LES PETITS POUCETS, interview de Thomas Bardinet

LES PETITS POUCETS, interview de Thomas Bardinet

Comédie légère, conte philosophique, fable panthéiste… ? En tout cas LES PETITS POUCETS, 3e long-métrage de Thomas Bardinet, constitue une des surprises cinématographiques de ce printemps 2008. Le metteur en scène nous offre là une œuvre accomplie aux fins arcanes psychologiques, à l’esthétique aussi racée qu’étrange…


Synopsis du film

Une maison de campagne isolée, près d’un bois. Un couple et deux amis (que l’on a judicieusement installés dans la même chambre...) Et quatre enfants. Les adultes s’occupent d’affaires - ou de non affaires - d’adultes. Les enfants veulent être des enfants... et jouer avec les adultes. Jouer à cache-cache notamment : c’est tentant quand il y a un bois...
C’est avant tout une comédie en vacances, chronique joyeuse, plaisante, décrivant avec beaucoup de fraîcheur, de malice et d’humour et portée par des acteurs dont on sent la complicité et le plaisir de jouer... dans tous les sens du terme ! Mais c’est aussi, en prenant sans ostentation une direction que l’on n’attendait pas, finalement plus tendre que l’on ne le pressentait, une vision de l’adolescence face à elle-même et au monde des adultes qui atteint une sensible justesse. Au plaisir vagabond que l’on prend à partager ce moment de vie dont on rit avec douceur du ridicule, succède alors une discrète émotion : c’est l’amour qui fait tourner le monde... On est reconnaissant de le ressentir avec autant de légèreté.

(source : Jean-Jacques Ruttner, catalogue des 5e Rencontres du cinéma français de Pau)

LES PETITS POUCETS, de Thomas Bardinet avec Christophe Alévêque, Marie-Christine Laurent, Mireille Roussel, Jean-Jacques Vanier (durée : 1 h 05)

Le film est précédé du documentaire La petite mêlée (40 minutes), réalisé par Thomas Bardinet.

Actuellement au cinéma Saint-André-des-Arts

12, rue Gît le Cœur - Paris 75006 – métro : Saint-Michel

INTERVIEW THOMAS BARDINET : LES PETITS POUCETS

Thierry de Fages : Au tout début du film, le narrateur nous fait rentrer dans une fable (celle des Petits Poucets) puis l’on passe progressivement dans un registre de comédie. D’une certaine façon fiction et réalité sont liées…

Thomas Bardinet :

La voix que nous entendons au début nous raconte l’histoire du Petit Poucet, mais c’est une partie du conte qui n’existe pas dans la version de Perrault, une espèce d’introduction que j’ai écrite pour le film. La voix que nous entendons est la mienne, l’enfant qui tient littéralement l’arbre dans ses mains est le mien aussi, je ne sais pas si fiction et réalité sont liées, mais je peux dire ici que ma fiction et ma réalité le sont !
Cette voix est illustrée par des images d’enfants jouant à cache-cache, qui sont les enfants du film, et c’est le spectateur, avec mon aide, qui va faire le lien entre la réalité d’enfants de notre époque jouant innocemment à cache-cache, et ceux de ce très vieux conte. Il est question d’un ogre, et nous entendons des pas, puis nous voyons une ombre, mais tout dans l’image nous indique que cette ombre et ces pas sont ceux de l’enfant chargé de retrouver les autres. Mais comme nous ne le voyons pas, comme la voix nous parle d’un ogre, alors nous envisageons la possibilité que ces pas et cette ombre pourraient être ceux de l’ogre, et que ces enfants, pourtant habillés de manière contemporaine, pourraient être ceux du conte. Ainsi, ce lien dont vous parlez, c’est l’imaginaire du spectateur qui le fait. C’est en tout cas la règle du jeu que je propose aux spectateurs tout au long du film. Libre à eux ensuite de l’accepter ou pas.

Thierry de Fages : Dans LES PETITS POUCETS, la disparition des enfants apparaît comme le fil conducteur de l’histoire. Mais il me semble que votre film esquisse aussi le désarroi et l’incertitude de parents face à leurs enfants, en suggérant de façon très fine leur angoisse d’adultes face à la réalité du monde.

Thomas Bardinet :

Même si j’ai forcé le trait, je me sens très proche de ces parents qui veulent à la fois protéger leurs enfants et se protéger d’eux. Mais oui, cette angoisse qu’ils éprouvent dans cette forêt dépasse sans doute celle liée à leurs enfants. Ils sont perdus, dans tous les sens du terme, et le noir de la forêt dans lequel ceux-ci ont disparu fonctionne aussi comme un miroir de leur désarroi. Dans le silence et le noir d’une forêt, on voit et on entend mieux que dans le bruit et la fureur des cités . Mais encore une fois, je partage ce sentiment avec eux.

Thierry de Fages : D’ailleurs, les quatre personnages principaux des PETITS POUCETS (Baptiste, Caroline, Arthur et Laetitia) paraissent parfois assez proches de l’univers des adolescents…

Thomas Bardinet :

Leur posture d’adulte tombe comme un déguisement, dès que les enfants disparaissent. De la même façon, on sait bien que la civilisation est un vernis peu épais : à moins d’être un sage ou un saint, on est hélas jamais si loin que ça du sauvage, ou de l’ogre. Le savoir, c’est déjà une forme de sagesse.
Ces adultes sont en tout cas proches de moi, et je les suis depuis longtemps : J’avais il y a quelques années fait un court- métrage qui s’appelait « Caroline et ses amis » dans lequel apparaissaient trois personnages que l’on retrouve ici, Arthur, Baptiste et Caroline. Je jouais moi-même le rôle qu’a repris Jean-Jacques Vanier, mais en jouant moi-même la partie d’accordéon (on voit même ma main sur les touches de l’instrument), je peux dire que j’interprète secrètement ce rôle. Pourtant, moi le père de famille nombreuse, je suis en apparence plus proche de Baptiste, le père des garçons, et on pourrait donc penser que ce personnage est loin de moi. Je crois plutôt qu’il est ce que j’aurais pu devenir si je n’avais pas eu d’enfants : un éternel adolescent.

Thierry de Fages : Paradoxalement, les enfants des PETITS POUCETS ne semblent jamais stressés…

Thomas Bardinet :

Je ne sais pas s’ils ne sont pas stressés, je ne peux pas parler à leur place et le film fait très attention à ne pas le faire. Mais au fond, ce qui fait peur dans le film, c’est justement… que les enfants n’ont pas peur. C’est ça qui est amusant : on peut avec ce paradoxe faire travailler le spectateur, jusqu’à lui faire envisager une résolution fantastique au film. Un enfant, après une projection, m’a demandé s’il y avait des effets spéciaux.

Thierry de Fages : Les débuts du film nous montrent quatre adultes insouciants évoluant dans un lieu convivial, synonyme de légèreté et détente (une maison de vacances), tout juste troublé par d’insignifiantes disputes. Puis progressivement la nervosité pénètre vos personnages, d’une certaine façon happés par la forêt environnante et son lac (ensorcellement ?). Sortir de la maison, retourner à la nature, ce mouvement perpétuel offre là une intéressante symbolique… En outre, ce mouvement perpétuel laisse présager la toute-puissance de cette Nature…

Thomas Bardinet :

De la nature, de Dieu(x), de quelque chose de spirituel en tout cas. Ce qui n’est pas le point fort des personnages, et de notre génération en général, se poser des questions métaphysiques, envisager la mort, ce qui était là avant nous et qui restera après nous, la nature nous y invite pourtant, et le film avec elle, j’espère. Rien dans mon métier ne me paraît plus gratifiant et spirituel que de filmer les êtres humains dans la nature. Dans mon premier film, il y avait toute une partie qui se passait sur une île (et un critique a parlé du film comme d’un remake de « Monika » de Bergman ce qui n’était pas complètement faux mais très involontaire) et les personnages se retrouvaient en unissant leurs forces dans une lutte contre les éléments.
Même dans mon deuxième film qui se déroulait à Paris, « Les âmes câlines », la nature pointait le bout de son nez, et le personnage au fond le plus libre, un postadolescent fugueur (encore la fugue !) apprenait à l’héroïne comment pêcher la carpe dans le canal de la Villette.

Thierry de Fages : La représentation stylisée de la Nature, l’efficacité à la fois simple et recherchée des dialogues des PETITS POUCETS m’ont fait souvent songer au cinéma d’Eric Rohmer. D’ailleurs, Arielle Dombasle, une de ses actrices fétiches, apparaissait dans une de vos réalisations.

Pouvez-vous nous citer quelques metteurs en scène qui vous ont séduit par la fluidité de leurs dialogues ?

Thomas Bardinet :

Arielle Dombasle apparaissait dans un court-métrage que j’avais fait entre mes deux premiers longs-métrages, « Soyons amis ! ». Dans « Le cri de Tarzan », il y avait Amanda Langlet, la "Pauline à la plage" de Rohmer, qui jouait un petit rôle. Je suis plutôt grand et maigre, et je porte une casquette quand je tourne, c’est sans doute pour cela que les deux actrices m’ont dit que je ressemblais à leur cinéaste fétiche. J’aime beaucoup effectivement ce cinéaste. Mais quand je regarde un film, je ne pense pas spontanément aux dialogues comme d’un élément isolé, et il est donc difficile pour moi de répondre. Je vais ressasser, mais même s’il n’est pas connu pour ça, les dialogues des films de Ford sont souvent très beaux, à la fois simples et naturels en apparence, mais l’air de rien très poétiques.

Thierry de Fages : Justement, vous m’évoquiez récemment les fortes personnalités de John Ford et de Raoul Walsh. Qu’est-ce qui vous attire particulièrement chez ces deux cinéastes ?

Thomas Bardinet :

Je connais surtout très bien John Ford qui est disons mon cinéaste de chevet. Mais tous les deux avaient en commun, même s’ils aimaient profondément leur métier, de ne pas prendre le cinéma trop au sérieux, et je crois qu’ils avaient raison. Skorecki a écrit à propos de Walsh : « méprise le cinéma pour mieux le servir ». C’est très juste : pour lui faire sortir sa moelle, il faut savoir le malmener.
Attention, même si je pense que le cinéma est un art impur et mineur, il peut parfois exprimer des sentiments impossibles à transcrire dans une autre discipline. C’est un peu orgueilleux, mais dans « Les Petits Poucets », je pense que le regard entre Nicolas, l’enfant blond (joué par mon fils), et Lætitia (Marie- Christine Laurent) dans la chambre provoque un trouble que seul le cinéma peut donner.

Thierry de Fages : Pour en revenir aux PETITS POUCETS, peut-on savoir où s’est déroulé le tournage ? Etait-il facile à la fois de diriger enfants et adultes ?

Thomas Bardinet :

Il s’est déroulé au domaine d’Hostens, à 40 km au sud de Bordeaux, dans les Landes girondines. Comme nous avons tourné très vite (deux semaines) la végétation très variée du domaine nous a permis de changer de décors sans faire trop de kilomètres. La vitesse avec les enfants n’est pas un problème, au contraire, ils n’aiment pas trop refaire les scènes, ils n’en voient pas l’utilité. Et comme je tournais une prise par plan, ce sont plutôt les adultes qui ont eu du mal ! Mais au fond chaque acteur a sa logique, et c’est un peu le rôle du metteur en scène de composer avec ça.

Thierry de Fages : Sans pathos, sans violence,sans coup de feu, LES PETITS POUCETS distillent un climat oppressant, sans doute indéfinissable car irrationnel… Je songe notamment à cette scène dans laquelle Baptiste fait son one-man show ogresque [ « Je suis l’ogre de la forêt/Ce soir c’est la fête/J’ai envie de manger de la chair fraîche de petit enfant/Mais je sens une odeur délicieuse/Une odeur délicieuse d’enfants désobéissants ! »]

Thomas Bardinet :

J’espère que cette scène vous a fait aussi un peu rire ! Quand même, ce qu’il dit, c’est peut-être le fond de sa pensée, et c’est ça qui finit par être effrayant, même si c’est aussi comique.

Thierry de Fages : La plupart de vos scènes à intensité dramatique paraissent fort suggestives, donc largement offertes à l’imagination des spectateurs. Par exemple celle de la rencontre de Baptiste (qui fixe étrangement le feu de la cheminée) et des occupants du hangar. Estimez-vous dans cette scène - comme dans d’autres - que la peur est un sentiment toujours irrationnel ?

Thomas Bardinet :

Si je vois un type dans la rue avec une arme, je crois que ma peur n’aura rien d’irrationnel puisque le danger sera réel. Ici, nous jouons avec le fait que nous sommes dans une salle de cinéma et que le spectateur pense encore qu’il va y voir quelque chose de pas ordinaire. Ce n’est pas irrationnel au départ, c’est très logiquement que le spectateur dans une salle envisage le pire et le meilleur. C’est une arme avec laquelle il faut travailler. Mais tant que rien de vraiment grave n’est donné au spectateur (un mort, une souffrance physique), on peut dire que cette peur n’est pas disons raisonnable, et c’est pour cela qu’elle est, à mon avis, plus intéressante. Dans « Psychose », l’angoisse qui sous-tend le début du film est à mon avis beaucoup plus riche et intéressante que celle qui suit la scène de la douche.

Thierry de Fages : Cette scène semble suggérer également la peur sociale (de l’autre, de la représentation de ses codes). Après la projection du film au Saint-André-des-Arts de nombreuses questions ont été posées à propos de cette scène… Lors du tournage, aviez-vous pressenti que cette dernière « interpellerait » certains spectateurs ?

Thomas Bardinet :

Je n’avais pas vraiment le temps de me poser de telles questions ! Quand nous allions tourner cette scène, j’avais bien spécifié qu’il fallait un animal volumineux qui grille dans la cheminée. Mais le matin, mon assistant qui n’avait pas compris sans doute mon intention est arrivé avec deux poulets ! Là, j’ai refusé de m’adapter aux circonstances et il est allé chercher ce que je voulais. Car je tenais à un animal qui puisse faire penser, même un court instant (pour le coup totalement irrationnel) qu’il pouvait s’agir d’un enfant. C’est forcément un sentiment un peu terrible que le spectateur s’en veut un peu d’avoir, car il joue sur son a priori vis-à-vis des hommes des bois qui parlent un langage que l’on ne connaît pas. J’ai d’ailleurs volontairement exclu la tarte à la crème « travailleur clandestin maghrébin » pour préférer choisir un langage ancien comme les contes, l’occitan.

Thierry de Fages : La Nature (particulièrement le lac et la forêt) est très présente dans LES PETITS POUCETS. Avec ses frémissements, ses ombrages, ses clairs-obscurs, elle semble former un cœur musical avec sa rythmologie particulière. Curieusement, elle donne des lueurs fantastiques à votre histoire déjà bien étrange… Etes-vous particulièrement attiré par certains courants du cinéma fantastique ?

Thomas Bardinet :

Je suis très impressionnable au cinéma, et donc je ne vais pas voir de films angoissants, surtout quand ceux-là mettent en scène la souffrance physique des êtres humains. Le dernier que j’ai vu, c’est « Lost Highway ». Je suis sorti du film au milieu, très malade, et j’ai décidé que ce n’était pas pour moi. Je crois qu’il faut quand même être un peu sadique pour faire ça, et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a dans ces procédés une forme de puritanisme : il faut punir les spectateurs et les traumatiser. Non merci. Pour moi, un quart d’heure de « La féline » de Tourneur vaut tous les films de David Lynch. Donc Tourneur, oui, j’aime beaucoup cet art de la suggestion qui met le feu à notre imaginaire.

Thierry de Fages : Finalement, n’est-ce pas dans cette Nature que réside la source énergétique de votre histoire dans le sens où vos personnages semblent aimantés par des puissances invisibles ?

Thomas Bardinet :

Je vous laisse interpréter à votre guise. Je précise que je suis chrétien, même si l’ironie de la scène du « notre père » dans la forêt n’est pas une illusion. Encore une fois, je pense que les personnages parlent pour moi et expriment mon sentiment, et si j’aime tant filmer l’homme dans la nature, c’est parce que j’ai l’impression de vivre en faisant cela une expérience spirituelle qui me ramène aux questions fondamentales de la vie, que l’on a tendance à constamment éloigner de soi dans notre quotidien.

Thierry de Fages : Je songe aussi à la scène aux lueurs expressionnistes dans laquelle le personnage de Laetitia déambule dans la forêt… Que vous inspire-t-elle ?

Thomas Bardinet :

Avec elle,(Marie-Christine Laurent) j’ai l’impression de balancer entre Rohmer et Hitchcock. Elle se fond magnifiquement dans la forêt, elle se transfigure littéralement, et elle le fait d’autant mieux que ces scènes étaient tournées en nuit américaine, c’est-à-dire en pleine journée. Elle était donc bien incapable de deviner l’effet que cela allait donner.

Thierry de Fages : La fin du film – que l’on ne dévoilera pas – offre un sentiment de sérénité et laisse sur l’impression que la réconciliation avec le monde est possible. Mais de multiples autres interprétations semblent tout aussi plausibles... Le choix de cette fin vous est-il venu facilement ?

Thomas Bardinet :

Non, la première version du film était beaucoup plus « normale », avec un récit quasi parallèle entre les angoisses des parents et la ruse des enfants, et qui finissait à la fin du cache-cache. On voyait notamment où les enfants étaient cachés, et j’ai choisi de ne pas le montrer, ce qui reporte l’intérêt du film ailleurs. Je pense que cette construction est assez étrange (on sort littéralement du film pour entrer dans un autre, quasi muet, avec les deux enfants) et quelques critiques ont pensé que c’était un peu bricolé et hésitant, alors que c’est un choix qui a été longuement pensé, mûri, et que je n’aurais pas osé faire il y a seulement quelques années, par manque d’expérience. Pour moi, les trois personnages de cette scène finale se fondent l’espace d’un instant dans l’ordre naturel des choses : les enfants réconciliés ne font qu’un avec la nature, et la mère voit son fils dans les bras d’une petite fille qui très vite deviendra une femme, comme lui deviendra un homme qui lui échappera, c’est cruel et joyeux à la fois.

Thierry de Fages : A propos de ce film, vous avez écrit : « L’enfance est un monde que nous avons parcouru mais qui n’est plus le nôtre, il n’y a rien à faire. » Cette phrase me semble refléter l’ambiance prenante des PETITS POUCETS…
Seriez-vous d’accord avec l’affirmation suivante : « Le cinéma est un monde que nous avons parcouru mais qui n’est plus le nôtre, il n’y a rien à faire. » ?

Thomas Bardinet :

C’est une question magnifique à laquelle je ne sais pas si je peux répondre. Je suis à la recherche d’un cinéma primitif et enfantin qui sans doute n’existe plus. Mais l’important, c’est le chemin.