Viniale et Zalberg font la guerre à la guerre !

Viniale et Zalberg font la guerre à la guerre !

Depuis le 11 septembre 2001, Frédéric Vignale et Carole Zalberg marient art du collage et du verbe pour dénoncer la Guerre, sous toutes ses formes, sur tous ses terrains de prédilection. A la découverte de War(t)-Art .

Terre d’Escale : Derrière War(t)-Art, on trouve Frédéric Viniale et Carole Zalberg . Qui sont-ils ?

Frédérice Viniale : « Pour ma part je suis Frédéric Viniale, la part masculine et visuelle du binôme de Wart-art. Il convient de rajouter notre webmaster émérite et doué Marc C. qui passe une partie de ses nuits à nous faire de belles pages virtuelles et à qui je veux rendre hommage ici officiellement. C’est un peu difficile de me mettre une seule casquette car, comme dit Carole Zalberg, j’ai 1000 vies en une ! Je pense que je suis avant tout un artiste qui exerce son art énervé, affûté, cynique, provocateur, incisif, volontaire et coloré dans plusieurs domaines de la création. J’ai fait un peu de télévision avec l’odieux Christophe Dechavanne à " Ciel Mon mardi ", de très longues études de Lettres où j’étais un cancre absolu, j’ai dirigé des colonies de vacances et je passe une partie de ma vie à faire et défaire des sites Internet sur les choses qui m’amusent ou me révoltent. Je suis convaincu que le web est un espace de liberté et de création qui n’a pas d’égal dans la vraie vie et j’en profite un maximum. Je suis donc un Net artiste qui se veut engagé et réactif, qui n’a pas peur des conflits et des polémiques et qui n’a qu’un désir rester libre de ses choix et de ses prises de position. Sans l’Internet, je serai comme un chanteur baillonné et frustré. On m’a souvent reproché d’utiliser la guerre sur ce site comme un fonds de commerce honteux, ce qui est totalement infondé car c’est un peu comme si on avait empêché Picasso de faire Guernica. Bien entendu je ne suis pas (encore eh eh) Pablo Picasso, mais qui peut dire ce qu’il adviendra de mon " oeuvre virtuelle " dans 30 ans ? Il me semble essentiel qu’on laisse cette part de rêve à chaque créateur, ne croyez-vous pas ?

Carole Zalberg est écrivain traductrice et parolière, elle vient de sortir son premier roman au Cherche Midi, " Les mémoires d’un arbre " . Elle a eu la gentillesse de me suivre dans cette aventure un peu folle en écrivant au jour le jour des textes en réaction à mes images. Aucune censure entre nous, je fais les tableaux et elle les textes, aucun des deux n’intervient dans le domaine de l’autre, c’est très stimulant cette correspondance et comme vous le voyez c’est très productif. Nous sommes très complémentaires et différents et c’est ce qui fait je crois la richesse humaine et artistique de Wart-art.org . Carole Zalberg apporte sa sagesse, sa sensibilité extrême et calme le plus souvent mes visions. Cette dualité extrême, à tous les niveaux, donne toute son essence à cet exercice quelquefois périlleux mais unique et diablement enrichissant pour nous. »

TE : Sur votre site, vous expliquez que votre démarche, " un collage par jour contre la guerre ", est née suite aux attentats du 11 septembre que vous avez ressenti comme un profond traumatisme. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

F.V. : « Le 11 septembre a été un déclic, un déclencheur d’énergie créatrice né d’une révolte, d’un ras-le-bol devant l’atrocité d’un attentat innommable mais aussi et surtout d’un ras-le-bol face à la formidable manipulation des médias au sujet des guerres. Je me souviens de la guerre du Golfe vue et caricaturée par la cinquième de Berlusconi et son Guillaume Durand de présentateur. Cela m’a donné encore plus envie de témoigner à ma manière sur le monde, avec mes lunettes à moi. Et ce témoignage, j’ai voulu le faire sur le Net, en direct, plutôt qu’en galerie car nous assistons à la première guerre en live sur ce média et cela renforce à mon humble avis notre esprit critique. Je pense réellement que la terrible " mise en scène " hollywoodienne de ce drame a marqué tous les yeux du monde. Rien ne sera plus pareil après cette date, car notre esprit, notre inconscient collectif a vu cela en direct dans l’œil cathodique.

C’est le rôle des artistes de parler à leur manière de leur époque. C’est ce que nous faisons avec force et passion, Carole Zalberg et moi, sur ce site, en espérant ouvrir les yeux de certains, provoquer la réflexion ou le mépris d’autres mais en tout cas nous voulons provoquer une réaction humaine. Il est évident que l’on n’arrêtera aucune guerre mais on aura au moins eu le mérite de se bouger, de ne pas rester passifs, nous sommes vivants et comptons bien le faire savoir !

L’art c’est le seul moyen que l’on a encore pour lutter contre TOUS les fascismes surtout en ce moment, l’art est véritablement pour moi un magnifique combat politique. »

TE : Vous utilisez la technique du collage. Qu’est-ce qui vous séduit chez elle ?

F.V. : « Je ne suis pas particulièrement séduit par cette technique que je nomme " collage " et qui n’a rien à voir avec ce que Prévert ou d’autres faisaient par exemple. Ce que je réalise sur ce site et ailleurs se rapproche plus de la peinture traditionnelle avec ma touche personnelle. C’est en fait des tableaux d’images qui, je l’espère, ne ressemblent pas à un style déjà connu. J’essaye autant que faire se peut d’innover en la matière. Copier ou plagier d’autres ne m’intéresse nullement. C’est un rapprochement au sein d’un même espace lieu et de temps de formes issues de sources diverses et c’est à moi d’y guider la matière pour arriver à une forme cohérente et parlante, en tout cas qui donnera du sens. Cette manière de travailler s’est imposée à moi au fur et à mesure des années. Désormais " je colle donc je suis ", " je colle comme je respire ". Le collage n’est qu’un moyen en aucun cas une fin, il me permet juste de mettre en forme des idées des sentiments, des formes abstraites ou concrètes pour dire au mieux ce que mon esprit a la fatuité de bien vouloir exprimer sur les choses qui le touchent au plus profond de sa sensibilité. Le collage, c‚est donc moi, c’est le vecteur artistique qui me ressemble le plus, j’ai même inventé ma propre technique. »

TE : Dernière question. Pourquoi un (t) entre parenthèses dans War(t)-Art ?

F.V. : « Car " Wart " en anglais signifie " verrue " et que New York après le drame semblait avoir une verrue honteuse au milieu de la figure et parce que " war art " signifie " art de la guerre ". C’est un donc un très mauvais jeu de mot, mais qui a un véritable sens et qui marque notre identité, notre marque propre sur le web et ailleurs. »

Bolek. Terre d’Escale.

Bolek. Terre d’Escale.