Interview de Sam Richez (Y’a que la vérité qui compte")

Interview de Sam Richez (Y'a que la vérité qui compte")

Il a été pendant des années le muet beau gosse le plus célèbre de la télévision avec son rôle de Sam l’accompagnateur de couloir dans le mythique programme de Bataille & Fontaine "Y’a que la vérité qui compte". Sam nous revient avec un livre "coup de poing" qui raconte ses coulisses de l’émission de TF1... interview vérité !!

Peux-tu nous dire exactement qui sont Laurent Fontaine et Pascal Bataille ?

Ce sont deux animateurs-producteurs, mais ça vous le savez déjà ! Vous préféreriez que je vous dise que ce sont deux gros nases et bien non ! Ce sont deux personnes intelligentes dans le business qui se sont reposées pendant quatre ans et demi sur le succès de l’émission « Y’a que la vérité qui compte ».

Avaient-ils une réelle compassion pour les invités en détresse présents sur le plateau ?

Oui bien sûr ce sont des êtres humains quand même ! La difficulté, dans la production de ce programme, était de ne pas céder constamment à la dictature de l’audimat pour conserver un minimum d’humanisme. Et ça, ce n’est pas facile à faire lorsqu’une émission vous fait gagner beaucoup d’argent. Donc oui ils avaient une réelle compassion pour les invités, mais celle-ci a ses limites lorsque certains d’entre eux résonnent comme des lingots d’or.

Existait-il réellement un contrat interdisant aux candidats le refus de la diffusion des images ?

Ce n’est pas exactement cela, disons qu’il y avait une autorisation de diffusion qui permettait à Pascal et Laurent d’être couverts juridiquement s’ils souhaitaient diffuser l’histoire et que l’invité finalement refusait. Mais ils ont toujours essayé de respecter la volonté des participants à l’émission.

Quel était l’envers du décor beaucoup moins reluisant ?

L’envers du décor c’est ce que je révèle dans mon livre. J’essaie de plonger le lecteur dans les coulisses de l’émission. De la préparation jusqu’au tournage en passant par des histoires de témoins qui ont vu leur vie changer pour le meilleur comme parfois pour le pire. J’essaie d’être le plus objectif possible, je ne juge pas, j’écris ce que j’ai vu et propose aux lecteurs de se faire leur opinion.

L’émission déchaînait les passions : il y avait les pros et les antis. Où te situerais-tu ?

Pour tout vous avouer je n’ai jamais regardé l’émission le lundi soir lorsqu’elle était diffusée, je ne suis pas un fan des émissions dites d’émotainment. Je préfère regarder des émissions comme « Le Grand Journal » ou « Salut les terriens ». Me voir déambuler dans un couloir ça ne me tentait pas trop. Et puis j’aime garder de la distance, soucieux de rester simple vis à vis de mon entourage. Mais je ne suis pas contre ce genre d’émission. Comment être contre 3 millions de personnes, comment être contre le fait d’aider certaines d’entre elles. Disons juste qu’il faut être d’une grande sagesse pour faire ce genre d’émissions, c’est tout.

Tu comprends que ce genre de programme soit décrié ?

Oui bien évidemment, la vie est une chose, la télé en est une autre.

Quelle image garderas-tu de tes employeurs et de cette aventure ?

Une image mitigée en ce qui concerne Pascal et Laurent, au début le succès ne leur a pas enlevé leur humanisme mais peu à peu si. L’ambiance au départ était incroyable tout le monde se félicitait, puis Pascal et Laurent se sont laissés aller à des jeux de pouvoir que je déteste. Je pense que le succès doit servir à véhiculer des valeurs nobles et pas le contraire.
En revanche je garde un très bon souvenir de cette aventure car dans la vie il faut s’accrocher à ce que l’on peut pour pouvoir prétendre avancer, à moins d’être un grand privilégié. Et je puis je suis intiment convaincu que toute aventure est bonne à vivre à partir du moment où vous conservez vos convictions et votre morale.

Il y avait-il des pressions sur les participants, pour ouvrir le rideau ou autre ?

Non il n’y a jamais eu aucune pression sur les invités à ce que je sache quant à l’ouverture ou non du rideau.

Il y a eu des imposteurs parmi les invités, comment la crise a-t-elle été gérée ? Il y a eu des licenciés ?

Il y a eu très peu d’incident de ce genre. A ce niveau là les casteuses de l’émission étaient vraiment très attentives. Je dis « casteuses » car l’équipe rédactionnelle de l’émission n’était composée que de filles, j’étais le seul homme ce qui n’était pas désagréable !
Bref, Télérama nous a piégé une fois mais je crois que ça s’arrête là, peut-être y a-t-il eu une autre histoire non diffusée à cause d’un imposteur, mais aucun licenciement d’employé même si Pascal Bataille aimait beaucoup nous dire qu’il allait nous faire remplacer par l’équipe de Delarue !

La crédibilité était entachée ?

Oui lorsque qu’il y a eu un article dans Télérama écrit par la journaliste qui pour l’occasion s’est faite passer pour un témoin de l’émission en inventant une histoire. Forcément ça entache la crédibilité. Mais pas forcément auprès des téléspectateurs car le programme, après cet incident, a toujours suscité de belles audiences. La crédibilité a surtout été entachée auprès du diffuseur,TF1, qui a toujours été très attentif mettant régulièrement le ola sur les histoires que Pascal et Laurent souhaitaient traiter.


Comment choisissiez-vous les sujets ?

Toutes les réponses à vos questions sont dans mon livre ! Deux fois par semaine nous avions des conférences de rédaction au cours desquelles nous présentions avec l’équipe rédactionnelle des histoires à Pascal et Laurent que, eux seuls, validaient.
Je décris d’ailleurs dans mon livre deux de ces conférences.

Il y a eu aussi ce fait-divers sordide d’un invité qui a violé son ex-concubine suite à son humiliation lors d’un passage télé dans cette émission ?

Oui, quel drame, j’ai rencontré cette femme dernièrement qui a accepté de me recevoir pour que je l’interview sur ce qui c’était réellement passé, et surtout comment l’histoire s’était terminée. J’ai donc pris le train et je me suis rendu dans le nord, où effectivement tout le monde est le bienvenu. Elle m’a reçu chez elle et nous avons discuté toute l’après midi. Tout l’entretien est dans mon livre et je peux vous dire que j’ai appris des choses….

Cette histoire a-t-elle sonné le glas de ce programme ?

Non pas vraiment, il y a eu encore 2 saisons de « Y’a que la vérité qui compte » après ce drame.

Quelle était l’ambiance au sein de la rédaction ?

Moi je travaillais à mi-temps à Loribel car je poursuivais en parallèle mes études de théâtre. Je n’ai donc pas vécu à chaud les réactions au sein de la rédaction mais à mon arrivée l’ambiance était tendue, nous n’avons pas vu de la journée Pascal et Laurent.

Quelles sont, pour toi, les histoires les plus marquantes de cette émission ?

Pour moi la plus belle histoire de « Y’a que la vérité qui compte » est celle de Jean-Bernard et Eric qui grâce à l’émission se sont retrouvés alors qu’ils étaient éloignés l’un de l’autre depuis trente-quatre ans. Deux frères qui se retrouvent, c’était magnifique, vraiment, j’en ai des frissons quand les images me reviennent en tête tellement l’émotion était forte. D’ailleurs j’ai revu et me suis entretenu avec l’un des deux pour avoir son témoignage dans mon livre.


Quels étaient tes rapports avec Bataille et Fontaine ?

Complexes. Surtout avec Pascal Bataille. Ma position n’était pas évidente. Comme je l’explique dans mon livre mon père a travaillé pour cette émission donc cette relation de famille a beaucoup été utilisée pour me déstabiliser, ce qui est de bonne guerre cela dit. Mais s’ajoute à ça le fait que je passais à l’antenne alors ces deux facteurs ont accru l’exigence de Pascal envers moi qui parfois a dépassé les limites mais ce sont les règles du jeu et je les ai acceptées en silence. Je ne suis pas là pour me plaindre et vous ne trouverez pas une ligne dans mon livre sur ça.

Trouves-tu qu’il y avait un côté "voyeurisme" dans ce programme ?

C’est évident, l’émission exposait au grand jour des problèmes d’anonymes. Mais est-ce vraiment choquant dans un monde dans lequel les inconnus comme les plus connus révèlent leur vie privée….

Tu n’as pas peur que tes anciens employeurs t’accusent de cracher dans la soupe ?

Ils ne vont pas se priver de le faire à mon avis nous verrons bien. S’ils se sentent attaqués ils se défendront comme ils peuvent et c’est légitime.
Mais contrairement à ce qui se dit, je ne crache pas sur Bataille et Fontaine, je raconte ce que j’ai vu avec la plus grande honnêteté en demandant aux lecteurs de se faire leur avis.


Tu es resté en contact avec eux ?

Non pas du tout. Ils sont partis très fâchés avec beaucoup de leurs employés.

Tu as écris ce livre pour surfer sur le succès du livre de Michel Malausséna "Les animatueurs" ?

Je ne suis pas mauvais en surf je dois dire… ! Cela dit, je n’ai même pas lu le livre de Malausséna. Mais je m’en fous du succès franchement je ne le fais pas pour ça mais pour que les gens sachent ce qu’ils se passent derrière leur télévision.
Ma motivation est celle de pouvoir m’exprimer dans un pays qui prône la liberté d’expression.
Je veux que les personnes ne se trompent pas de combat. Je ne cherche ni l’argent, ni la reconnaissance à travers ce livre. Ce n’est pas ma façon d’être dans la vie.
Je suis même prêt à reverser une partie de l’argent que générera ce livre à une association.

Bataille et Fontaine sont en guerre contre Morandini, ne penses-tu pas pourtant que "Y’a que la vérité qui compte" était aussi scabreuse que celle tant décriée de ce dernier ?

Peut-être, tout ce que je peux vous dire c’est que j’ai rencontré JMM et que c’est un mec bien qui est revenu de loin alors que tout le monde l’enterrait. Il est entier, n’a pas la grosse tête, et est très respectueux.

Ton rôle de beau gosse gentleman devait faire chavirer le cœur de nombreuses filles, tu as profité de l’occasion ?

Oui c’était un peu fou cette reconnaissance alors que je ne parcourais que quelques mètres dans un couloir. Le pouvoir de la télévision est immense. J’en ai profité pour m’éclater car je suis un bon vivant, mais je suis surtout un romantique avec les femmes et pas un profiteur.

Tu as reçu des lettres enflammées ?

Oui plusieurs et pas que de femmes d’ailleurs….

C’était pas trop frustrant de ne jamais avoir la parole ?

Non ça ne m’a jamais dérangé, je n’ai pas de problème d’égo, aujourd’hui en revanche je la prends et j’assume.

Tu aimerais animer une émission telle que "Secret Story" ou "Ca va ce savoir" ?

Une question avec un peu d’humour enfin ! Ecoutez « la vérité est au bout du couloir », « secret story » ou « ça va se savoir », ça se tient alors pourquoi pas.

Quels sont tes projets ?

J’ai plusieurs projets. Je suis avant tout quelqu’un qui souhaite rester libre. Je travaille sur l’écriture d’une pièce de théâtre et je vais tout faire pour la faire exister, que ça plaise ou non. Même si on me dit « pour qui il se prend la potiche du couloir ? ». Juste pour un mec qui a envie de faire des choses et de les tenter. C’est une pièce sur la télévision où un animateur télé célèbre se rend compte qu’il est le personnage d’une émission de télé réalité depuis des années sans le savoir. Sinon je travaille sur un programme télé mais je ne peux rien vous dire pour le moment, mais promis bientôt...