MARSEILLE EN V.O

MARSEILLE EN V.O

Nul ne doute ici que ce superbe livre-objet, sous
titré " L’esprit marseillais à travers l’épopée du
groupe QUARTIERS NORD, chansons, tcahtche, histoire(s)
et galéjades" ne remporte un succès mérité à Marseille
 ! Il sera, j’en mets mes alibofis à couper, le best
seller de "la" Noêl marseillaise. Mais il serait
dommage que l’aventure éditoriale de cet O.V.N.I
sympathique se limite aux frontières de la cité
phocéenne.

Pourquoi ? Parce que loin de n’être qu’une
hagiographie du groupe mythique, dont tout Marseillais
de bon aloi connait les paroles de chansons par coeur
(comme un beauf moyen vous récite par tout l’hexagone
son Johnny dans le texte), ce livre nécessaire est un
portrait véritable de la ville qui les a vus naître,
et ce à travers les 30 ans de leur histoire
incomparable : il n’y a guère, je crois, que les
Rolling Stones pour pouvoir dire mieux !

Alors oui, on a tous en nous, des Olive à la Pointe
- Rouge, quelque chose de Quartiers Nord ! Mais pour
ceux qui ne connaissent pas leur chance d’habiter loin
des trottoirs de Marseille, ville si chérissable et
pourtant chaque jour que Gaudin fait moins vivable,
voici en quelques mots l’histoire du groupe qui le
premier a chanté sa différence, par la voix improbable
de quelques fils de prolos excentrés dans ces
quartiers qui ont fait depuis couler beaucoup d’encre
et, hélas ! , écrire plus que de raison quelques
rappeurs pénibles... Je ne parle pas de mes potes
d’IAM, qui seraient d’ailleurs plutôt du Panier.

Pour ceux qui l’ignorent donc, les Q.N se sont
rencontrés au Lycée Victor Hugo et comme ils étaient
déjà jobastres étant jeunes, l’idée leur ai venue
comme à tant d’autres de former un groupe de rock :
oui, mais de Hard Rock et pire qu’en Français, en
Marseillais ! Leur langue maternelle, de la rue et de
tous les jours ! En pleine époque punk et quand tous
les autres boutonneux de leur âge se piquant de jouer
du Hard Rock ne juraient que par l’anglais et se
prenaient très au sérieux...

Ce ne fut jamais le cas
des Q.N et c’est pour ça que pré-délinquant de la
bande dite "des Réformés", je tombais à l’époque sous
le charme de leur musique de sauvage. Il furent mes
idoles avant de devenir mes amis, et je m’en flatte !

Leur carrière, d’aucuns la connaissent et leurs
albums la retracent éloquemment ; quelques titres à
l’avenant : Basilic instinct, 2001 odyssée de
l’Estaque ou encore l’Internationale Massaliote en
disent long ! Leur textes, c’est de la littérature,
mais de celle qui colle au slip, et leur musique a
évolué sans jamais se départir de sa rage originelle
et humaniste. Bravo ! En plus, le niveau est bon, ce
qui ont entendu Loise à la guitare dans d’autres
formations où il excelle à distiller son jeu
progressif, savent de quoi je parle.

30 ans après, ils sont toujours là, après avoir
refusé la carrière parisienne qui leur fut proposée,
avec passage chez Drucker et tout et tout, pour rester
nos bons vieux rebelles à nous ! Ont-ils eu tort,
ont-ils eu raison ? De toute façon c’est trop tard
pour tout recommencer, alors continuez comme ça les
gars et surtout ne changez rien !

Pour ce livre, écrit par Jean-Marc Valladier,
fioupélan en chef, et Médéric Gasquet-Cyrus, que les
auditeurs de Radio France Bleue Provence connaissent
bien pour être un spécialiste de la langue (Voici qui
est excitant !) et l’auteur majeur du "Dictionnaire
Académique du Marseillais" qui a paramétré notre beau
parler et connu un succès surprise de librairie, les
Q.N se sont entourés de la fine fleur des auteurs
marseillais ; et pour n’en citer que quelques uns
histoire de faire des jaloux : Jean Contrucci, Patrick
Bosso, Paul Carpita, Patrick Cauvin, François
Thomazeau, René Frégni, "Dédé" De Rocca, Philippe
Carrese et pas mal d’autres...

Avec eux, c’est l’occasion de revisiter "la"
Marseille contemporaine, sous le prétexte de disserter
en s’amusant autour des textes du groupe, qui parlent
depuis toujours de tout ce qui se passe au pays de
engambis, de tout vous dis-je, et parfois même de
n’importe quoi, convenons-en...
Des archives rarissimes(affiches d’époque,
partitions moisies, photos collector à la nuque longue
et toute une documentation plus sérieuse qui ravira
les ethnologues) et une iconographie moderne et de
qualité - grâce en soit rendue aux nombreux
photographes et dessinateurs qui y font tous montre
d’un talent que l’enthousiasme général semble avoir
rendu contagieux - , finissent de rendre
l’acquisition de MARSEILLE EN V.O indispensable à tous
ceux qui aiment, même de loin, notre pauvre ville,
peuchère ! qu’elle souffre en ce moment, c’est rien de
le dire !...

OK, cet article ne se mouche pas du coude : c’est
pour donner envie ! Ne croyez pas que par devoir
d’amitié, amours mélomanes ou nostalgie camarade, je
fasse preuve ici d’une complaisance exagérée, en usant
des colonnes du Mague à des fins publi-rédactionnelles
éhontées. Il se trouve simplement que ce livre est
très bien et sa lecture m’a rendu content.

En plus, y a un CD à l’intérieur, compil bien
fournie d’un choix de titres régalant : tè, l’occasion
de se faire plaisir plutôt deux fois qu’une, et pour
le même prix !
Allez, boulègue !!

COMMENT FAIRE LOIN DE MARSEILLE ?

www.quartiersnord.com
www.lefioupelan.com
MARSEILLE EN V.O par Médéric Gasquet-Cyrus/Jean-Marc
Valladier
aux éditions Le Fioupélan