Commémoration du 17 octobre 1961 : Lumière sur un « crime d’Etat »

 Commémoration du 17 octobre 1961 : Lumière sur un « crime d'Etat »

Les massacres du 17 octobre 1961 reviennent aujourd’hui sur la scène médiatique en rompant le silence et en brisant les tabous sur de nombreux points d’ombre de ce triste épisode de l’histoire. Il faut savoir que ce jour là, selon les estimations, entre 32 et 325 algériens sont morts sous les coups de la police française, alors dirigée par le préfet de police Maurice Papon, lors d’une manifestation en faveur de « l’Algérie indépendante ». Ainsi, La communauté algérienne fut réprimée dans le sang pour avoir pacifiquement défendu son droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Bravant des lors le couvre feu discriminatoire qui vient de leur être imposé par le préfet Maurice Papon, des dizaines de manifestants ont été jetés dans la Seine, tandis que d’autres sont morts dans des centres de détention dans lesquels ils sont restés enfermés pendant quatre jours.

Nié par les plus hautes autorités de l’époque, le massacre n’a commencé à faire l’objet de recherche qu’à partir du milieu des années 1970 et n’est vraiment devenu largement connu que lorsque Maurice Papon perdit un procès en diffamation contre un historien en 1999.

Voulant manifester contre le couvre feu imposé aux par le tristement célèbre Maurice Papon le 5 octobre de la même année, les dirigeants du FLN décident d’organiser des manifestations pacifistes la nuit, en plein couvre-feu. Tous les Algériens de la région parisienne, femmes et enfants (même en très bas âge), sont alors « vivement invités », quelquefois sous la contrainte tout de même, à venir manifester pacifiquement contre la mesure. Â ce titre, les encadreurs algériens de la manifestation avaient effectivement déployé un dispositif rigoureusement pacifiste, interdisant strictement tout port d’armes par les manifestants.

Quant à la suite, elle fut des plus effroyables. Alors que pas moins de 30.000 manifestants parviennent à se réunir selon le rapport officiel du conseiller d’Etat, D. Mandelkern, établi en janvier 1998, pas moins de 14.000 personnes seront arrêtées puis détenues au palais des Sports, au parc des Expositions et au stade Courbertin, notamment, transformés en centre de détention. C’est là, dans des conditions effroyables, que les Algériens sont parqués, battus et longtemps laissés sans nourriture et sans soin au milieu des excréments qui s’accumulent.

D’après plusieurs sources historiques concordantes, dans la nuit du 17 octobre et dans les jours suivant, près 200 manifestants sont frappés à mort, tués par balles et noyés dans la Seine après y avoir été jetés par des policiers à qui Maurice Papon avait explicitement lancé un ordre au meurtre raciste.

Jusqu’à aujourd’hui, plusieurs historiens affirment que le premier ministre, Michel Debré, a été informé de cette mesure et du massacre perpétré en ces jours d’octobre 1961. C’est dire que la Cinquième République s’est donné dans son ensemble tous les moyens pour organiser une répression sanglante de cette envergure.

Une seule question reste des lors en suspens à la veille du rassemblement prévu demain sur le Pont Saint-Michel : l’Etat français va-t-il un jour privilégier la justice, la vérité, le refus des discriminations mémorielles à la raison et le mensonge d’Etat qui triomphent toujours et encore en faisant complètement fi de la mémoire de toutes ces victimes algériennes ?