Le Droit d’Ingérence humanitaire en Question en Birmanie

Le Droit d'Ingérence humanitaire en Question en Birmanie

L’aide afflue depuis tous les coins du globe vers la Birmanie effondrée par le cyclone Nargis. Les États-Unis proposent 3 millions de dollars, et la France a débloqué 200.000 euros pour faire bonne figure.

Le Danemark a décidé d’octroyer 10 millions de couronnes, soit l’équivalent de 1,34 millions d’euros et la Suisse 500.000 francs, un peu plus de 300.000 euros, en plus d’un détachement composé de cinq personnes, un médecin, des spécialistes des secteurs de l’eau potable et des constructions ainsi que deux logisticiens. La Chine et la Thaïlande ont envoyé des avions remplis d’aide et d’autres pays asiatiques ont aussi proposé leur assistance. Déjà, sur le terrain, les 81 membres de l’Organisation Mondiale de la Santé et les 70 membres du personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés déjà basés en Birmanie ont été rapidement mobilisés. Le Programme Alimentaire Mondial a commencé à distribuer de la nourriture autour de Yangon et multiplie ses efforts, dans l’attente d’une coopération accrue du gouvernement. On est loin du catastrophisme annoncé par la presse française qui se saisit d’une opportunité nouvelle pour fustiger le régime militaire du Myanmar, qui n’a pas cédé aux émeutes d’octobre dernier, tandis que Bernard Kouchner se désole du peu de crédit qu’ils font de sa personne à Naypyidaw.

Après le Tibet, la Birmanie :

Il ne fait plus de mystère pour personne que la junte au pouvoir à Naypyidaw fait partie du dispositif stratégique régional de la Chine communiste, au même titre que le Tibet et très prochainement, le Népal qui devrait tomber dans quelques mois dans la zone d’influence de Pékin. Si les services météorologiques indiens ont affirmé avoir averti la Birmanie de l’arrivée du cyclone 48 heures avant qu’il ne s’abatte sur le pays, c’est très probable, mais on doit voir le manque de réaction des autorités birmanes comme la conséquence de l’absence d’un système d’alerte et de mesures de précautions dans un pays qui ne parvient pas à sortir du sous-développement autant que le fruit d’une méfiance atavique envers un adversaire potentiel. La Birmanie faisait partie de l’empire anglais des Indes au même titre que ses voisins indien et bengali.

Les militaires ont toutefois consenti à la tenue d’un référendum sur la révision de la Constitution samedi 10 mai, en vue de transférer le pouvoir aux civils dans deux ans, suite au mouvement populaire qui a embrasé le pays à l’automne 2007 et à la pression internationale qui s’ensuivit. Le parti de l’opposante au régime Aung San Suu Kyi, toujours assignée à résidence, a estimé totalement inacceptable que la consultation se tienne dans les conditions présentes, et de nombreuses voix s’élèvent à l’extérieur pour relayer son message.

Il est midi docteur Kouchner !

La Birmanie n’est pas un pays complètement fermé, comme certains voudraient le faire croire… C’est une destination touristique, et de nombreux reportages sont à la disposition de l’internaute curieux sur des sites de partage de vidéos bien connus ! Si le chef de la diplomatie française s’est désolé de ne pas pouvoir se rendre sur place, il n’a pas déclaré en avoir fait la demande, et se souvient sans doute du forcing qu’il a fait pour y être reçu l’année dernière et des circonstances de ses précédentes visites dans le pays.
Ils ne veulent personne pour le moment, je ne vois pas pourquoi ils me voudraient moi, j’ai très peu de chances d’avoir un visa, a regretté Bernard Kouchner lors d’un point presse mardi.

De fait, les autorités birmanes ont averti, par le biais des médias locaux, contre l’ingérence dans leurs affaires internes du fait de quelques ambassades étrangères dans le pays, reprochant à quelques diplomates non identifiés de contacter régulièrement le parti d’opposition, la Ligue Nationale pour la Démocratie.

Le journal New Light of Myanmar accuse quelques diplomates de certains ambassades étrangères à Rangoon d’aller régulièrement au siège de la Ligue Nationale pour la Démocratie, d’avoir des discussions et de donner des directives pour nuire aux intérêts de la nation et du peuple.

C’est dans ces circonstances que Reporters sans Frontières et la Burma Media Association ont exhorté les autorités birmanes à accorder des visas aux journalistes étrangers qui veulent se rendre en Birmanie pour couvrir les conséquences du cyclone qui a ravagé le pays, rapportant que plusieurs reporters munis de visas de touristes ont été refoulés à leur arrivée.
Il n’est pas acceptable que la situation dramatique d’un peuple soit l’occasion pour certains d’assouvir leurs ambitions idéologiques, si nobles soient-elles, et l’affaire de l’Arche de Zoé devrait leur rappeler qu’il existe des conditions d’exercice au droit d’ingérence humanitaire, et qu’il n’est pas sain de faire ou dire n’importe quoi.

 

 

Sommes-nous trop à l’aise et juste en mal d’action ?
Il n’est pas rare au prix qu’on donne aux magazines
De prendre à cœur les maux qu’ont les nations voisines,
Qu’un cyclone ait chez nous fait place à l’affliction…

Les coups durs sont le lot de tous et non l’onction
D’un ciel si noir qu’il faut l’horreur de ses gésines
Pour prendre ici le pouls du fond de nos usines :
Dans le malheur de l’autre on confond sa sanction.

C’est loin de nous que naît l’ambition d’un ministre
Quand son souci trop lourd affiche un front sinistre
S’il ne peut mettre un terme à la junte au pouvoir !

Cet homme habile et sauf a son sabir, manie
Sa proie et l’ombre à chaud en espérant bien voir
Le jour où prendre à sa façon sa Birmanie.