Bob Denard le mercenaire est Mort !

Bob Denard le mercenaire est Mort !

Une page de l’histoire se tourne, le plus célèbre des mercenaires a passé l’arme à gauche. C’est la fin de la grande époque des grands héros à la solde des états.

Colonel Bob Denard ou Said Mustapha Mahdjoub (né Gilbert Bourgeaud, le 7 avril 1929 à Bordeaux et mort le 13 octobre 2007, il était atteint de la maladie d’Alzheimer), et était un mercenaire français.

Ce mercenaire était d’ailleurs sûrement le plus influent et le plus connu de tous les mercenaires ayant opéré en Afrique depuis les indépendances des pays de ce continent. Il a affirmé avoir effectué plusieurs de ses opérations avec l’aval de l’état français.

Il était le fils d’un militaire de la coloniale. Résistant a 16 ans, il s’engage ensuite comme volontaire pour l’Indochine en tant que matelot seconde classe en 1944. Il quitte l’armée en 1952 avec le grade de quartier-maître et accepte une place de conducteur d’engins et de mécanicien au Maroc. Il entre ensuite dans la police de ce pays toujours sous protectorat français.

À partir des années 1960, anticommuniste convaincu, il œuvre dans les tumultueux conflits post-coloniaux. Il participe à des opérations militaires impliquant des mercenaires au Zimbabwe, au Yémen, en Iran, au Nigeria, au Bénin, au Gabon (où il est instructeur de la garde présidentielle) , en Angola, au Zaïre et aux Comores, l’un des pays les plus instables de la planète.

De 1960 à 1963, il sera l’un des chefs des « affreux » du Katanga (Zaïre), en soutenant Moïse Tshombé qui vient de déclarer l’indépendance du Katanga le 11 juillet 1960. Il s’est notamment distingué en faisant défiler tous ses officiers qu’ils soient noir ou blanc dans une stricte égalité (jusque là, les blancs passaient en premier). Le 21 janvier c’est la chute de Kolwezi et la défaite des mercenaires, qui se réfugient en Angola avec l’accord du régime portugais. Ils seront rapatriés en France où ils seront accueillis par les gendarmes.

Puis, il part d’août 1963 à la fin 1964 pour le Yémen pour le compte du MI6[3] avec 17 mercenaires, dans la 1re armée royaliste, financée par l’Arabie saoudite, contre les républicains soutenus par les égyptiens de Nasser. Il est chargé d’encadrer les Touaregs. La France donne son accord tacite, non officiel,[4].

Il revient fin 1964 au Congo R D, à la tête du 1er choc qu’il a créé. En prenant des mercenaires issus des Paras et de la Légion, il forme ce petit bataillon avec l’aide d’une poignée de Katangais. Il contribue à la victoire sur les rebelles communiste de Gbenie, Soumialot et Mulele. En intervenant sur un territoire grand comme la moitié de la France, tout en ayant de nombreux morts et blessés, il permettra à la population de réintégrer leur villes et villages. En 1967, arriva la tragédie des mercenaires pris au piège de Mobutu.

Denard intervient de nouveau pour le MI6[3] en Angola en 1975 avec l’UNITA de Jonas Savimbi.

À la demande de la France, le lieutenant-colonel Denard intervient une première fois dans la République fédérale islamique des Comores qui venait, unilatéralement, de proclamer son indépendance depuis le 5 septembre 1975. Il arrête le président Ahmed Abdallah qui venait de proclamer l’indépendance, et le remplace par Ali Soilih.

Il rate un coup d’État au Bénin en 1977 et est pressenti[3] en 1977 pour déstabiliser le régime de James Mancham aux Seychelles. En 1978, il revient dans la RFI des Comores avec 43 hommes pour mettre fin au régime sanguinaire de Soilihi. Il remplace Ahmed Abdallah au pouvoir. Ali Soilihi meurt dans d’étranges circonstances le 29 mai 1978.

Bob Denard s’occupe dès lors d’organiser une garde présidentielle forte de 600 Comoriens encadrés par une poignée d’officiers européens qui entrent en concurrence avec les forces armées comoriennes. Il se marie sur place, se convertit à l’islam sous le nom de Saïd Mustapha Mahdjoub, s’occupe de développement (construction de routes, ferme de 600ha à Sangali, etc.). Son autorité est alors incontestée. La RFI des Comores devient le centre d’un trafic qui permet à l’Afrique du Sud, sous embargo international, de se fournir en armes. La RFI des Comores sert également de base logistique pour ses opérations militaires contre les pays africains qui lui sont hostiles : le Mozambique et l’Angola.

En 1989, Abdallah signe un décret donnant l’ordre à la Garde présidentielle, dirigée par Bob Denard, de désarmer les forces armées pour cause de coup d’État probable, toujours selon Denard. Quelques instants après la signature du décret un officier des forces armées serait entré dans le bureau du président Abdallah et l’aurait alors abattu blessant également Bob Denard lorsqu’arriva un officier "européen" de la GP qui tua à son tour l’assassin du président. Mohamed Taki Abdulkarim, favorable à la France, devient président. Bob Denard est évacué quelques jours plus tard par les parachutistes français vers l’Afrique du Sud.

Dans la nuit du 27 au 28 septembre 1995, Denard renverse Said Mohamed Djohar avec une trentaine d’hommes débarqués de Zodiacs sur les côtes comoriennes. Une fois la mission terminée, Denard et son équipe sont rapatriés vers la métropole par les services secrets français.

Soutenu par Paris, Mohamed Taki Abdulkarim succède à Djohar à la présidence comorienne. Bob Denard est dans le Médoc en attendant son procès pour assassinat à l’encontre de Ahmed Abdallah. Son lieutenant, Dominique Malacrino, est aussi inculpé. Quelques jours avant le procès, la famille d’Abdallah se rétracte et fait savoir qu’elle ne désire plus ce procès qui aboutit à un non lieu faute de preuve. Mohamed Taki fait savoir qu’il refuse que Bob Denard rentre au pays. Le 6 novembre 1998, il meurt dans d’étranges circonstances. La famille crie à l’empoisonnement et demande une autopsie. Rapidement, l’affaire est étouffée et l’autopsie oubliée. Mohamed Taki est officiellement mort de mort naturelle.

En 2001, Guido Papalia, procureur de la ville de Vérone, au Nord-Est de l’Italie, le poursuit pour avoir tenté de recruter des mercenaires dans les milieux de l’extrême droite italienne afin de renverser le colonel Azali Assoumani qui s’oppose aussi à son retour. Le rappeur français d’origine comorienne Rohff lui a « dédicacé » un titre dans son premier album solo intitulé « Le Code De L’Honneur », sorti en 1999. Avec son titre, « Manimal », il dénonce les magouilles de Denard, soutenu, puis protégé par la France…

Un autre rappeur proche de Rohff, Kery James, a également « dédicacé » un titre à Bob Denard sur le titre « Hardcore 2005 », présent sur son second album sorti en 2005.

Bob Denard sera jugé à partir du 21 février 2006. Un avocat, maître Elie Hatem, lui a été commis d’office. Libéré en 1996, il avait alors annoncé sa retraite, et même son retour dans son Médoc natal. À l’époque, il rêvait de construire, sur le terrain familial de la commune de Grayan-et-l’Hôpital, un musée de la Décolonisation. Avec bien sûr quelques souvenirs personnels… Le terrain a depuis longtemps été vendu. Car, s’il a pu gagner beaucoup d’argent, Bob Denard en aurait aussi pas mal perdu ces dernières années. Il a d’abord fallu payer la note des avocats, mobilisés pour les deux précédents procès, et lors de cette dernière instruction, qui a duré dix ans. Et puis de mauvaises affaires, comme l’achat d’un garage Citroën à Lesparre dans les années 1980, auraient aussi entamé le trésor de guerre. Son nouvel avocat affirme même que les problèmes d’argent du vieux « corsaire de la République », comme il s’est autoproclamé, pourraient compromettre sa stratégie de défense : « J’ai été commis d’office dans ce dossier, et M. Denard bénéficie de l’aide juridictionnelle », confie Elie Hatem, qui ne cache pas une réelle proximité avec l’ancien mercenaire.

« J’aurais voulu faire citer plus de témoins à la barre, comme par exemple Alain Juppé, qui était Premier ministre au moment du coup d’État de 1995. Mais l’autorisation que j’ai sollicitée pour couvrir des frais d’huissiers est intervenue trop tard. » Son trésor de guerre s’est peu à peu amenuisé et actuellement Bob Denard ne "vit" que sur 250 euros par mois : retraite due à ses états de service pendant la guerre d’Indochine. Il pourrait ne pas assister à son procès, souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Source : Wikipedia