On ne peut pas plaire à tout le monde qui en parle

Une guéguerre interne terrible et sanguinaire agite une partie du paysage audiovisuel français et plus particulièrement les deux grandes chaînes de notre glorieux service public. C’est une querelle d’hommes, une querelle de génération. L’audiovisuel version 2000 a enfanté un monstre à deux têtes. Un couple bicéphale haineux qui pratique la détestation ; les jumeaux Thierry et Marc-Olivier Ardissoniel.

Les deux faux-frères ont un air de famille évident, ils n’arborent que des tee-shirts noirs sous une veste coordonnée de la même couleur, se sont laissés pousser l’oreillette depuis l’enfance et sont tous deux persuadés d’être les plus géniaux créatifs que leur maîtresse Lucarne ait porté depuis que le monde est Paf. Leur quotidien est une vraie partie de plaisir, une réjouissance permanente, nos deux frères ennemis du show business passent leur temps précieux à se piquer des concepts, des invités, des morceaux de studios et des « formules choc ». Le pire dans tout cela c’est qu’ils se suivent dans la programmation de la fin de semaine ; résultat, ce sont les téléspectateurs qui comptent les points car beaucoup de gens regardent leurs deux programmes « phare » communément appelés « talk show ».

La preuve est faite qu’il n’y a pas assez de place pour les deux pour la grande élection du prince de la cathode, ce vieux royaume hertzien déchu rongé par une terrible épidémie, l’absence d’idées novatrices. C’est ainsi qu’ils se détestent, ce qui est somme toute assez normal quand on a le même créneau, les mêmes ambitions et la même volonté d’être seul à régner en maître.

Mais étudions nos deux spécimens plus attentivement. Honneur à celui qui est né le premier, ce fils du pub royaliste, ex ringard rejeté des boites à la mode de Montpellier pour devenir le chantre de la décadence et de la branchouille parisienne puis l’homme de télé mal aimé qui s’est transformé en génie repenti fêté par tous. Thierry Ardisson a raté sa vie, lui qui rêvait de vivre de sa plume, qui admire les écrivains et la culture, n’a pas réussi dans son domaine de prédilection. Pourtant il est à l’origine de deux des plus grandes réussites du moment sur la chaîne du câble Paris Première. RDRG, comprenez « Rive Droite, Rive Gauche » (titre emprunté à un film de Philippe Labro) et « Paris Dernière » avec l’excellent Frédéric Taddeï. Thierry Ardisson a inventé le premier JT de la culture brillantissime et léger, une réussite imparable, ainsi que le premier road movie en caméra subjective qui guette les peoples le soir dans la capitale sous les musiques choisies avec goût par Madame Béatrice Ardisson elle-même qui gagnerait a entrer dans la lumière. Rien à dire Ardisson est un homme d’idées qui sait travailler en équipe et n’a pas peur du talent des autres. Là où le bas blesse c’est qu’il commence tout doucement à se « drukeriser », maladie honteuse et insupportable qui guette tout les apprentis dinosaures de la télé. Il invite désormais Bouvard et Bedos pour leur cirer les pompes, raconte chaque jour davantage sa vie à l’antenne, manque de plus en plus de mordant et d’impertinence et commence à avoir l’air rudement fatigué. Bref, Thierry en fait trop et cela commence à se voir. Attention Monsieur Ardisson et lumière ! !, c’est comme cela qu’on se ringardise et que l’on anticipe pas sa propre chute, en s’auto célébrant à tout bout de champ, en faisant du copinage outrancier et en se croyant seul au monde et intouchable.

N’oublions pas le deuxième larron, Marc-Olivier Fogiel qu’il était fort à propos de nommer « Marco » du temps de la splendeur de Canal Plus (l’ex chaîne à la mode avalée par l’ex-JM2). Ce jeune garçon propret, opéré très tôt de la calvitie aurait pu être garçon coiffeur comme Sevran si son amour platonique pour Patrick Sabatier ne l’avait amené à devenir son plus fidèle lieutenant et son bras virtuel lors de la légendaire émission « Porte-bonheur ».
Marco a bien appris son métier auprès de l’ex-animateur star, il a fait pendant des années vœux de silence et a transpiré la gentillesse dévoué à la seule bonne cause télévisuelle. Puis au sein de la petite chaîne cryptée, il a décidé de se lâcher, de faire le vilain roquet de service qui faisait pleurer les femmes (A suivre...)