Matrix III : Ressuscitation moderne d’un drame catholique ancien

Matrix III : Ressuscitation moderne d'un drame catholique ancien

Dans un monde d’enculés et de lesbiennes, dans une esthétique hermaphrodite, hardcore, sado-maso, catholique, décadente et moraliste, le beau Néo, prince à la veste longue ceintrée (aka Monsieur Anderson) vit sa passion, sa crucifixion sous fond de New-York immortelle nourrie d’une lumière d’espoir.

J’ai vu Matrix III et j’en suis navré. Ce produit fort bien mené et mis en scène avec un souci du détail minuté et une grandiloquence ambitieuse est un joli ratage baroque sous fond d’Enigma New Age.

Maîtrisé dans l’image, dans le rythme qui empêche d’intellectualiser trop, pauvre dans le texte, ce tome trois n’apporte rien à la compréhension de la Matrice, n’offre aucune information pertinente sur la psychologie de l’Elu, sur la chute d’un monde de chairs et de machines désarticulées, sur la fin d’une époque qui a défié les Dieux.
On assiste pendant deux heures à une partition sans saveur, à une fable partisane sans fondement, à la psychologie de comptoir sur l’échec du couple et le triomphe précaire des communautés farfelues qui méritent une punition suprême.

Dans ce monde projeté en 3D, les blancs fricotent encore avec les blancs, les noirs avec les noirs, le couple hétéro est condamné à la mort après avoir fauté. Reste une apologie orgiaque de groupes sectaires qui dansent dans des lieux hypes malgré la guerre et la menace pas gentille qui gronde.

Dans un scénario improbable, volontairement abscons et compliqué comme pour masquer les invraisemblances de sens, les futilités d’une construction trop puérile, on assiste au combat gagné d’avance de ce Christ aux cheveux courts, et on sert les fesses en pensant aux vilaines idées réactionnaires qui sous-tendent cet ensemble de carton pâte dans les étoiles noires.

En résumé, Néo n’a pas besoin d’yeux pour voir, Trinity meurt empalé à défaut de l’être par Néo, un jeune militaire volontaire suggère par sa victoire par les armes aux jeunes américains d’aller devenir des héros en Irak et j’en passe et des meilleurs...

C’est beau le cinéma opportuniste made in USA.