Pierre et Yann, rebelles anti-LRU

Pierre et Yann, rebelles anti-LRU

Il était une fois deux étudiants perpignanais pas d’accord du tout avec la loi LRU. Pierre et Yann, comme des milliers d’autres étudiants, ont légitimement participé aux manifs et aux AG de l’automne dernier. Depuis décembre 2007, ils paient cher leur rébellion.

Comme dans certaines autres villes, la résistance contre la loi Liberté et Responsabilité des Universités (LRU) a été très vive à Perpignan. La riposte aussi. Les provocations et les manœuvres visant à discréditer le mouvement étudiant allaient bon train. Air connu. Les militants les plus en vue furent dans le collimateur de l’administration et de certains profs anti-grève.

Dans la cible, Yann (24 ans) et Pierre (22 ans). Ils suivent des études de Lettres et de Catalan, mais militent aussi à la Coordination des groupes anarchistes (CGA) et à SUD Étudiant. Bref, les clients parfaits pour un bon délit de sale gueule. Ils seront poursuivis pour dégradations, vol, violences et menaces de mort. Pas moins. Pierre et Yann ne reconnaissent aucun des propos, aucun des actes qu’on leur met sur le dos.

Sur ces bases contestables, la police débarqua au petit matin chez nos deux amis. Cela se passait le mercredi 19 décembre 2007. Arrestation, perquisition et tout le toutim avec saisie des ordinateurs en prime. À l’issue d’une garde à vue de 48 heures, aucune des charges initiales n’a été retenue contre eux. Des plaintes nominatives d’outrages ont alors été déposées par des enseignants bouffeurs de grévistes. Cela suffira pour placer les deux étudiants sous contrôle judiciaire. Bilan pour ces dangereux individus (qui refusèrent en prime qu’on leur prélève leur ADN) : interdiction de sortir du département des Pyrénées-Orientales, interdiction d’entrer dans l’Université de Perpignan, sur le campus universitaire et au restaurant universitaire, interdiction d’avoir des contacts entre eux et avec l’ensemble du personnel de l’Université… Des mesures totalement disproportionnées pour tenter de museler la fronde estudiantine.

Depuis le début de l’année, les choses ont mollement évolué. Si Pierre et Yann se trouvent toujours sous contrôle judiciaire, la Cour d’appel de Montpellier a, le 22 janvier, levé l’interdiction d’aller à la fac et de sortir du département. Néanmoins, Pierre et Yann n’ont toujours pas le droit de se rencontrer, interdiction justifiée par de supposés « risques de concertation ». Le comité de soutien Justice pour Pierre et Yann a par ailleurs rencontré, début février, le président de l’Université de Perpignan. Le comité dénonce son comportement pendant la grève et souligne la responsabilité de la direction de la fac dans la montée des tensions et des violences sur le campus.

Le 4 mars, les « agitateurs professionnels » furent convoqués séparément chez la juge d’instruction. Tout y est passé. Participation au mouvement de 2006 contre le CPE, interrogatoire sur les dégradations à l’université, sur les supposées insultes et menaces de mort, sur le refus du prélèvement ADN... L’instruction commence. Dans les mois à venir, tous les témoins devraient être entendus, puis de nouvelles confrontations auront lieu. Pour gonfler un dossier bien vide, un article du journal Le Monde sur le mouvement anarchiste autonome (auquel n’appartiennent pourtant pas Pierre et Yann) s’est curieusement ajouté au reste. Preuve, s’il en fallait, que l’affaire est bien politique. Au-delà de deux étudiants grévistes, il semble que ce sont surtout deux militants anarchistes que l’on voudrait mettre au pas.

Plus de trois mille personnes, dont la moitié venue du monde éducatif, et de nombreuses organisations ont apporté leur soutien aux deux étudiants en signant une pétition qui proteste contre la criminalisation des mouvements sociaux. Toutes ces péripéties coûtent cher. Fin février, deux concerts réunissant dix-sept groupes ont permis de couvrir une partie des frais d’avocat. Mais cela ne suffit pas.

Si vous voulez les soutenir, une souscription est ouverte à l’ordre du CES (mentionnez « solidarité avec Pierre et Yann » au dos du chèque). Envoyez vos dons au CES, BP 40233, 66002 Perpignan cedex.

Vous pouvez également signer la pétition en ligne
Voici les premières organisations signataires : Coordination des Groupes Anarchistes, Fédération SUD Etudiant, Maulets, Alternative Libertaire, Sindicat d’Estudiants dels Països Catalans, Fédération Anarchiste, Réseau No Pasaran, Confédération Nationale du Travail-Fédération des Travailleurs de l’Education, Les Alternatifs, Brigada Catalana-Veneçolana Alí Primera, Endavant-OSAN, Coordinadora d’Assemblees de Joves de l’Esquerra Independentista, Coordinadora Obrera Sindical, Fédération SUD Education, Brigada Catalana-Cubana Venceremos, Fédération SUD Rail, Comitè per un Socors Roig Internacional-Catalunya, Union Sociale Démocratique, Espai Jove de la Intersindical-CSC, Revolta Global-Catalunya Principat, Fédération SUD ANPE, Groupe Puig Antich (CGA), SUD Etudiant Perpignan, Maulets Rosselló, Union Locale CNT-AIT de Perpignan, SUD Education 66, Ligue Communiste Révolutionnaire 66, L’Art ou Cochon, CNT Education 66, Solidaires 66, CNT 66, Les Alternatifs Catalans, SUD Santé-Sociaux 66, Groupe Français d’Education Nouvelle 66, Ligue des Droits de l’Homme 66, Lutte Ouvrière 66, SUD Protection Sociale 66, Fédération Syndicale Etudiante-Pau, Le Jura Libertaire, Alternative Libertaire-Montpellier, CNT-Paris III, CNT Jura, Comité anti-répression-Lyon, Librairie Scrupule-Montpellier, Diari Sa Meua, Casal Jaume Ier d’Elx, Associació Cultural de Vilafranca del Penedès-La Fornal, Collectif FSA-Reporter multimédia indépendant, SUD Lycéen 12, Alternative de Gauche-Millau, Candidatura d’Unitat Popular-Torà i Biosca, Union Locale CNT de Marseille, Fédération Syndicale Etudiante-Provence, Candidatura d’Unitat Popular-Girona, Elus et adhérents-CGT des ASF, SUD Lycéen 75, Col•lectiu Negres Tempestes Groupe d’Anarchistes de Lille et environs, Organizacion Juvenil Azarug-Islas Canarias...

Vous aurez plus d’infos en écrivant au comité Justice pour Pierre et Yann ou sur le site de la Coordination des groupes anarchistes