6,4 millions d’algériens sont analphabètes : que fait l’Etat Algérien ?

6,4 millions d'algériens sont analphabètes : que fait l'Etat Algérien ?

Force est aujourd’hui de constater que l’éradication de l’analphabétisme en Algérie reste toujours un vœu pieux. Et pour cause, le taux national des citoyens ne sachant ni lire ni écrire demeure très élevé. Estimés à 21,39 % de la population, soit 6,4 millions de personnes, les analphabètes en Algérie ne peuvent guère être ignorés. Ainsi, à l’heure où on célèbre la journée arabe d’alphabétisation, chaque 8 janvier, plusieurs observateurs et militants d’associations civiles engagées dans la lutte contre l’analphabétisme sont montés au créneau pour interpeller le gouvernement sur les perspectives alarmantes de ce fléau.

Le constat est encore plus amer dans la mesure ou les dispositifs prévus pour l’alphabétisation ne sont guère efficaces et nettement insuffisants. D’autant plus qu’il est admis par les spécialistes que « l’analphabétisme est bel et bien un phénomène structurel installé dans la durée tant que la scolarisation universelle n’est pas atteinte et que les déperditions scolaires précoces ne sont pas jugulées ».

Pour pallier les conséquences de ce triste phénomène, une stratégie nationale d’alphabétisation visant à réduire de moitié le taux d’analphabètes en Algérie à l’horizon 2016 a été mise en place depuis adoption le 23 janvier 2007 par le Conseil du gouvernement.

Sur ce chapitre, la présidente de l’association algérienne d’alphabétisation "Iqraa", Mme Aïcha Barki, a relevé mardi que la mise en application de cette stratégie revêt plusieurs défaillances car d’importantes infrastructures, à l’instar des écoles et des centres de formations en vue de dispenser des cours du soir au profit de personnes analphabètes, ne sont toujours pas mises à par les ministres concernés la disposition des associations spécialisées et des bénévoles.

Elle a estimé, dans ce sens, qu’en raison du "taux important" de la déperdition scolaire, les autorités se doivent d’organiser des sessions de formation en partenariat avec des entreprises privées et publiques au profit des jeunes victimes de ce phénomènes et de contribuer ainsi à leur insertion socioprofessionnelle.

A cet effet, Mme Barki a préconisé la création de "l’école de la deuxième chance" à même de récupérer les jeunes en échec scolaire et les prévenir des fléau sociaux qui les guettent.

Elle a souligné, par ailleurs, la nécessité de revoir les méthodes conventionnelles utilisées dans la lutte contre l’analphabétisme, signalant au passage que les 500.000 femmes que son association a réussi à arracher des ténèbres de l’analphabétisme ont été motivées en les insérant notamment dans des activités socio-économiques telles que la couture, la coiffure et la poterie.

Rappelons enfin que les femmes sont les plus touchées par l’analphabétisme, dans la mesure où elles représentent deux fois le nombre des hommes. Par tranches d’âge, les personnes âgées de 20 à 59 ans représentent près de 66 % de la population analphabète. Cependant, les zones rurales sont les plus touchées par le phénomène. Elles représentent un taux d’analphabétisme de 55,22 %. Les wilayas les plus concernées sont Djelfa (50,04 %), Relizane (42,29 %), Aïn Defla (43,08 %), Tamanrasset (43,72 %) et Illizi (40,29 %). Face à cet état de lieu, une seule question reste en suspens : qu’attends l’Etat pour mobiliser tous les moyens matériels et humains nécessaires à l’éradication de ce fléau ?