Vignale : l’art est un combat politique

Vignale : l'art est un combat politique

Qui êtes vous ?

Je suis, ou en tout cas j’essaye d’être, un artiste polysémique en phase avec mon époque qui brûle sa vie, respire à cent à l’heure sans doute par peur panique de la mort, de la disparition corporelle sans avoir laissé une seule trace. Je suis né en 1973 et ma culture est à la fois constituée des séries, dessins animés et émissions préférés des années 80 à nos jours (je suis téléphage chronique volontaire), des films d’Orson Welles, de Fritz Lang, de Godard et surtout d’Ingmar Bergman et de mes admirations artistiques comme Francis Bacon, Schnabel, Baselitz ou les Surréalistes.

L’Internet est pour moi l’outil idéal pour vivre et travailler sur tout ce que je suis. J’ai une vie terrestre et familiale mais de plus en plus, je me sens bien dans les mondes virtuels sur lesquels je suis connecté plus de quinze heures par jour de manière compulsive et jubilatoire. Je suis à la fois écrivain, photographe, agent artistique, conseiller internet, chroniqueur à la télé (parfois), webmaster, performer pour Alibi-Art et collagiste en mon nom propre et bien d’autres choses encore. Je me suis fait connaître sur le net en mettant "on-line" pour la première fois des gens comme Frédéric Beigbeder, Yann Moix, Frédéric Taddeï, Claire Nebout, Maïwenn le Besco, Jean-François Derec, ou Marc-Edouard Nabe et bien d’autres. Je suis très intéressé par le "People" et le "Name Droping" comme vous pouvez le remarquer, car je pense que les artistes doivent être à l’affut de tout, notamment des phénomènes médiatiques, de la starification et de la real TV. Mélanger le futile, l’inutile, l’underground et ce qu’il y a de plus intellectualisé, tel est mon crédo. Le mélange des genres, c’est ce qu’il y a de plus enrichissant et je me moque que l’on me dise que je me disperse, car pour moi c’est une force que j’entends bien assumer.

D’où venez-vous ?

"D’où je viens ?" est la question qui m’intéresse le moins au monde. Je déteste la région et la ville où je suis né comme Verlaine avant moi (mais c’est notre seul point commun). Je n’ai guère de sens de la famille et j’ai tendance à ne vivre que dans le présent et surtout dans le futur. Seuls les initiatives pour demain me passionnent véritablement, j’ai toujours une dizaine de projets en jachère et c’est ce qui me nourrit. "D’où je viens ?" j’ai vraiment l’impression de n’être né qu’à l’âge de dix sept ans lorsque l’on m’a obligé (Alain Billon, mon professeur d’audio-visuel) à regarder "Citizen kane" dans une salle obscure. Cela a été un choc, une douleur mais cela m’a appris l’esprit critique, la création, le recul, le second degré et la maîtrise absolue d’un art. Ma famille véritable, c’est l’Art, c’est à elle que je veux être fidèle, reconnaissant et digne de confiance et faire plein d’enfants. Je suis le "Remy sans famille" de l’Art. Je viens de cette communauté-là,celle des artistes autoprocalmés avant d’être reconnus, gouvernés par l’enthousiasme et l’énergie positive. Pendant des années j’ai rendu hommage à mes maîtres et désormais c’est mon regard qui gouverne mon travail et guide mes visions plus ou moins heureuses. J’ai compris depuis pas mal de temps qu’outre un travail sur l’égo, la réussite artistique passe en premier lieu par un travail tout cours avec un grand T et beaucoup d’efforts. Donc je bosse d’arrache-pied pour imposer et mettre à la lumière, ma manière originale d’envisager mon époque.

Où allez vous ?

Je vais où ce que je suis au plus profond et ce que je ressens m’entraînent "tragiquement". La production et la réalisation deviennent tous les jours davantage une finalité pour moi. J’ai une belle idée, presque finalisée de long métrage, des projets de documentaires sur le cinéma, plusieurs livres et une émission de télé. Je prépare tout celà d’arrache-pied. J’ai su m’entourer ces dernières années de gens admirables dans tous les sens du terme et une petite équipe de trentenaires qui ont la foi, le talent et l’énergie sont prêt à m’accompagner pour la suite ce dont je les remercie.

Il y a une volonté chez moi de faire ma petite révolution, de renverser la vieille garde et ma mégalomanie, mon sens de la provocation et mon narcissisme semblent être les moteurs adecquats pour ce genres de projets. En ce moment, en attendant la sortie prochaine de mon premier roman, d’un recueil collectif et d’un livre d’art, je travaille sur mon site http://wart-art.fr.fm/ avec l’écrivaine Carole Zalberg et nous faisons un collage et un texte par jour contre la guerre depuis le 11 septembre 2001 avec nos armes blanches à nous, la palette de couleurs pour moi et les mots pour elle. C’est un travail fort, fatiguant, mais nous nous sommes imposés ce rythme pour témoigner au mieux, à chaud sur notre époque qui vit une période trouble. L’art est un combat politique.

Entretien avec Johanna Siéri

Entretien avec Johanna Siéri