La revanche du clitoris

La revanche du clitoris

Point G et clitoris même combat ! Pour la simple et bonne raison que le point G est l’arrière du clitoris, il ne s’agit donc pas de deux organes différents ni de deux manières distinctes de stimuler une zone érogène mais bien du même pris sous un angle interne ou externe. Vous n’y connaissez donc rien au plaisir féminin ? Lisez ce livre d’urgence, votre compagne vous en remerciera jamais assez …

Ecrit avec un rare sens de l’humour, ce livre est jubilatoire à double sens : il dédramatise un sujet qui n’a pris que trop d’importance par le déni qu’on lui accorde et il aborde – enfin ! – la manière d’assumer sa sexualité en temps que femme, loin, si loin des idéaux machistes des hommes qui ne pensent qu’à eux. Un livre indispensable pour les bourrins qui ne pensent qu’à chevaucher à la hussarde (ils apprendront le sens des préliminaires et de la caresse clitoridienne) ; et tout aussi incontournable pour les adolescentes qui sont à la recherche de réponses aux questions que leur corps déclame … Tout sujet abordé avec honnêteté, calme, précision et force détails scientifiques se voit soudain ramené à sa simplicité première, loin des modes et des légendes : il en gagne alors en compréhension. Didactique et ludique, cette revanche du clitoris est menée de mains de maître par deux spécialistes : la journaliste Maïa Mazaurette, une sex-experte de la blogosphère qui a créé le site sexactu.com et qui est rédactrice en chef de lafraise.com et le docteur Damien Mascret, qui est sexologue et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Généraliste tout en supervisant l’enseignement de la sexologie sur le site legeneraliste.fr.

Voici donc réponses à toutes vos questions et informations en vue d’établir un peu de cohérence en vos crasses absences : oui, Freud et l’Eglise sont responsables du mal être que les femmes ressentent dans leur quête du plaisir car sans le clitoris point de salut. Non, la pénétration n’est pas la panacée pour jouir. Seul le clitoris est le véritable détonateur de l’orgasme féminin.
Et que savez-vous réellement de ce petit organe érectile de l’appareil génital féminin ? De ces huit mille fibres nerveuses qui forment un véritable petit cerveau ? Que pouvez-vous dire pour continuer à affirmer la supposée suprématie de l’orgasme vaginal sur l’orgasme clitoridien ? Que savez-vous des érections clitoridiennes et des possibles polyorgasmies féminines ? Et que dire des 130 millions de femmes excisées dans le monde ?

Hé oui, le sujet est vaste !
Les chapitres s’enchaînent pour traiter du déni de la psychanalyse jusqu’à ses dérives (Freud ayant décrété que la normalité de la femme adulte passait par le vagin, l’opprobre est jeté sur le pouvoir orgasmique du clitoris ; allant jusqu’à être interprétées par un éminent gynécologue égyptien qui mériterait la castration pour ses propos monstrueux : "Il est très difficile pour une fille qui a pratiqué la masturbation de se diriger vers l’orgasme vaginal quand elle se marie et s’est habituée à l’orgasme clitoridien. L’excision lui permet, en se concentrant sur son orgasme vaginal, de se diriger vers une vie de couple.") ; de l’excision culturelle à la mutilation physique (panorama des croyances débiles et autres arguments d’attardés mentaux pour justifier la barbarie faite aux femmes : les Bambara craignent qu’un homme qui couche avec une femme non excisée soit atteint par le dard de la femme et en meurt ; les Mossi du Burkina croient que le clitoris est un organe dangereux pouvant tuer le bébé à la naissance et qu’il peut rendre les hommes impuissants ; etc.) ; de la partie émergée à celle immergée, que du plaisir (en 1998 le chirurgien Helen O’Connor découvre que les reproductions du clitoris sont inexactes : scandale dans le petit monde des anatomistes !) ; de la place que les laboratoires voudraient prendre pour se substituer au clitoris pour donner du plaisir grâce à la pilule rose pour libérer les femmes faussement frigides. Enfin, l’enseignement de la sexualité à l’école : tout un programme …

L’éducation sexuelle à l’école est une plaisanterie ! Au lieu d’aider les adolescents elle laisse la place aux discussions entre lycéens pour qui la sexualité est souvent un grand n’importe quoi. Malgré les cours obligatoires, l’usage du clitoris est oublié : les programmes – et les manuels – sont techniques mais ils hésitent tous à évoquer l’orgasme et répugnent à révéler la fonction réelle du clitoris. Nos lycéens en savent finalement plus sur la fonction reproductrice (alors qu’ils n’en ont pas l’âge), mais n’y comprennent rien sur la manière de donner et prendre du plaisir (alors que c’est le moment). Le sexe scolaire est considéré comme productif et non comme récréatif. On sent encore les relents nauséabonds de la pensée religieuse qui interdit toute notion de plaisir !

Le principe même des classes mixtes est une hérésie ! Entre les gloussements incessants des garçons et les filles qui n’osent pas demander des éclaircissements sur les systèmes de contraception au risque de passer pour des salopes les sujets importants sont occultés … Il s’avère donc que le manque d’intimité interdit tout allusion au plaisir et/ou au vécu.
Un enseignement décent de la sexualité nécessiterait des groupes réduits et des professeurs patients, prêts à respecter la pudeur et les attentes de chacun.
Ainsi, l’Etat est le grand responsable par son cruel manque de volonté – une fois de plus – : à force de ne vouloir offusquer personne on laisse le champ libre à des représentations du sexe bien plus dangereuses que la curiosité qu’il prétend étouffer, notamment par le biais de la pornographie : n’oublions pas que les films X ne reflètent en rien la sexualité réelle, mais que bien des ados calquent leurs actes sur ce qu’ils voient en DVD, faute d’une autre connaissance ... L’école – l’Etat – n’a pas à nous dire ce qui est sexuel et ce qui ne l’est pas. Il n’a pas à énoncer le sens et la valeur que nous devons donner à cette idée de la sexualité, comme si ce sens et cette valeur pouvaient être univoques et communs à tous ! (Marcela Iacub & Patrice Maniglier, Antimanuel d’éducation sexuelle, Bréal, 2005)

Alors, après une si longue excision culturelle, le clitoris peut-il réellement prendre sa revanche ?
Il semble bien que oui : ignoré depuis des siècles, le voilà qui s’invite sur le devant de la scène. Des mensuels féminins lui consacrent désormais des dossiers entiers (dont le dernier en date est paru dans Bien dans ma vie en novembre 2007 : "Cap sur l’épicentre du désir", par Virginie Guedj). On commence à oser parler du petit bouton magique : le clitoris n’est plus l’apanage d’une poignée de scientifiques, de féministes ou de lesbiennes. Il devient populaire !
Ainsi, il est désormais accessible au savoir de tous mais également considéré comme une composante normale et essentielle de la sexualité.

Maïa Mazaurette & Damien Mascret, La revanche du clitoris, coll. "l’attrape-corps", La Musardine, janvier 2008, 134 p. – 12,00 €