APRES « 99 F » : INTERVIEW exclusive de Jan KOUNEN

APRES « 99 F » : INTERVIEW exclusive de Jan KOUNEN

Le réalisateur a apprécié le premier compte rendu d’avant première
du Mague - il a bien voulu répondre à quelques questions à la suite
de ce succès et avant la sortie de son prochain film : « Panshin Beka
Winoni ».

La comparaison à Kubrick ne me semblait pas procèder d’une sorte de
blasphème (voir premier article du Mague), n’en êtes vous pas l’instigateur ? Après tout vous vous êtes rendu "coupable" d’ avoir
injecté de nombreuses allusions .

Le salutaire "coup en pleine gueule" reçu par le spectateur me
parait le confirmer . Avec le recul, pouvez vous préciser dans quelle
mesure votre travail aurait subi une influence latente ou avouée
de la part de ce réalisateur - et sur quels plans ?

J K : « Mon travail a subi une influence considérable ; mais ce
n’est pas tant sur les plans mais plutôt sur l’esprit -
l’utilisation du film de genre pour élaborer des films atypiques qui
explorent la réalité. »

Actuellement après le passage obligé d’une conscience réfléchie
engendrée par la critique , ne vous sentez vous pas proche de S K
dans « 99F » (sans oublier Doberman), en laissant au vestiaire toute
fausse pudeur ?

J K : « Je ne me sens pas proche de lui, sans fausse pudeur, a
chacun sa route. »

Vous faites un état des lieux de la publicité qui pourrait paraître
outré . Pouvez vous admettre a posteriori un zeste d’exagération...
peut être pédagogique ?

J K : « j’ai fait une satyre donc c’est un condensé du pire. Mais
parfois je n’ai pas pu mettre certaines choses vécues, car elles sont
tellement outrancières qu’elles n’auraient pas été crédibles (si l’on
peut le dire ainsi ?) »

L’indigence de certains de vos personnages semble suinter de
l’organisation, avec une sacralité nécessairement engendrée.
Pourrait on dire ainsi parler d’une Pub crétine née sui generis du capitalisme par une fatalité découlant d’un défaut structurel de ce système , voire de tout système (I comme Icare) ?

J K : « Je pense que la pub qui standardise par le bas est le reflet
de la globalisation culturelle actuelle vers le plus bas
dénominateur commun »

Au delà de ces vices pensez vous à la condamnation de cette activité
récente parasitaire - en cas d’évolution historique et hypothétique
des structures mentales et sociales à l’égard du "tout profit" ?

J K : « Cette activité n’est que le reflet des perversions de notre
système ; si il évolue vers le mieux, ce que je souhaite, alors la
pub fera de même. Elle n’est qu’un média-reflet. »

Cette description mortifère de la société à travers la vision
fictionnelle de votre film traduit elle chez vous un profond
pessimisme ?
En fait votre solution idyllique d’île déserte confine-t-elle
plutôt au conte "merveilleux" d’une chanson de trouvère ? Est elle
l’étendard d’une solution salvatrice ou un amer déni de salut
découlant d’un statut onirique ?

J K : « Elle est un icône rousseauiste dont il faut ce méfier, la
solution est à l’intérieur du système, de la société propre, bien que
pour moi le monde indigène et sa médecine traditionnelle a eu un
effet salvateur sur moi. Mais en aucun cas finalement elle n’est le
cliché occidental que je dépeins dans 99f. Dans le film c’est un
fantasme comme un autre, le monde indien et la pensée indigène est
autre. »

Je reviens sur le rythme du film - très frappant. Le fait que le
spectateur ne puisse pratiquement pas reprendre son souffle me parait
de nature à le rendre positivement vulnérable et ouvert aux
signifiants "balancés" sur lui .

Cette caractéristique naît-elle spontanément de votre maîtrise de
l’art cinématographique comme une nécessaire seconde peau ? Ou au
contraire cette houle " tempétueuse" est elle calibrée et calculée
au montage ?

J K : « Elle est publicitaire, c’est un film mental et nerveux qui
ressemble à notre monde, c’est un choix délibéré afin d’être en
relation avec le sujet traité, séduire, rapidement comme une pub. Mon
dernier film pas encore sorti " Panshin Beka Winoni « (segment de
8) film en noir et blanc lent et contemplatif est en relation avec
son sujet, la vie indigène. »

voila END of the ITW.