Fabrice LUCHINI : Tout « sur ROBERT »

Fabrice LUCHINI : Tout « sur ROBERT »

Passage « off shore » à cet ambitieux théâtre de la Manufacture
des Abbesses . Fabrice -véritable prénom : Robert - est venu
soutenir la dédicace du passionnant livre de Jean Dominique
Brierre : « Le Mystère LUCHINI ». Evidemment l’artiste n’a pas
résisté à sa truculence habituelle - nous non plus . Je rapporte
brièvement de cet entretien quelques réflexions.


La jeunesse

Dans de modestes conditions, pas si mauvaises , il a évolué au
cœur de Montmartre dans des milieux où la drogue et la violence
n’étaient pas exclues à priori. Mais déjà la poésie . Il a su voir
en certains de bons compagnons, des héros pittoresques, picaresques,
au verbe généreux, dignes de Jean Genet –. Déjà presque la
littérature sans le savoir.
Ou plutôt l’amour des mots - déjà les mots. Il est découvreur du
verlan à la source et le parle très bien.
De l’art de cultiver les fleurs sur la bouse.

Le métier

Ma plus belle période fut celle de livreur ironise-t-il- presqu’en un
défi . Toujours dans l’observation, Luchini « cristallise » déjà
les personnages en allant partout . Les travlos de tout poil surpris
en train de se raser, le collectionneur solitaire muré dans sa
musique classique, voire les disputes surprises dans l’intimité des
gens.

La mob est son vaisseau explorateur - nageant en eaux troubles il
découvre lui aussi l’Amérique.
Comme plus tard les promenades sous la pluie. Un fort sentiment
d’appartenance à la ville.Une communion avec l’univers , à
rapprocher de certaines racines existentialistes…

Le théâtre

La pratique est dominée par Jouvet ; le phare . Il a tout lu : ses écrits sont une révélation, il suffit de s’en remettre à lui, le maître a tout inventé.
En fait Luchini investit dans son métier un travail énorme : rien n’est laissé au hasard – tout doit être au top dans une préparation sans faille. En tournée par exemple : seul le sommeil interrompt cette quête de l’absolu.
Oui un acteur absolu car après tout on l’aime ou on ne l’aime pas – dans le premier cas c’est sans faille.


Les partis pris tout a trac :

- Non l’acteur n’a pas besoin d’être intelligent, confie-t-il en
forme de bravade. Mais notre ami n’est pas retord . Après quelques
remarques du public à l’encontre de cette négation : il se ravise et
infirme en un « Oui » – feutré, comme arraché.

- Il serait narcissique : là aussi les lances se rompent– il aura
suffi de souligner qu’il est au service des auteurs et des œuvres
pour dissiper ce malentendu.

- Il n’aime pas la réussite des individus – l’échec non plus -
ennuyeux.

- Il serait anarchiste de droite : la droite lui déplait, nantie . La
gauche caviar encore plus car elle feint une appartenance au
prolétariat – comme les acteurs …aussi de gauche.

Et on peut terminer sur sa citation d’un auteur , éructée,
distillée , dans l’humour ! :
« Je suis tellement désespéré qu’il n’y a même plus de place pour le
moindre problème de quelqu’un d’autre ».

Actuellement son spectacle : « Le point sur ROBERT », à voir au
théâtre de la Renaissance.

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