OUKAZE, ou le contrespionnage made in Marseille !

OUKAZE, ou le contrespionnage made in Marseille !

S’il vous arrive de déambuler à La Plaine, vous avez sans doute croisé cent fois Eric Stoffel sans le remarquer : c’est un homme discret, au look passe-partout… mais il est celui des Marseillais qui mieux que quiconque pourrait vous renseigner sur les arcanes des services secrets ! Un espion, me direz-vous ? Pire, un auteur ! Et un auteur de BD, en plus…

Entre les steppes de Sibérie, les couloirs de la C.I.A et les grands hôtels de Bogota, OUKAZE réactualise la guerre froide. Nostalgique ?
Nostalgique des grandes aventures et récits romanesques, oui ! On est parti dans l’idée avec Luc Brahy (coscénariste NDLR) de fondre à la fois ce qui a fait le succès de cette vague des histoires d’espionnage et la narration actuelle, plus rapide, plus musclée sans perdre toutefois le facteur humain…, ce qui dans le cas de notre héros Sirweed Galver est essentiel ! D’autre part Oukaze et mes autres séries d’espionnage à venir s’appuient sur l’actualité. Les guerres ont évoluées, toujours aussi sanglantes et aveugles, mais privilégiant d’autres armes, comme l’arme économique. L’économie prime aujourd’hui sur le politique. Dans Oukaze, le récit prend comme base de fond le rachat d’actifs pétroliers sibériens.

En tant qu’auteur, qu’est-ce t’attire tant dans le récit d’espionnage ?

Sa mise en scène… Je vais me répéter, c’est un style qui permet d’avoir des scènes d’actions très musclées, autant que des scènes de réflexion et d’intrigue et dans lesquelles la dimension humaine et psychologique est forte. La BD est un art quasi cinématographique, on peut avoir un attentat particulièrement mouvementé et spectaculaire, avec de l’action comme dans les « blockbusters » du genre, en ayant en parallèle la gestion plus intimiste de la relation du héros avec sa famille, ses enfants… Un petit côté Tom Clancy pour la profondeur des persos et de l’intrigue, et la série 24h chrono pour la nervosité et le rythme !…

Tu es d’évidence un maniaque du détail… Il y a un travail de documentation énorme, non ?

Effectivement avec Michel (Espinosa NDLR) et Luc on tient à ancrer notre histoire et à être vraiment réaliste. Cela peut paraître parfois un peu trop, mais c’est toujours un plaisir quand un lecteur reconnaît la mine de diamant de Mirny (Tome 1), ou la ligne de bus passant devant le Bolchoï ! Je pense que c’est un devoir envers le lecteur, j’y suis d’ailleurs de plus en plus confronté, travaillant actuellement sur une nouvelle série BD avec Marcel Uderzo narrant l’histoire de l’aéronautique. Là encore, aucun droit à l’erreur. D’autre part si un lieu, une situation est logique, le lecteur le ressentira et va alors entrer à fond dans l’histoire. C’est ce que je recherche.

Tu nous fais le pitch d’OUKAZE ?

A un mois de la retraite Sirweed Galver, directeur en second du département infiltration de la CIA, se retrouve victime de plusieurs attentats ! Il va avoir quatre semaines, soient quatre albums, pour survivre et déjouer le maître plan de son ou ses adversaires. Chaque album apportant de davantage de réponses… et toujours plus de surprises !

Tu aimes les histoires embrouillées… et comme ton héros, il faut pourtant que tu t’en sortes à chaque fois ?

Je dirais plutôt « complexes ». Au final, et le lecteur le comprendra dès le tome 3, la trame est assez simple. Mais lorsque on découvre une forêt en sortant du désert, on prend tout de front. Alors qu’en regardant chaque arbre, chaque ligne indépendamment on peut voir apparaître les liens, « le plan dans les plans » comme dirait Herbert. Je dirais que tant qu’on n’a pas la clé, la porte garde son mystère… Pour garder l’attention il faut une narration le plus fluide possible et des images lisibles, compréhensibles aisément, le talent de Michel le permet.

OUKAZE est une saga : le tome 3 sort le 25 juin, le tome 4 l’année prochaine… Est-ce que tu connais déjà la fin ?

Évidemment ! On a écrit la trame complète avant d’attaquer le premier tome. C’est le seul moyen pour respecter la logique de l’histoire, les personnages et les lecteurs. En tant que lecteur j’ai horreur des sagas où je sens bien que la fin n’est pas connue des auteurs et qu’ils étirent l’histoire en la délayant toujours plus au fil des albums. Notre histoire se résout totalement en 4 albums, ni plus, ni moins. D’où la cadence très rapide de sortie (4 albums en presque 2 ans NDLR) pour que le lecteur ne perde pas le fil. Je pense que le travail d’un auteur est d’essayer de faire au mieux chaque fois. Je remets en cause mon métier, mon approche à chaque série, à chaque album, à chaque scène. C’est une mise en danger permanente… C’est certainement pour cela qu’on aime faire souffrir nos héros !

Michel Espinosa, ton excellent dessinateur, est également un Marseillais et signe là sa première BD. Tu l’as trouvé sous une pierre ?

A côté d’un diamant nommé Jean-Louis Mourier, inspirateur de nombreuses vocations d’auteurs de BD. Richard Dimartino, Bruno Bessadi, Olivier Thomas, Michel et bien d’autres sortent de sa formation. C’est d’ailleurs son exemple de générosité qui nous a fait créer il y a 10 ans le Zarmatelier, collectif d’auteurs de BD. Michel est quant à lui d’une vaillance extrême, il le fallait absolument pour tenir la cadence… C’est un grand dessinateur et doté de qualités humaines exceptionnelles. Cela faisait des années que nous voulions faire une série ensemble : c’est devenu OUKASE. Et petite info en passant, Michel et moi comptons bien réaliser d’autres récits une fois bouclé le tome 4 d’Oukase.

Et comme il te reste un peu de temps entre minuit et quatre heures du matin, tu te lances également dans la carrière de coloriste ?

Oui (rires)… Je reconnais être un touche à tout. Je dessine moi-même et l’an dernier j’ai fait l’expérience de l’illustration jeunesse. Cette année les éditions Bamboo m’ont fait confiance en m’offrant la mise en couleur des Zathlètes, une nouvelle série humoristique qui doit sortir quasiment en même temps que le nouvel Oukase. Je réfléchis également très sérieusement à l’écriture de romans… Mais j’ai pas mal de projets BD comme scénariste à avancer avant !

Eh bien ce n’est donc pas le travail qui manque, c’est le pognon ! comme dirait l’autre…

OUKAZE, tome 3 FRERES ENNEMIS

Scénario : Éric Stoffel, Luc Brahy
Dessins : Michel Espinosa
Couleurs : Emmanuel Pinchon
Éditeur : Bamboo col. Grand Angle


Article publié en partenariat avec nos amis du Journal Marseille la Cité