Raccoler et faire payer ?

Raccoler et faire payer ?

Après "Pulsions de femmes" et "Itinéraire d’une scandaleuse", Clara Basteh nous
revient avec "Vie d’une libertine", toujours aussi belle et provocante...

Clara Bonjour

1) Lorsque nous avions fait votre e-terview sur lemague.net, nous étions
les premiers ; depuis, vous avez fait de la télé, de la radio... Une expérience
agréable ? Sympa ? Vous êtes blasée ?

C’est intéressant à vivre mais désormais, je n’accepte plus d’interview qu’en tant qu’écrivain.
D’une part, les sujets abordés dans les émissions tournent toujours autour de la fidélité, c’est lassant, de l’autre « Vie d’une libertine » est un roman et non un témoignage.
L’expérience prouve de plus qu’une écrivaine érotique médiatisée est davantage considérée comme la salope de service, passez-moi l’expression, que comme quelqu’un qui a quelque chose à dire dans un style travaillé. Nous ne sommes qu’en 2008 !

2) Ecrire une nouvelle, puis un roman, puis un second roman... c’est de plus en
plus facile car on s’habitue ou de plus en plus dur car il faut se renouveler ?

L’expérience venant, je maîtrise mieux mon style, par contre, il est évident qu’il faut se renouveler. C’est la raison pour laquelle j’ai davantage fait appel à mon imagination.

3) Est-ce qu’il arrive, maintenant que vous avez une certaine reconnaissance, que
des hommes souhaitent coucher avec vous parce que vous êtes écrivain ?

Absolument ! La reconnaissance fait fantasmer et certains espèrent aussi se retrouver portraiturés dans mon œuvre, à leur avantage bien sûr !

4) Je crois savoir que l’histoire sur les amours tarifées de votre dernier roman
"Vie d’une libertine" est en partie autobiographique... Le premier réflexe lors
d’une telle aventure est celui de l’écrivain qui voit là de quoi s’inspirer ou
de la femme blessée ?

De la même façon que dans « Itinéraire d’une scandaleuse », le sujet de la bisexualité était au cœur du sujet, dans « Vie d’une libertine » ce sont les amours tarifées. C’est un fantasme répandu et très intéressant. J’ai recueilli de nombreux témoignages qui ont permis de donner à mon nouveau livre le parfum de vécu qu’apprécient tout particulièrement mes lecteurs.

5) Est-ce que cette histoire a changé vos convictions sur le rapport entre le
sexe et l’argent ?

J’y ai surtout acquis la certitude qu’il y a un monde entre le libertinage et le fait de vendre ses charmes. A quelques exceptions près, ces pratiques nuisent gravement à l’image de soi, ce qui n’est absolument pas le cas avec le libertinage. On parle beaucoup de la prostitution des étudiantes en ce moment. Il s’agit bien plus à mon sens de la conséquence dramatique du coût exorbitant de la vie que d’une banalisation bon enfant de la relation tarifée.

6) Dites-moi, vous qui revendiquez être libertine... Etre ainsi avec le même homme depuis plusieurs années, fidèle aux éditions Blanche... les libertines seraient fidèles ?

Etre fidèle ne se réduit pas à coucher tous les soirs avec le même mec ! « Vie d’une libertine » aborde aussi la question du polymour qui est le fait d’aimer plusieurs hommes à la fois. Le polyamour demande une grande maturité et nécessite de bien se connaître. C’est surtout à soi-même qu’il faut être fidèle dans ce contexte.
Pour ce qui est de mon éditeur, publier chez Blanche est pour moi un honneur C’est à mes yeux la seule maison d’édition qui traite les auteurs érotiques à l’égal des autres écrivains.

7) Pour puiser votre inspiration, notamment sur la domination, vous avez plutôt expérimenté, fait une enquête journalistique ou c’est uniquement le fruit de votre imagination ?

Les pratiques de DS, c’est-à-dire de domination- soumission, appartiennent à un univers plus restreint que le libertinage de type échangiste. On y trouve un plaisir différent du simple plaisir génital, un plaisir d’ordre intellectuel très spécifique. J’ai surtout lu les auteurs qui traitent du sujet mais j’ai fait quelques expériences dont il reste entre autres, de belles photos, l’esthétisme faisant partie intégrante du sujet.

8) Est-ce que certains se sont reconnus dans vos romans ? Etaient-ils plutôt flattés ?

Pour « Itinéraire d’une scandaleuse », j’ai souvent fait lire les passages qui les concernaient aux intéressés. La déontologie exige en effet que mes héros ne puissent pas être identifiés par qui que ce soit et eux seuls sont à même de dire si cette exigence est observée. Certains ont insisté en vain auprès de moi pour conserver leur vrai prénom ! Lorsque les portraits étaient peu flatteurs, j’ai croisé les doigts pour que les personnes concernées n’achètent pas mon livre !

9) Peut-on candidater pour être votre muse ? Que faut-il faire ?

En dehors du fait de me croiser au hasard de mes pérégrinations, il faut se lancer et me raconter fantasmes et expériences. Pour « Vie d’une libertine », j’ai interrogé pas mal de gens et je dois dire que tout le monde y a trouvé son compte car pour beaucoup, ça a été comme un soulagement de pouvoir parler sexe en toute liberté. J’envisage une reconversion en qualité de psy ! Je plaisante, bien sûr !

10) Je vous laisse, chère Clara, le mot de la fin

Il n’y a pas d’amour, le sexe c’est l’amour.

Merci

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