En 2000, la chinoise Yang Yun avait remporté deux médailles, avant de reconnaître elle-même qu’elle avait 14 ans au moment des Jeux de Sydney.
Le préparateur de l’équipe chinoise d’escrime est français. Ils m’ont recruté pour une médaille d’or olympique, mais j’avais seulement deux ans pour le faire, raconte Christian Bauer. C’était un grand défi, mais les joueurs chinois sont très forts physiquement et techniquement, il ne sont pas mal. Je pensais que je pouvais leur apprendre l’escrime réelle en 2 ans seulement. Le maître d’armes a cependant cherché à régler d’autres problèmes avant d’accepter d’être l’entraîneur de l’équipe chinoise : il a trouvé que les Chinois s’entraînent très dur pendant 10 heures par jour, 7 jours par semaine. Ils persévèrent même dans l’entraînement, alors qu’ils sont blessés, une opiniâtreté qui choque Christian Bauer.
Ils travaillent trop, mon travail était de mettre fin à cela ! Christian Bauer estime qu’il est très important de profiter de l’escrime et d’avoir du plaisir. Il a donné aux escrimeurs des jours de congé et les a amenés à faire une randonnée en montagne près de la base d’entraînement chinoise. Sa stratégie s’est révélée efficace, et comme son équipe a dominé les Jeux asiatiques de 2006, elle a aidé l’entraîneur à convaincre les responsables chinois. Leur précédente compréhension de l’escrime était trop superficielle. S’ils peuvent mieux comprendre, ils peuvent être très puissants, a-t-il révélé. Estimant que les Chinois pratiquaient l’escrime de façon brouillonne à cause de leur précipitation, alors que l’escrime possède une vitesse différente, il faut sentir son corps et sentir sa vitesse, ses efforts pour calmer le jeu ont porté des fruits en 2007, lorsque Tan Xue remporte 5 épreuves de la Coupe du Monde et le titre de n° 1 mondial, après avoir échoué en finale à Athènes. Il a également aidé Wang Jingzhi à remporter la Coupe du Monde en sabre messieurs la même année…
L’abnégation des athlètes et quelques aménagements avec la réalité ne sont pas seuls en cause. Alors que 3 cas de dopage sont révélés dans la 1ère semaine de compétition, les soupçons vont bon train dans les médias et les délégations. Les Chinois se servent en même temps de la médecine traditionnelle, avec ses savoirs millénaires, et de la médecine contemporaine. Je n’exclus pas que les Chinois utilisent des moyens pharmacologiques qui ne figurent pas dans la liste de l’Agence Mondiale Antidopage a déclaré Guennadi Chvets, porte-parole du Comité Olympique russe dans un entretien à l’agence russe RIA Novosti. Il est possible que les Chinois recourent à des recettes de la médecine populaire ou alors à des médicaments élaborés récemment.
Ainsi, la suprématie chinoise n’est pas due au hasard à Pékin, selon cet officiel qui affirme sans détour : la sélection chinoise fait la course en tête et glane la plupart des médailles aux Jeux Olympiques de Pékin, grâce aux succès chinois en pharmacologie. À l’heure actuelle, les sportifs chinois détiennent autant de médailles d’or que les sélections américaine et allemande réunies, se plaît-il à comparer avec une moue dubitative. Quelqu’un invente quelque chose, et le lendemain le sportif saute à 5 mètres sans perche. Et si les effets nocifs de la préparation sont reconnus, le sportif conserve sa médaille, puisque la loi n’est pas rétroactive, a-t-il expliqué à la presse russe.
Il s’inquiète et prédit que dans les années à venir, les Chinois ne trouveront pas d’adversaires à leur mesure. Il est possible qu’à Londres, les Chinois gagnent encore plus de médailles qu’aujourd’hui. Ils progressent ! Cette énorme domination est-elle en mesure de tuer le sport ? Les inquiétudes sont peut-être un aspect de la crainte qu’exprime nombre de personnes à la perspective d’un nouvel ordre mondial et de la nécessaire redistribution des cartes. Le succès chinois s’explique, entre autres, selon Guennadi Chvets, par d’incroyables ressources humaines. Avec une population de 1,5 milliard de personnes, ils ont le choix. Les Chinois effectuent une sélection parmi les jeunes, choisissant des enfants talentueux. De même, ils ont de grandes ressources matérielles. Seule la Chine connaît un tel niveau de préparation préolympique : des camps d’entraînement, des bases ressemblant à des casernes où les sportifs passent des journées entières. Les Chinois s’entraînent plus que les autres, a conclu le porte-parole du Comité Olympique russe.
Je ne m’attendais pas à un grand nombre de cas pendant les Jeux, a indiqué le Suédois Arne Ljungqvist en évoquant le dopage. Il y a eu beaucoup de cas avant les JO et du coup, il y en aura peut-être moins pendant. Nous sommes à 3 après une semaine de compétition, en extrapolant on peut s’attendre à 6, en tout cas moins de 10, mais c’est de la spéculation estime ainsi le président de la commission médicale du Comité International Olympique. Réagissant aux commentaires soupçonneux d’entraîneurs étrangers envers la performance des nageuses chinoises, il a estimé que c’était un abus de position officielle de mettre en question les performances des autres de manière indue. Juste avant que ne commence la manifestation, le président du CIO Jacques Rogge, avait estimé qu’en extrapolant le nombre de positifs des Jeux d’Athènes (26) par rapport au nombre de contrôles, on pouvait s’attendre à 30 à 40 cas de dopage à Pékin.
Le bilan est donc globalement positif et la directrice du Département de la Presse et de la Propagande et porte-parole du CIO Gisèle Davies a déclaré de son côté que les organisateurs des Jeux Olympiques de Pékin ont fait de leur mieux pour satisfaire les sportifs et les athlètes et que c’est ça le plus important. Même au prix de quelques artifices ou de mystifications… Dernière controverse en date au sujet de la cérémonie d’ouverture, les téléspectateurs se souviennent peut-être de ces enfants qui avançaient en procession derrière un large drapeau chinois, tous vêtus d’un costume représentant une ethnie différente de la Chine. Les petits danseurs qui ont défilé dans le stade national étaient en fait tous de la communauté majoritaire Han, même s’ils portaient un vêtement traditionnel tibétain, mongol, ouïghour, miao ou mandchou. Interrogé vendredi sur la question, Wang Wei, vice-président du Comité d’Organisation, a estimé que la presse était trop pointilleuse.
La scène diffusée par les télévisions du monde entier devait montrer la mosaïque de populations formant la Chine, pays le plus peuplé du monde, qui s’étend de l’océan Pacifique jusqu’à l’Asie centrale. Le programme officiel distribué à la presse étrangère mentionnait : 56 enfants des 56 groupes ethniques chinois entourent le drapeau national chinois, représentant les 56 groupes ethniques. Ils appartenaient tous à l’ethnie qui représente environ 90% des Chinois, a révélé imprudemment Yuan Zhifeng, directeur adjoint de la compagnie de danse Galaxy. Ils étaient très naturels et mignons, a-t-il ajouté au Wall Street Journal.
Je ne vois pas en quoi le lieu d’origine des enfants pose problème, a déclaré Wang Wei. Il a démenti toute tricherie en assurant qu’il était coutumier en Chine d’habiller les enfants de tenues traditionnelles régionales pour des fêtes, même si cela ne correspond pas à leur lieu de naissance : c’est tout à fait habituel pour un spectacle chinois. Cette affaire, qui survient au moment où la Chine a fort à faire avec des minorités rebelles au Tibet ou au Xinjiang, province des Ouïghours, pourrait constituer la troisième controverse ternissant la cérémonie. Les organisateurs des Jeux ont déjà dû concéder que le programme télévisé comportait des images truquées et montées de feux d’artifice. Le directeur musical du spectacle a ensuite reconnu qu’une fillette chinoise qui avait chanté lors de la cérémonie l’avait fait en play-back, la véritable chanteuse n’étant pas assez jolie pour passer à l’écran.
Cette autre affaire est symptomatique de l’importance des Jeux Olympiques pour cimenter la nation la plus nombreuse du monde, et qui s’est réellement constituée autour d’une doctrine d’inspiration internationaliste. Aux yeux des autorités chinoises, cet événement est l’occasion de réaliser la cohésion nationale et d’offrir aux générations futures l’image d’une communauté mobilisée vers le même objectif. C’est aussi le sens que vient de donner un institut statistique chinois, qui entend montrer que 99% de la population pékinoise porte un intérêt particulier à la grande fête olympique et y participe volontiers. L’enquête, effectuée grâce à la distribution de questionnaires dans la ville organisatrice, a reçu plus de 3.400 réponses. Moins de 1% des personnes interrogées a choisi comme réponse n’avoir pas participé aux Jeux Olympiques de Beijing sous quelque forme que ce soit. Des enquêteurs ont indiqué que l’enthousiasme de la population pékinoise pour les Jeux Olympiques est reconnu par tous, mais que les résultats de l’enquête ont quand même dépassé toutes les prévisions.
La statistique indique en outre que l’amélioration de l’environnement de la capitale et les efforts consentis à l’écologie et la propreté sont acceptés et appréciés par la grande majorité de ses habitants. Plus de 80% des personnes sondées pensent que les mauvaises habitudes de jeter les ordures et les déchets n’importe où et de passer avant son tour dans une file d’attente ont diminué. Quant à la signification de la cérémonie d’ouverture, la plupart des gens ont choisi la réponse marquer et faire valoir le trait distinctif et l’esprit de la nation chinoise en soulignant qu’elle est la description la plus juste et la plus appropriée.
Ils sont les plus nombreux et ils sont les plus forts :
C’est trop pour consentir qu’on leur a fait confiance
En cédant dans un souffle à notre insignifiance…
Nous voilà pris d’assaut le long des contreforts !
C’est juste un privilège accordé aux pieds-forts
Que d’offrir le primat du sceau pour qu’il nous fiance,
Nous pouvons tout au plus faire assaut de méfiance,
Mais nous n’y pouvons rien tant ils ont fait d’efforts.
S’ils ont trouvé tout seuls la poudre et l’artifice,
Nous en avons touché tout juste un bénéfice
Or, les voici qui vont nous le prendre en escrocs !
Ils sont aussi très forts pour nous chercher des noises
Et vont bientôt tout prendre en nous montrant les crocs,
Rappelons-nous que les additions sont chinoises…