Belles découvertes dans "Des mots de minuit"

Belles découvertes dans "Des mots de minuit"

Je parie que vous n’avez pas vu l’émission culturelle du 4 octobre diffusée aux alentours d’une heure du matin sur France 2 et présentée par Philippe Lefait (un journaliste accompli comme disait Bruno Masure !), et vous avez eu tort !
Vous avez des excuses pourtant car "Les mots de minuit" sont relégués à une heure indûe.
Il est absolument honteux que ce talk show soit visible aussitôt tôt le matin, car sa programmation y est assez exceptionnelle. Explication.

Le ou les live musicaux de "Des mots de minuit" sont toujours de très haute tenue. Il s’agit, le plus souvent, d’artistes très talentueux qu’on voit peu ou pas à la télé à une heure de grande vision mais qui le mériteraient grandement.

Pour la première émission de la saison, Philippe Lefait recevait Philippe Rahmy, Gilles Leroy, Jeanne Labrune, Diane Meur, Minh Tran Huy et Malik Belili.

L’émission a commencé un peu mollement (les grans moments se font toujours attendre en Art...) puis il y a eu le live d’une jeune fille blonde aux yeux verts âgée de 22 ans qui présentait son album "White T-shirt", un beau moment intimiste, original avec une chanteuse qui donne envie qu’on la découvre davantage, et aussi l’accompagnement de bons musiciens lors de cette session scénique.

Philippe Lefait donna ensuite la parole à une très belle jeune femme de 37 ans, Diane Meur. Lumineuse, intelligente, touchante, cette écrivaine et traductrice a parlé de son livre avec beaucoup de passion, de tendresse, de simplicité, de modestie et de talent. Une belle interview qu’on a vraiment envie de prolonger en découvrant son travail livresque.
C’est à cela que doit servir une émission culturelle, à mettre en lumière des artistes qu’on retrouvera après au sein de leurs oeuvres. L’émission culturelle est un passeur artistique.

Puis la discussion a continué avec l’entretien très fort, émouvant avec Philippe Rahmy. Un poète, un écrivain, un vidéaste qui souffre de la maladie des os de verre et qui était présent sur la plateau en fauteuil roulant.

J’avoue qu’au départ je n’avais pu aperçu le fauteuil, tant ce type avec une barbichette, une oeil brillant et un chapeau sur la tête ne se pose pas en victime, en handicapé mais en homme qui souffre dans sa chair et nourrit son travail artistique de cette souffrance.

Philippe Rahmy crevait l’écran. On avait envie de poursuivre avec lui le dialogue à un café, de le faire parler sur son destin intime, qu’il nous parle encore avec autant d’intensité et de force de son parcours unique, de son expérience littéraire, de sa manière de se battre contre ce mur de verre qu’il voit entre lui et le monde.

Rarement j’ai senti chez un homme une telle inventivité créatrice, une telle fantasmagorie. Chacune des anecdotes qu’il a raconté avec une belle maîtrise, une force tranquille et une grande serennité, ce matin-là, m’ont captivé au plus haut point.

Il faut arrêter de parler des acteurs à la mode à la télé, de donner la parole aux squatteurs professionnels des média invités par copinage ou sur fond de polémique, et enfin mettre en avant des Diane Meur, des Philippe Rahmy, il en va de notre survie culturelle !!!


Diane Meur, les vivant et les morts (2007)

Philippe Rahmy, Mouvement par la fin : Portrait de la douleur