Auto Plus : les Journalistes font tout pour relancer l’Affaire Dreyfus

Auto Plus : les Journalistes font tout pour relancer l'Affaire Dreyfus

L’émotion est à son comble après l’arrestation d’un membre de la rédaction d’Auto Plus, sa garde à vue et la perquisition des locaux de la revue automobile. La publication, visée pour avoir livré au public des informations relevant du secret industriel, s’étonne de la disproportion des moyens employés par la justice afin de démasquer le ou les coupables, tandis que l’ensemble de la presse monte au créneau pour s’arroger le droit d’attaquer impunément aux personnes physiques ou morales, comme aux intérêts supérieurs de la nation.

Une information judiciaire est ouverte pour abus de confiance, recel d’abus de confiance, recel de modification de données résultant d’un accès frauduleux à un système informatique, atteinte aux droits du producteur d’une base de données informatique, contrefaçon, révélation d’un secret de fabrique et recel. À seule fin de viser le sensationnel et l’originalité, Auto Plus a diffusé des informations sur un projet de véhicule à plus long terme, et non, comme cela a été d’abord supposé, le modèle de Mégane qui sera présenté en septembre prochain, ce qui constitue pour le constructeur français un préjudice bien plus important.


C’est un lieu commun de souligner l’intérêt que possède une simple photographie ou même une vue d’artiste pour la concurrence ou les contrefacteurs. Il en est un autre de relever qu’un des aspects de la course aux armements pendant la guerre froide s’est déroulée dans les colonnes d’un très discret magazine britannique : une image d’un aéronef, d’un navire ou d’un char d’assaut réduisant à néant de longs et coûteux efforts de recherche sur les systèmes d’armes de la partie adverse.


Cela tue la création, autant qu’on donne aux journaux et aux concurrents nos modèles. Ça sert à quoi de faire la recherche ? On met la clef sous la porte. L’idée n’est pas d’attaquer "Auto Plus" mais de couper le tuyau qui alimente, de trouver la source chez nous, a dit un porte-parole de la firme au losange.

La presse cultive l’art de la provocation


Personne en revanche, ne s’inquiète de savoir si celle ou celui qui a révélé les secrets de fabrication de Renault a raison ou a tort ! Les journalistes, en admettant qu’ils font leurs choux gras du produit d’un délit, se tireraient aujourd’hui une balle dans le pied. Savent-ils ou feignent-ils d’ignorer qu’ils sont au même titre que l’auteur complices de la même infraction ? Seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par tout moyen de communication au public par voie électronique, auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet, stipule la fameuse loi du 29 juillet 1881, celle-là même que de nombreux murs aveugles signalent aux passants…


La presse spécialisée publie régulièrement des enquêtes sur les modèles à venir, à différents stades de leur développement. Si, pendant longtemps, ces clichés étaient l’œuvre de photographes spécialisés, de shooters qui planquent aux abords des circuits privés des constructeurs, les mesures de sécurité sont devenues tellement draconiennes que ce genre de prises de vues sont devenues exceptionnelles, ont indiqué des journalistes du magazine. Désormais, selon eux, les prises de vues de modèles en développement sont presque toujours le fait d’employés des constructeurs ou de sous-traitants. Selon eux, la direction de Renault chercherait, en déposant cette plainte, d’une part à démasquer le ou les auteurs des photos et d’autre part à faire pression sur les autres pour les dissuader d’en faire autant.


La presse, en se drapant du sacro-saint concept de droit à l’information, cherche à mieux masquer le forfait dont elle a l’habitude, en violant à l’envi le secret de l’instruction, le droit à l’image privée, ou parfois même en propageant de fausses nouvelles à propos de personnages publics dans l’intention de déstabiliser le bon fonctionnement des pouvoirs publics. Ainsi, le droit à exercer son métier permettrait toutes les dérives, jusqu’à bafouer les principes intangibles de la République. Rappelons que le journaliste est un citoyen ordinaire, que l’exercice de sa profession ne relève d’aucune sorte de légitimité particulière, pas plus que de l’obtention d’un diplôme ou d’un niveau d’étude quelconque, et qu’il n’est investit que de la mission qu’il s’assigne personnellement de suivre !

Les intérêts supérieurs de la nation sont en jeu


Plus grave, tout en soulignant son intérêt pour la liberté de la presse, la ministre de l’Économie Christine Lagarde a estimé que les secrets des sociétés relevaient de l’intérêt public : le capital intellectuel généré par toutes les entreprises de France et qui permet le dépôt de brevets, de marques, d’inventions et leur protection, ça relève de l’intérêt collectif, a-t-elle dit mercredi à la radio.


Le journal qui se met à la place du conducteur a du mal à assumer qu’il appartient à un groupe de presse étranger, dirigé par le chef de gouvernement d’un pays constructeur européen d’automobiles et dont le siège social est situé dans la même ville que celui d’un concurrent direct du constructeur national. Les résultats français représentant la moitié de la partie magazine du groupe Mondadori, il est donc très important pour ses actionnaires d’attirer le chaland avec des scoops concernant des véhicules conçus dans l’hexagone. En revanche, les titres français du groupe ne sont pas vraiment soutenus par les régies de publicité françaises.


On ignore pour l’instant quelles charges seront retenues contre Bruno Thomas, voire contre son directeur, Laurent Chiapello. Les cris d’orfraies lançés par une profession très corporatiste et consciente de son pouvoir feront certainement plier ceux qui ont reçu mission de l’exercer au nom du peuple français. Les faits sont avérés en ce qui concerne la provocation et la complicité, puisqu’il suffit d’ouvrir le journal. En revanche, nous ne savons pas si le juge d’instruction du tribunal de Versailles aura le cran de se prévaloir de l’article 411-6 du code pénal comme l’a suggéré la ministre. Celui-ci stipule en effet que le fait de livrer ou de rendre accessibles à une puissance étrangère, à une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents des renseignements, procédés, objets, documents, données informatisées ou fichiers dont l’exploitation, la divulgation ou la réunion est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation est puni de 15 ans de détention criminelle et de 225.000 euros d’amende. Christine Lagarde a-t-elle oublié que Silvio Berlusconi est un ami de la France ?

 

 


Doit-on tout lire et de quel droit doit-on savoir ?
C’est pénible et d’ailleurs la question reste ouverte
Sauf pour les rédacteurs dont la plume est trop verte
Et qui font tant d’efforts pour mieux nous émouvoir.


Ils se sont donc dressés contre un puissant pouvoir,
Le ministre est trop faible et sa porte entrouverte
Voudrait les voir moins sots chercher la découverte,
Mais le meilleur non plus ne peut pas tout avoir !


Il vaut mieux composer, transiger, couvrir et taire,
Fléchir plutôt pour mieux passer devant notaire :
Les écrits ont un poids que les mots dits n’ont pas.


Nos gens de plume ont la parole habile et forte
Leur aplomb est sans faille et ils vont pas à pas
D’un article assez leste et du noir d’une eau-forte.

 

Rapport annuel du groupe italien Mondadori.