Max Mosley reste dans la Course et va s’acheter une Conduite

Max Mosley reste dans la Course et va s'acheter une Conduite

C’est de justesse que le sémillant Max Mosley a conservé la présidence de la Fédération internationale de l’Automobile (FIA) mardi, mais il n’est pas assuré pour autant de conserver ses fonctions jusqu’en octobre 2009 à la tête d’une organisation où l’on apprécie les chicanes et les retournements de situation. Des prétendants au podium sont sur les rangs, même et parmi ses plus farouches partisans !

La vidéo diffusée sur le site Internet de News of the World a été vue 1 million et demi de fois entre le 30 et le 31 mars, et elle a provoqué un scandale dans le milieu très spécial du sport automobile et bien entendu, dans le monde entier. On pouvait y voir le fils d’Oswald Mosley, le célèbre leader de la British Union of Fascists, âgé de 68 ans, se faire donner la fessée dans le plus simple appareil par deux jeunes femmes vêtues de la tunique rayée des prisonniers de camps de concentration. Max Mosley leur implorait grâce dans la langue de Goethe, qu’il connaît parfaitement pour avoir été à l’école en Allemagne. Ses parents, Oswald et lady Diana Mitford, y avaient d’ailleurs convolé en justes noces en 1936 sous le patronage de Joseph Goebbels et d’Adolf Hitler.


Si Max Mosley a mis en avant le caractère privé de la vidéo qui l’a déstabilisé à la présidence de la FIA, le juge n’en a ni demandé le retrait, ni interdit la diffusion, et la Fédération a jugé judicieux d’avancer son Assemblée générale au 3 juin, dans la mesure où elle s’estimait éclaboussée par le scandale. Le fils du leader fasciste a souvent prétendu : si j’avais eu le choix pour faire ma vie, je l’aurais menée dans la politique, mais c’est impossible avec mon nom… Pour autant, il avait songé un temps seconder son père, alors qu’il tentait de s’intégrer à nouveau dans la vie politique britannique, puis en soutenant Margaret Thatcher dans les années ’80. C’est seulement en faisant le constat que son patronyme ne s’effaçait pas dans l’inconscient collectif qu’il s’est tourné vers le sport automobile, où le nom de Mosley rappelait seulement celui d’un coach.

La Formule 1 roule toujours très à droite


La vidéo sadomasochiste où Max Mosley s’est mis en scène dans une posture critique a fâché le monde automobile plus encore que le reste du monde, car ce sport, qui génère 17 milliards et demi d’euros par an et tire la majeure partie de ses gains du spectacle et des retransmissions télévisées, a besoin de maintenir l’illusion d’une image au-dessus de tout soupçon. Le prédécesseur de Max Mosley également, avait provoqué beaucoup d’émois lorsque Pierre Dubreuil a révélé en 1984 le passé tumultueux de Jean-Marie Balestre entre 1940 et 1944, dans les organisations de jeunesse vichystes, puis au sein de la NSKK, unité paramilitaire nazie où il collaborait à la revue des SS Devenir.


Avant Jean-Marie Balestre, c’est le prince Paul-Alfons de Metternich qui présidait aux destinées du sport automobile, de 1975 à 1986. Descendant en ligne directe du chancelier autrichien qui organisa le partage de l’Europe en 1815, officier de cavalerie en France après 1940 et sur le front russe en 1943-44, Paul-Alfons de Metternich participa au complot contre Adolf Hitler et fut évincé de la Wehrmacht. Rendu à la vie civile et à son domaine de Koenigswart, il fuit l’avance de l’armée rouge et parcourt plus de 600 Km pour se mettre à l’abri des troupes américaines.


Le prince Paul-Alfons de Metternich succède en 1975 à un autre membre du Gotha : Amaury, Prince de Merode, Comte du Saint-Empire, lui aussi officier de cavalerie… Mais ce prince belge, lui, n’a eu qu’à souffrir des tourments de la deuxième guerre mondiale, qu’il a passés dans un camp de prisonnier ! La structure sociale des plus hauts dignitaires du sport automobile demeure toutefois l’apanage des plus hautes sphères de la société civile et politique, aussi loin qu’on peut remonter dans le temps, avant de glisser insidieusement vers la roture et le monde de l’argent-roi. La Fédération internationale de l’Automobile est un milieu où se brassent des sommes faramineuses, et des aventuriers sont prêts à le disputer à l’aristocratie.

Max Mosley reste sur un siège éjectable


Bernie Ecclestone a fait mine de défendre son ami Max Mosley aux prises avec le scandale, mais tous les observateurs ont la nette impression qu’il brigue son fauteuil. Médiocre pilote de course, il achète l’écurie Brabham en 1971 après avoir fait fortune dans l’immobilier et porte Nelson Piquet au titre de champion du monde en 1981 et 1983. Bernie Ecclestone fait ensuite équipe avec Max Mosley pour asseoir leur pouvoir au sein de la FIA. En gérant les accords commerciaux de la Formule 1, il sape le magistère de Jean-Marie Balestre et les Accords Concorde permettent à la FOCA de mettre la main sur la gestion de la Fédération internationale. Max Mosley se voit attribuer le fauteuil de président convoité, tandis que Bernie Ecclestone met la main sur les droits audiovisuels sur les grands prix en créant la FOFA.


L’homme est un redoutable homme d’affaires et fait flèche de tout bois pour promouvoir le sport automobile. Il est pris à partie dans un scandale de pots de vins attribués au parti travailliste de Tony Blair en 1997 dans le but de suspendre l’interdiction d’afficher de la publicité pour des marques de cigarettes. Jugé par ses pairs comme un dictateur ou un génie du mal, Bernie Ecclestone n’a jamais caché son goût pour les pouvoirs forts : un bon dictateur vaut mieux pour le pays que la démocratie ; elle est en Grande-Bretagne le lieu de la confusion et des mauvais compromis, je n’ai pour ma part jamais voté ! Et au sujet du million de livres attribué au New Labour, il consent à dire : je n’ai jamais donné d’argent aux conservateurs parce qu’ils ne me l’auraient jamais rendu… Le faux ami de Max Mosley n’a aucun complexe, et lorsque les gens se moquent de sa petite taille, lui qui s’est marié à un top-model croate, il répond : j’ai réalisé que j’étais un nain quand je me suis persuadé qu’ils étaient difformes, et qu’ils étaient brillants !


Juste après le scandale qui a déstabilisé le président en titre de la FIA, Bernie Ecclestone avait déconseillé à Max Mosley de se rendre au grand prix de Bahrein, et les autorités de la principauté arabe n’avaient pas manqué de se joindre à ses vues. Ainsi, Max Mosley n’a pas honoré non plus la principauté de Monaco de sa présence lors de l’événement le plus mondain de la saison, sinon le plus sportif. Jusqu’au 30 mars 2008, tout le monde appréciait ce qu’il avait pu faire au sport automobile, du point de vue de la sécurité en Formule 1 et de la protection de l’Environnement. La vidéo qui l’a fait chanceler a-t-elle été diffusée dans l’intention de lui nuire ? C’est plus que probable… Aussi le président, qui demeure à son poste après 16 années de bons et loyaux services, a bénéficié d’une courte majorité lors de l’Assemblée générale du 3 juin : 55 suffrages favorables pour 109 votants, 7 abstentions et 4 votes nuls. La transition souhaitée par ses détracteurs aura lieu dans les coulisses plutôt que sur le devant de la scène, comme il sied au sein de la bonne société où l’on croit pouvoir tout supporter, sauf le scandale !

 

 


Le sport automobile est pour les beaux esprits
Un spectacle admirable où l’on sent le pilote
Sous le danger sans faire au fond de sa culotte,
La peur est le gros lot primé dans les Grands Prix.


La gloire et les lauriers sont toujours ça de pris
Quand il faut bien rentrer tout seul dans sa roulotte
Après avoir tant fait la course à l’échalote :
Le zélote est foutu mais n’est jamais compris !


Car pour la coupe et le champagne, il faut qu’on voie
Le cran, mais pas l’argent qu’on répand sur la voie,
Ainsi le veut dans tout circuit la loi du sport…


Il n’est pas sain qu’en plus la passion parallèle
Du pouvoir trouve en lui son singulier transport :
Le sport automobile a pris du plomb dans l’aile.