La visite d’Enrico Macias en Algérie

La visite d'Enrico Macias en Algérie

Je viens de prendre connaissance d’un texte publié sur le site d’Abdelkader TIGHA relatif à une visite d’ Enrico Macias en Algérie. Je me permets à ce titre de réagir à cet écrit.

Je constate à ce jour l’envie affichée de l’artiste depuis 1962 de retrouver la terre de ses « ancêtres », une envie qui se manifeste dans les médias et par voie officielle puisqu’il ne manque jamais de saisir, à ce titre les hautes autorités des deux pays. Il convient toutefois de préciser qu’il n’existe aucune interdiction de territoire prononcée à l’encontre de M Gaston Ghrenassia et qu’il lui a toujours appartenu la volonté de réaliser « son rêve de retour dans au pays » l’Algérie. Il lui suffit pour cela comme tout citoyen de remplir toutes les formalités nécessaires et de faire le choix entre l’avion et le bateau qui desservent la ville de Constantine. Il pourra ainsi se mêler à l’ambiance de ses compatriotes qui vont et viennent dans leur pays d’origine.

Force est de constater que M.MACIAS ne semble pas se résoudre à opter pour ce genre de voyage. Il préfère se joindre à une délégation officielle en présence du Président Sarkozy qui se rendra prochainement en visite d’affaire en Algérie. Après avoir quitté « le beau pays qui est le sien » par la petite porte, Enrico souhaite y retourner mais cette fois par la grande porte, qui lui permettrait de fouler, non pas le sol de ses aïeux mais le beau tapis rouge que l’on déroule a toutes les grandes personnalités dignes de ce nom.

Chaque algérien est en droit aujourd’hui de se demander pourquoi notre cher Enrico n’est pas rentrer plus tôt à la maison. C’est vrai, après tout, d’autres l’ont fait avant lui, Guy BEDOS , Robert CASTEL…Je crois qu’il faut y voir là, une affaire personnelle pour ne pas dire une certaine animosité qu’éprouve le chanteur à l’égard de l’Algérie et peut être même de son peuple.

Il est vrai que les conditions dans lesquelles Enrico a pris le bateau pour quitter son pays n’étaient pas forcément la période de ses jours heureux. Mais au delà du drame personnel, il faut resituer cette période dans son contexte en l’occurrence une guerre d’indépendance qui s’achève et qui mettra fin à plus de 130 années de colonialisme, un crime abominable pour tout un peuple. La suite nous la connaissons tous, c’est le départ précipité de plus d’un million de « pieds noirs » qui vont rompre avec leur pays et leurs origines.

Aujourd’hui, quarante cinq années après, nombreux sont ceux qui ont fait le voyage de retour au pays, des anonymes mais également des noms connus. Ils sont les bienvenue. Je ne pourrai m’empêcher à ce sujet de citer le remarquable événement de l’orchestre el gusto qui a réuni d’anciens musiciens originaires d’Algérie qui ont pu jouer de nouveau des rythmes de chaabi en compagnie de leurs semblables algériens. La tournée a été un grand moment d’émotion pour tous ces musiciens du troisième âge, et un spectacle inoubliable pour tous ceux qui ont pu assister a leurs concerts.

Je ne me souviens pas avoir entendu M.MACIAS mentionné cet événement .Et pourtant il s’agit sans conteste d’un genre musical qu’il connaît bien, auquel probablement il aurait pu même s’associer.

Aujourd’hui, il convient de saluer tous ceux qui ont fait abstraction du passé pour renouer en toute humilité avec leurs origines. Les Algériens sont sensibles aux justes causes et celle là en est une.

Mais le voyage de M. MACIAS en compagnie du Président SARKOZY n’a rien de comparable. Le premier souhaite régler des comptes personnels en revenant par la voie royale, alors que le second qui refuse d’admettre les crimes odieux du colonialisme, aimerait que la France investisse le marché algérien où les recettes engrangées par les hydrocarbures du pays coulent à flot. L’un comme l’autre sont loin d’ignorer la situation en Algérie et cautionnent de par leur visite officielle la pérennité d’un pouvoir mafieux, responsable des pires crimes contre l’humanité.