"Daily féminity", douceur de l’impudeur

"Daily féminity", douceur de l'impudeur

Michaël Bauswein explore la féminité du quotidien, son appareil à la main...
Appareil photo j’entends. C’est en effet muni d’un objectif qu’il touche ses
modèles puis les yeux puis le cœur de ses lecteurs. Il sort un doux ouvrage
"Daily féminity" aux tapageuses éditions Ragage. Presque anormalement loin de
toute provocation, Michaël apprivoise notre regard sur des sujets troublants
d’ambivalence, ces femmes qui posent au naturel.

Michaël bonjour,

1) Photographe, c’est votre premier métier ? Celui que vous avez
toujours voulu
faire ? Comment en êtes-vous arrivé là ?

En fait, ça n’a jamais vraiment été mon métier et ça ne l’est toujours pas,
mais j’y travaille. J’ai un BTS Photo, oui, oui, ça existe, j’ai été le
premier surpris ! Et j’ai fait quelques piges pour la presse quotidienne ou
sportive mais je n’ai jamais gagné de quoi vivre avec la photo.

Cette année je vais me donner les moyens d’y parvenir et j’espère vraiment y
arriver.

2)Vous photographiez uniquement les femmes ? Leurs courbes vous attirent ? Ou
la
rencontre ? Ou c’est pour le business : les seins ça se vend bien ? Ou en fait,
vous photographiez les hommes et vous travaillez les photos sous photoshop
après ?

Non, non, je photographie aussi les gens dans la rue, Paris, les petits
oiseaux, les fleurs. mais bizarrement, ça intéresse beaucoup moins les gens
que mes photos de modèles féminins. Allez savoir pourquoi. C’est vrai que je
trouve qu’il n’y a rien de plus beau au monde que le corps d’une femme et c’est
donc naturellement que j’ai voulu mettre les femmes en images, plus ou moins
dénudées. Ma crainte étant de ne pas tomber dans la nudité gratuite ou
vulgaire et je pense y être parvenu.

Pour le grand timide que j’étais et que je suis encore un peu, ça n’a pas
été évident au début de demander à une femme de se déshabiller devant mon
objectif. Mais la première séance de ce type, avec Cindy, s’est tellement
bien passée et nous étions tous les deux vraiment contents du résultat donc
ça m’a encouragé à continuer. Si ça avait été un fiasco, je serais
probablement retourné à photographier les fleurs et les petits oiseaux.

3)Qu’est-ce qui vous touche lorsque vous photographiez une femme ?

Bonne question.

Je ne sais pas, je crois que c’est le fait qu’elle se montre à moi comme
elle se montre à peu d’hommes. Plus que la séance et les photos qui en
résultent ce que je retiens avant toute d’une séance c’est la rencontre. Car
avant d’être une séance photo, c’est vraiment une rencontre, la découverte d’une
femme qui, je crois, me découvre un peu aussi. Et il se crée, le temps de la
séance une sorte de petite intimité entre nous qui devient le cadre des
photos.

Et pour un projet sur la féminité simple, naturelle, spontanée comme « Daily
feminity » c’est primordial.

Je suis admiratif et incroyablement reconnaissant vis-à-vis des modèles car
ce n’est pas évident de se dévoiler devant un quasi inconnu et de lui faire
confiance pour mettre sa beauté sans fard en image. Moi, je pense que je ne
pourrai pas le faire. D’un autre côté vu comme je suis bâti personne ne me
le demandera jamais donc tout va bien.

4)La quatrième de couverture de votre ouvrage indique "la nudité est un
rideau" ; c’est pour faire ressortir la poésie de l’ouvrage ? Pour rendre au
corps
nu son mystère ?

Je ne pense pas que la nudité ait un mystère. Pas pour moi. La nudité, je
trouve se rapproche justement de la vérité d’un être. Nu, sans artifice,
sans son « déguisement » social, on peut difficilement tricher et être
autrement que ce que l’on est vraiment. Une fois passé outre la pudeur qu’on
a par réflexe, je crois qu’on se montre tel qu’on est. Et les femmes que je
rencontre y ont souvent leur beauté sublimée car empreinte d’une certaine
fragilité, timidité ou d’une séduction plus subtile.

On attribue un mystère au nu surtout parce qu’il est rare et encore un peu
tabou dans nos sociétés occidentales. Et ce qui est rare, peu accessible
devient mystérieux, mais le corps nu, je dirai justement que c’est la
révélation du mystère de quelqu’un. Car se mettre à nu, ce n’est pas juste
dévoiler son corps c’est aussi dévoiler qui on est vraiment. C’est ne plus
être caché par des artifices.

5) Qu’est-ce qui vous fait choisir le noir et blanc ou la couleur pour une
photo ? Le modèle ? le maquillage ?

En fait, je choisis toujours le noir et blanc. Enfin pour mes projets
personnels. Sinon il m’arrive pour des commandes de faire de la couleur mais
j’ai un réel penchant pour le noir et blanc et au départ, j’essaie toujours
de faire des images monochromes.

J’ai même un magazine porno qui m’avait contacté il y a quelques temps pour
éventuelle collaboration et je leur ai dit : « Ok, mais je fais les photos
en noir et blanc ». Ils n’ont jamais donné suite.

Après j’ai bien conscience qu’il va falloir que je sois moins sectaire et
que je m’ouvre un peu à la couleur donc je vais m’y mettre doucement ; je
vais me forcer.

6)Comment choisissez-vous vos modèles ? Que conseilleriez-vous à une jeune
femme
souhaitant être photographiée par vous ?

C’est un processus assez compliqué qu’on pourrait résumer comme ça : « je
prends en photo celles qui acceptent ».

Non plus sérieusement, comme tout choix c’est très subjectif et intuitif.
Mes critères sont probablement un mélange entre l’image que je me fais de la
femme idéale, un peu comme si pour une séance je cherchais la femme de ma
vie, enfin toute proportion gardée, et des critères propres à une série de
photos que j’ai en tête.

Après quelqu’un qui veut poser pour moi, je lui conseillerai surtout de bien
prendre conscience que je ne vais pas la déguiser ni la transformer pour qu’elle
rentre dans une image que j’ai en tête mais qu’au contraire je vais la
photographier elle, naturelle, simple. Je ne cherche pas des modèles à
modeler mais vraiment des femmes avec leur personnalité, leur sensibilité.
Plus que leur physique, c’est un bout de ce qu’elles sont ce que j’aime
essayer de capter dans mes photos.

7) Appréciez-vous les modèles narcissiques et mégalos ?

Ca dépend beaucoup de la fille. Je ne fais par principe jamais de généralité
d’autant qu’il y a des mégalo-narcissiques très mignonnes et avec beaucoup
de charme qui sauront me donner une envie irrépressible de les avoir comme
modèle, je suis sûr que vous en connaissez ;) Et donc oui, tant que je reste
maître de mes photos et que ce n’est pas le modèle qui m’impose les images à
faire, je peux avoir envie de faire une séance avec un modèle mégalo. Il
paraît que tous les artistes le sont un peu.

8) Quelle est la question qu’il ne faut pas que je vous pose ?

« Avec combien de vos modèles avez-vous couché ? »

Non, pas parce que c’est une question indiscrète mais parce que je détruirai
le mythe qui veut qu’un photographe se tape ses modèles. Ce n’est pas mon
cas. Si bien que je me demande si les autres sont de gros vantards ou si c’est
moi qui ne suis pas normal ?

C’est vrai que cette légende à la dent dure mais je reste persuadé qu’elle
se fonde que sur des très rares cas et beaucoup d’affabulations ( comme
toutes les légendes populaires ).

Plus sérieusement, il faut avouer lorsqu’un homme découvre que je fais des
photos de jeunes femmes, sa première question ce n’est jamais : « Mais
alors, ton travail sur la féminité c’est d’inspiration Jonvellienne ou
Sieffienne ? » mais toujours « Combien tu t’en ai faites ? ». Ca ne rate
quasiment jamais.

9) Et celle que je n’aurai vraiment pas dû oublier ?

« On se donne rendez-vous quand pour notre séance photo ? » Non parce qu’on
parle, on parle mais on oublie l’essentiel !

10) Je vous laisse, cher Michaël, le mot de la fin

La suite au prochain épisode car je compte bien faire en sorte qu’il y en
ait d’autres !

Ce sera avec plaisir...

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