Exclusif : Noir désir répond à Jean-Marie Messier

Exclusif : Noir désir répond à Jean-Marie Messier

Bravo, cher camarade Jean-Marie ! Cette envolée lyrique dont tu nous a gratifié est encore la démonstration de ta lacheté et de ta médiocrité. Bertrand, lui, a osé t’attaquer lorsque tu étais intouchable, en haut de ta tour (Bouygues,...ou que sais-je). Toi, petit morveux frustré crapuleux, tu sors de ton anonymat lorsque Bertrand est à terre...tel un vautour, un bousier !...chose que tu as été tout au long de ta minable vie et que tu seras encore pendant ta permanence sur notre malheureuse terre ! Si le geste de Bertrand est inexcusable, ignoble et j’en passe, le tien est gratuit et d’une incommensurable médiocrité...tu représentes bien le monde que tu veux nous offrir...pardon, nous imposer...le capitalisme dans toute sa splendeur en bref ! En conclusion, comme l’a si bien dit Bertrand, ON EST DECIDEMENT PAS DU MEME MONDE ! ! !

Monsieur Messier, nous vous prions de prendre acte une fois pour toutes de notre réponse ; elle sera exhaustive et n’appellera, comme vous le verrez, aucun retour. Avant toute chose, nous voudrions vous faire part de ce que c’est un étrange sentiment pour nous que de nous retrouver à vous écrire encore, à peine plus d’un an et demi après notre première fois, dans un contexte tellement différent ; c’est même un véritable vertige qui nous prend lorsque nous contemplons notre gloire supposée d’hier depuis notre malheur véritable d’aujourd’hui. Pourtant, soyez toujours assuré que, si dissemblable que puisse être la société actuelle de celle d’hier, elle conserve toujours l’intolérable que nous réprouvions en elle, et pour cette raison, il faudra bien que chacun s’y fasse, nous ne cesserons pas de participer autant que faire se peut à la destruction de celui-ci. Ceci dit pour décevoir tous ceux qui se réjouiraient secrètement de nous voir renier notre juste combat politique

Ainsi donc, Jean-Marie, si l’on peut en croire l’article signé de ton nom (nous te tutoierons ou te vouvoierons comme bon nous semble), tu considères aujourd’hui que la roue a tourné, avec nous en bas, et toi en haut pour peser de tout ton poids. Mais tu sais bien que les choses sont plus compliquées que cela. D’abord, nous ne t’avons pas « jeté en pâture » ce soir-là, mais avons simplement fait une claire et légitime mise au point concernant un problème précis, à la lumière de nos convictions politiques longuement mûries. Que notre intervention ait fait événement, cela n’était la traduction de rien d’autre que de ce que, par notre art et notre intégrité (mais l’un et l’autre sont-ils bien séparables ?) nous avions inquiété ceux qui squattaient - et squattent encore - sans vergogne les médias de masse parce que nous risquions de révéler aux yeux de tous, par le contraste qu’ils formaient alors avec nous, leur médiocrité. Cela, ils ne nous le pardonneront pas. Ce n’est pas pour rien si, de tous ceux qui connurent Marie, ce sont ceux qui oeuvrent dans le mauvais goût commercial - que se soit dans le cinéma, la chanson et/ou la télévision - qui ont le plus fait sentir leur haine envers Bertrand. Mais tout cela, tu ne le sais que trop bien. Ensuite, s’il est vrai que la roue a tourné, il est non moins vrai que tu t’y trouves du même côté que nous, ce dont nous ne nous réjouissons nullement, ne serait-ce que parce que nous n’ignorons pas que, parmi ceux qui ont osé et ont pu s’engager dans le monde impitoyable des affaires, « tu n’étais pas le plus mauvais ».

Toutefois, ne vas pas croire, Jean-Marie, que nous désirons te réhabiliter ; tu n’en as d’ailleurs pas besoin puisque la réputation qui t’intéresse n’est nullement celle que nous sommes censés, aux dires de certains, avoir abîmé. Nous voulons simplement être justes. Si nous sommes aujourd’hui si calmes, c’est que nous sentons bien que la lettre ordurière adressée à Bertrand et qui porte ton nom ne peut pas être de toi ; car de toi, qui fût un étudiant brillant, nous savons que tu écris mieux que cela et que tu n’as pas la vengeance si vulgaire.
Qui donc alors a écrit ce pastiche ? Quelqu’un qui te déteste tout autant que nous lui sommes indifférent ; c’est en tout cas ce que dores et déjà il ne peut nier, puisque quoi qu’il en dise, te haïr et se servir de nous est bien ce qu’il fait dans cette lettre. Est-ce là un indice suffisant ? Certes non, mais il permet de préciser la recherche puisque le plus souvent, c’est en même temps qu’on nous aime bien et qu’on te hait, et réciproquement. Autre indice : l’usage de l’insulte « gauche caviar » en guise de seule pensée critique ; celle-ci ne peut que provenir soi de la droite ou l’extrême droite, soit d’une certaine soi-disant extrême gauche (donc, dans un cas comme dans l’autre, de gens qui favorisent l’accès de la droite au pouvoir). J’ajoute que pointer une fois de plus le prétendu paradoxe de notre situation d’artistes bénéficiaires dénonçant le libéralisme est proprement puéril : nous nous sommes maintes fois expliqués sur le sujet, et d’incontestable manière. Mais il faut que nous recommencions une dernière fois, puisque le pasticheur n’a pas compris. Nous existons tous, de fait, dans une société libérale, et par cette même société. Des tentatives furent faites pour accéder à des alternatives, mais toutes ont échoué. C’est que le libéralisme n’est pas une option parmi d’autres : caractérisant les relations humaines en tant qu’elles sont motivées par l’intérêt de chacun, il en est l’état de nature. Cela signifie qu’il n’y a d’alternative possible à cette société qu’en la faisant se dépasser elle même, toute autre voie aboutissant par principe à la tyrannie. A cet auto-dépassement, il y a deux façons de se disposer : soit on attend qu’il s’accomplisse de lui-même, et cela durera toujours, soit on se décide d’aider, chacun selon ses possibilités, à sa réalisation. Et c’est exactement ce que nous faisons : exiger que nous ne critiquions le libéralisme que dans la mesure où nous en sortons complètement est parfaitement hypocrite puisque, condition de possibilité de toute vie encore à ce jour, le libéralisme est ce qui seul nous permet de le combattre

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